E-commerce : l’État veut mettre de l’ordre dans un « marché chaotique »

E-commerce : l’État veut mettre de l’ordre dans un « marché chaotique »
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Le gouvernement s’oriente vers l’encadrement de l’activité du commerce électronique, visant à la transformer d’un marché virtuel non réglementé en un levier économique structuré et sécurisé.

Cette démarche intervient dans un contexte de croissance exponentielle des transactions en ligne, dont la valeur en Algérie a atteint environ 1,9 milliard de dollars en 2023, selon les estimations de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Ce chiffre devrait être dépassé, avec un enregistrement de plus de 42 millions de colis par an.

S’exprimant lors du premier Forum national sur l’emploi, ce mercredi, la Ministre du Commerce Intérieur et de la Régulation du Marché, Amel Abdellatif, a souligné que ce secteur est devenu « l’un des secteurs les plus porteurs d’opportunités, » nécessitant une structuration urgente.

E-Commerce : Vers une nouvelle législation pour la protection du consommateur

Le Ministère a annoncé l’élaboration d’une nouvelle législation spécifique au commerce électronique. Ce texte vise à fournir un cadre juridique clair pour réglementer l’activité, protéger le consommateur, et encourager l’intégration des jeunes dans l’économie numérique par des méthodes modernes.

Cette initiative s’inscrit dans une vision plus large de la numérisation de l’économie nationale, reposant sur trois piliers fondamentaux :

  • La modernisation du cadre juridique.
  • Le renforcement de la culture du paiement électronique.
  • L’accélération de la transformation des services administratifs du Ministère en plateformes électroniques.

Afin d’accompagner cette mutation et d’assurer une régulation « professionnelle et sécurisée, » Abdellatif a révélé que le nouveau texte législatif a pour objectif d’éviter l’émergence d’un « marché virtuel chaotique. »

Il entend établir un « cadre clair pour le développement de cette activité et ouvrir de nouvelles perspectives pour l’intégration des jeunes dans l’économie numérique de manière moderne et efficace. »

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Elle a ajouté : « Nous cherchons à transformer la dynamique actuelle – qui reste en grande partie non réglementée – en une véritable chaîne économique, contribuant à la production de valeur ajoutée pour l’économie nationale et à des emplois durables. »

Cette orientation s’inscrit dans la stratégie gouvernementale globale de régulation du marché national, basée sur une numérisation ancrée dans la confiance, la connaissance et la transparence.

Ces efforts ne sont pas nouveaux ; Abdellatif avait déjà défini leurs axes opérationnels lors de la quatrième édition du Salon du Commerce Électronique (ECSEL EXPO) en octobre dernier.

Cette politique repose sur trois axes principaux :

  • La mise à jour du cadre juridique pour qu’il s’adapte aux changements numériques.
  • La sensibilisation des commerçants aux moyens de paiement électronique, en partenariat avec les institutions bancaires pour renforcer l’inclusion financière numérique.
  • L’accélération de la numérisation des services administratifs du Ministère lui-même, et la simplification des procédures d’enregistrement d’activités et d’obtention du Registre du Commerce via des plateformes électroniques.

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Le projet réglementaire en cours vise à fournir une « base légale solide pour asseoir la transparence, lutter structurellement contre la spéculation, et intégrer les activités informelles dans le circuit économique organisé. »

Lors du Forum, Abdellatif a passé en revue la vaste dynamique opérationnelle que connaît le secteur du commerce intérieur. Elle a indiqué que les nouveaux espaces commerciaux, les chaînes de distribution, le commerce électronique et les foires sont devenus une « véritable locomotive pour la création d’emplois directs et indirects. »

Forte dynamique entrepreneuriale : plus de 290 000 nouveaux Registres du Commerce depuis 2020

Les statistiques ont mis en évidence une forte augmentation du nombre de Registres du Commerce entre fin 2020 et décembre 2025. Cette dynamique est perceptible dans le secteur du commerce intérieur en général :

  • Personnes physiques : Le nombre de registres a augmenté de plus de 230 000 nouveaux registres, portant le total à 2 146 150 registres, dont 606 824 entreprises gérées par des jeunes âgés de 18 à 38 ans.
  • Personnes morales : Le nombre de registres a augmenté de plus de 60 000 entreprises, atteignant 274 094 entreprises, dont 79 480 entreprises gérées par la même catégorie de jeunes.

Outre le commerce électronique, de nouvelles perspectives ont été ouvertes aux jeunes dans des domaines prometteurs tels que l’économie circulaire (incluant la collecte et le recyclage des déchets), ainsi que par le biais des plateformes d’exposition fournies par la Société Nationale des Foires et Expositions (SAFEX), qui a organisé 47 foires cette année, dont 40 internationales.

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La Ministre a également annoncé un plan de réhabilitation de plus de 200 marchés traditionnels à travers les wilayas du pays, en collaboration avec les ministères de l’Intérieur et des Transports. Ceci vise à organiser l’espace commercial et à intégrer les jeunes dans l’activité économique formelle.

Elle a affirmé que ces efforts s’inscrivent dans l’orientation stratégique du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à soutenir l’économie productive et à créer des opportunités d’emploi durables pour les jeunes.