Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau et ministre des Transports par intérim était hier, l’invité du forum du quotidien Liberté.
Il a évoqué dans son intervention plusieurs dossiers dont celui du niveau d’eau atteint dans les barrages, les réalisations d’infrastructures, les résultats de la gestion déléguée confiée au partenaire français, la Lyonnaise des Eaux, et d’autres projets échus aux Allemands.
A la question d’un confrère au sujet de la disponibilité de l’eau, le ministre a répondu : «En Algérie, nous avons un problème dans la distribution.» Sur un autre chapitre, le premier responsable du secteur des ressources en eau a tenu à mettre un terme aux spéculations sur une éventuelle augmentation de la tarification de l’eau. «La subvention des tarifs de l’eau par l’Etat sera maintenue.»
Pour lui, «c’est la politique prônée par le gouvernement en la matière». «Nous avons toujours été obnubilés par la disponibilité des ressources, jusqu’à évoquer, au niveau du gouvernement, l’éventualité d’en importer.»
Grâce aux efforts de développement engagés par son département, «l’on peut atteindre les 9,5 milliards de m3 annuellement en termes de disponibilité en matière de ressource en eau». Il dira également qu’«au début des années 2000, un manque criant d’eau a été enregistré, à telle enseigne que le gouvernement avait songé à deux reprises à recourir à l’importation de cette ressource par bateau. Maintenant cette crainte relève du passé ». Il se réjouit d’ailleurs du fait qu’au jour d’aujourd’hui, 95% de la population algérienne est reliée à des réseaux de distribution d’eau potable (AEP).
Le secteur de l’eau a été doté d’une enveloppe financière de pas moins de 870 milliards de DA pour la période 2010-2014, soit 1 300 opérations inscrites. Sur ce montant, 421 projets ont déjà été achevés alors que 503 viennent d’être lancés».
Le chiffre le plus rassurant reste le taux de remplissage des barrages qui a atteint, selon l’intervenant, «81,35 % en juin 2012, ce qui est de nature à conforter la disponibilité des ressources hydriques, bien que sur le plan des normes, avec 600 m3/an et par habitant, on est encore loin du seuil des 1 000 m3 de rareté préconisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). On peut donc considérer, et le ministre ne s’en cache pas, que l’Algérie est «un pays où l’eau est rare», c’est-à-dire que les cycles de sècheresse sont «une constante dont il faut tenir compte».
Les choses se sont «beaucoup améliorées puisque de 4 milliards de m3, on en est aujourd’hui à 7,5 milliards» et l’on compte même arriver bientôt à «9,5 milliards de m3». Selon M. Sellal, «le pays disposera d’ici à la fin de l’exercice 2014 de 85 barrages. Sur la question des difficultés rencontrées dans la distribution, à l’image de la wilaya de Tipasa, le ministre met en relief le récurrent problème de coupures d’électricité mais aussi la «forte demande» tout en espérant que «les investissements prévus dans le secteur de l’énergie, «permettront d’en atténuer la récurrence».
L’orateur a également parlé de plusieurs projets qui vont permettre d’assurer une régularité de la distribution «avec l’apport des 13 projets d’unités de dessalement de l’eau de mer dont 80% sont déjà réceptionnés et opérationnels».
Le plus grand projet attendu, en la matière, après celui de In Salah – Tamanrasset, reste incontestablement celui du transfert de l’albien nord El-Goléa – Messaâd, dans la wilaya de Djelfa, «qui drainera 600 millions de m3 d’eau vers les populations de Djelfa, Boussaâda, M’sila, Tiaret. Le lancement du premier lot, celui de Djelfa «est prévu pour le premier trimestre 2013. Déjà avec ce qui existe, l’Algérie arrive à un ratio de 165 litres par habitant».
Eau minérale : les raisons d’une pénurie
Une quinzaine d’agréments seront octroyés prochainement à de nouveaux producteurs d’eau minérale qui s’ajouteront ainsi au 38 qui sont déjà opérationnels à travers le pays». Le ministre a également ajouté qu’«une vingtaine d’investisseurs ont introduit des demandes d’agrément, sans donner toutefois les raisons du rejet de certaines d’entre elles. Abdelmalek Sellal précisera, en ce sens, que ces nouveaux agréments seront attribués au terme de la réunion d’une commission ministérielle qu’il préside lui-même et qui se tiendra au courant de la deuxième quinzaine de septembre. Le ministre mettra l’accent sur le fait que l’eau minérale commercialisée en Algérie est conforme aux normes exigées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et a également tenu à informer que le département ministériel qu’il dirige «a déjà octroyé 45 agréments en la matière», et que «7 bénéficiaires n’ont pas accédé à la phase opérationnelle. L’intervenant déplore que le fait que ce nombre élevé d’agréments attribués n’ait pas eu d’impact en termes de baisse des prix sur la bouteille d’eau minérale».
Il a également expliqué les raisons de la pénurie enregistrée depuis le début du ramadan en particulier et plus précisément au niveau de la capitale et certaines grandes villes du pays, où une augmentation de 5,00 DA et parfois plus sur la bouteille d’eau minérale a été «décrétée» par les revendeurs, «alors que celle-ci était disponible en quantité suffisante». Selon le ministre, «cette pénurie est due à la hausse de la demande durant le mois de ramadan qui a coïncidé avec une période caniculaire exceptionnelle et le départ en congé de beaucoup de travailleurs de ce secteur».
Traitement et collecte des eaux usées :
Un cas d’urgence
A une question d’InfoSoir au sujet des stations d’épuration, de la maîtrise des fuites d’eau, de traitement et de collecte des eaux usées, donnant en exemple la situation du quartier de Cap Caxine dans la commune de Hammamet, le ministre a saisi l’occasion pour parler de la maîtrise des fuites d’eau qui étaient de 25 à 30 % et où le partenaire français a beaucoup apporté de son expertise. Ainsi, à Alger, «ce chiffre n’est que de 18 % aujourd’hui». En matière de stations de relevage des eaux usées et le cas de Cap Caxine, le ministre a répondu qu’au niveau de la capitale «le collecteur souterrain de Bab El-Oued acheminé à la station d’épuration de Baraki, a permis de diminuer les rejets en mer et d’augmenter ainsi le nombre des plages ouvertes à la baignade».
S’agissant de la gestion déléguée, le ministre a estimé que «celle-ci a été satisfaisante particulièrement à Alger et Oran». En revanche, au niveau de la région de Constantine, «l’entreprise allemande chargée de la gestion a été défaillante. Ce qui a induit la résiliation du contrat et le management a été confié à un encadrement national dont nous sommes fiers».
Pour sa part, le Président-Directeur Général de la Seaal, Jean-Marc Jahn, présent à ce forum, dit que «de grands efforts ont été déployés dans la capitale avec un taux de 60 % aujourd’hui, au lieu de 6 % en 2006, date de la signature du contrat de gestion déléguée avec la Lyonnaise des Eaux. Un chiffre qui devra atteindre les 100 % en 2020, dit-il, plaçant, du coup, Alger au niveau des grandes métropoles. Il est utile de souligner, à ce titre, que «les rejets en mer des eaux usées ne se font plus, ce qui a permis d’ouvrir plusieurs plages à la baignade cette saison». Il ne peut répondre concrètement à la situation du quartier de Cap Caxine, mais prend note de ce problème sur son calepin. Pour plus de précisions, le P-DG de la Seaal a fixé en fin de séance un rendez-vous avec notre journaliste pour étudier ce cas qui, depuis plusieurs années, rend la vie infernale aux habitants de ce quartier dépourvu d’un réseau d’assainissement.
Transports
«L’aéroport d’Alger nécessite des travaux d’extension»
Abdelmalek Sellal, ministère des Transports intérimaire, a révélé en connaissance de cause, puisque ayant déjà dans un passé récent assumé la responsabilité de ce secteur, que «l’aéroport d’Alger fera l’objet dans les années à venir d’une opération d’extension. «Nous sommes persuadés au sein du gouvernement qu’au rythme actuel, cette infrastructure sera saturée en 2018. Il est donc nécessaire de procéder à des travaux d’extension», a-t-il indiqué. L’autre importante information communiquée par le ministre au parterre de journalistes, concerne la compagnie Tassili Airlines qui, «dans un proche avenir, ne se limitera pas uniquement au transport du personnel de Sonatrach. Cette compagnie se chargera de transporter des civils et d’assurer ainsi des dessertes vers les villes du sud du pays telles que Ghardaïa, Adrar et Bordj Badji-Mokhtar». Dans son élan, le ministre ne manquera pas de louer les efforts engagés par la compagnie nationale Air Algérie. Il dira aussi que «le département des Transports a été récemment rendu destinataire d’un rapport transmis par l’Union européenne (UE) dans lequel il est clairement indiqué qu’Air Algérie est une compagnie qui répond aux normes internationales ». Abdelmalek Sellal évoquera aussi le projet du métro d’Alger au sujet duquel il dira que des études de faisabilité sont engagées pour la réalisation de nouvelles liaisons devant relier El-Harrach à Bab Ezzouar, Ain Naâdja à Boufarik et la place des Martyrs à Chevalley en passant par Bab el-Oued. Pour ce qui est du tramway, les études concernant la réalisation de la liaison Bir Mourad Rais – Chéraga seront lancées à la fin de cette année.
R. K