E-paiement: Les Algériens entre réticence et déception

E-paiement: Les Algériens entre réticence et déception

Lancé depuis quelques années, le e-paiement ne semble pas attirer les Algériens. Nombre d’entre eux n’adhèrent pas à ce nouveau mode de paiement et préfèrent recourir aux opérations au guichet. Ils estiment que celles-ci sont plus simples et plus efficaces.

Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Tant attendu en Algérie, le e-paiement introduit depuis quelques années, n’a finalement pas suscité l’engouement espéré. Les opérations de paiement des factures de téléphones mobile et fixe, de la connexion internet, d’eau, d’électricité et de gaz continuent à se faire à l’ancienne. Nombre d’Algériens préfèrent encore recourir aux guichets. Si certains évitent ce nouveau mode de paiement par non-maîtrise des nouvelles technologies, d’autres disent le fuir en raison des démarches et de la «paperasse » qu’impose l’accès à ce service sur internet qui pourtant, a fait ses preuves à l’étranger. Cadre à la retraite, Sadek a été justement freiné par la démarche à entreprendre auprès de sa banque. Il préfère ainsi payer ses différentes factures au guichet. «C’est plus rapide et moins compliqué», dit-il. Toujours aussi fidèle aux vieilles méthodes classiques, Mohamed, fonctionnaire, lui aussi effectue le paiement de ses factures à l’ancienne. «Je n’ai jamais pensé à franchir le pas. Je ne sais pas pourquoi. Est-ce par routine ou bien par manque de confiance en ce nouveau système », explique-t-il. D’ailleurs, poursuit-il, «je n’ai jamais utilisé de DAB (distributeur automatique de billets) alors que je possède une carte de paiement interbancaire». Contrairement à ceux qui ont boudé ce mode de paiement sans avoir à le tester, Réda, lui, en a fait l’expérience et n’en voit pas l’utilité, du moins pour le moment. «Ça ne me dérange pas de continuer à payer mes factures au guichet», dira cet enseignant. Les expériences se suivent mais ne se ressemblent pas. Les utilisateurs du e-paiement évoquent souvent des bugs. «Les bugs sur les sites concernés sont très fréquents et on vous demande à chaque fois de contacter votre banque», précise Ahmed. Pour ce journaliste, c’est purement une «bureaucratie électronique». Il cite ainsi une expérience qui date de quelques jours. «J’ai reçu un mail d’une compagnie d’assurances qui proposait des promotions sur ses offres et j’ai voulu me souscrire à une assurance voyage. J’ai passé près de vingt minutes à remplir le formulaire et au moment de la valider le paiement, il affichait que le mot de passe était erroné et qu’il fallait prendre attache avec ma banque !», raconte-t-il, dépité.

Connexion défaillante des terminaux 

Les factures des charges domestiques (eau, électricité, gaz, téléphone…) ne sont pas les seules concernées par le paiement électronique. Depuis quelques années, certaines grandes surfaces et quelques sociétés à caractère commercial telle que Naftal proposent le e-paiement. Grâce à des terminaux de paiement électronique, ces consommations sont réglées par carte bancaire. Une «révolution» qui a pourtant vite déchanté nombre de clients. Les utilisateurs se plaignent souvent de la défaillance des terminaux. Toujours aussi déçu, Ahmed raconte sa mésaventure avec ce mode de paiement. «Il y a deux ans, j’ai perdu un quart d’heure dans une grande surface, à essayer de payer avec ma carte bancaire. A cause du mauvais réseau, j’ai dû régler mes courses en liquide», se souvient-il. Si certains se plaignent de la défaillance fréquente des terminaux de paiement électronique, d’autres déplorent que ce mode de paiement soit réduit à quelques commerces. «Les commerces ne jouent pas le jeu pour encourager les gens à payer par carte bancaire. Ils sont combien à utiliser les terminaux de paiement électronique ? », s’interroge Djazia. Selon elle, même les banques ne s’impliquent pas beaucoup. «Pour avoir cette carte, il faut la demander et attendre son établissement », fait-elle remarquer. Djazia pointe du doigt le manque de communication d’autant que l’Algérien n’a pas la culture du paiement électronique. Pourtant ajoute-t-elle, «ce mode de paiement nous évite de porter de l’argent liquide». Elle estime que cette opération n’est pas démocratisée puisque «tout ce qui est autour du e-paiement ne suit pas». Selon elle, il fallait commencer par le paiement des tickets de voyage dans les transports publics notamment le métro, le tram, l’Etusa et le train. La récente intégration du e-paiement dans les offres commerciales d’Air Algérie semble être une bonne avancée pour ce mode de paiement dans notre pays. Seulement face à la réticence des Algériens, ce nouveau système a devant lui un long chemin à parcourir.

Ry. N.