De telles violences sont principalement notées en milieu urbain, puisque les villes d’Oran et d’Alger sont classées sur les deux premières marches du podium, devant d’autres villes comme Tiaret, Mascara, Annaba…
Le nombre d’agressions contre les femmes en Algérie interpelle les autorités compétentes à prendre en charge ce volet indéniablement sensible pour la protection des victimes et la sensibilisation des citoyens contre une telle barbarie.
Ainsi, selon Mme Zmirli, psychologue au sein de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), lors de son dernier passage à Tiaret, pas moins de 7 500 victimes, dont l’âge varie entre 18 et 75 ans, ont été enregistrées par les seuls services de la police durant les dix premiers mois de l’année en cours.
Parmi ces dernières, notre interlocutrice fait état de 4 183 femmes mariées, 2 033 célibataires, 494 veuves et 790 divorcées. En substance, cette dernière n’a pas omis de mettre en relief les conséquences notées sur les enfants dont 40 à 60% sont témoins de ces violences. Dans la foulée, elle fera remarquer que 15% des violences sont opérées dans les milieux professionnels et que 67% des femmes acceptent, malgré elles, la violence conjugale. Dans le même sillage, Mlle Boukaoula, psychologue chargée de la cellule de protection des mineurs au sein de la Gendarmerie nationale, fait état de 229 femmes, dont 9 mineures, violentées durant les quatre premiers mois de l’année 2011.
Un chiffre alarmant, souligne-t-elle, dans la mesure où il égale le nombre enregistré durant toute l’année 2009, où 230 cas, dont 54 mineures, ont été signalés. La conférencière souligne que de telles violences sont principalement notées en milieu urbain, puisque les villes d’Oran et d’Alger sont classées sur les deux premières marches du podium, devant d’autres villes comme Tiaret, Mascara, Annaba…
Cependant, les chiffres cités sont loin de refléter la réalité, dans la mesure où bien des cas ne sont pas révélés. “En dépit de l’existence des associations féminines en Algérie et la promulgation des lois protégeant de tels délits, bon nombre de femmes souffrent en silence sans pour autant avoir le courage de dénoncer leurs bourreaux aux autorités”, souligne Mlle Boukaoula. Pour sa part, le docteur Mekki Abdelhak, politologue et directeur de l’Observatoire des droits de l’enfant de la Forem, 30% des femmes violentées en milieu professionnel sont victimes de cadres supérieurs. Lors de son intervention, il rappelle que pas moins de 10 000 femmes ont été victimes de violences durant les dix années de la tragédie nationale. “Les multiples actes de violence terroriste, commis par des groupes islamistes durant la décennie noire, demeurent une séquelle difficile à remonter, puisque certaines femmes ont été carrément tuées, violées, alors que d’autres y ont perdu leur mari ou des parents proches”, a-t-il souligné.
Revenant à la charge, Mme Zmirli affirmera qu’il appartient aujourd’hui à la femme de s’organiser autour d’un mouvement associatif plus efficace, afin de faire valoir ses droits dans une société où elle se cherche encore. Dans ce contexte, l’opération a débuté par la mise en place de réseaux de travail féminins qui auront à axer, fondamentalement, leur activité sur la protection de la femme afin de lui garantir sa légitimité dans notre société qui est déjà en pleine mutation. Ainsi, le premier réseau, celui de l’Ouest, est déjà mis en place en consacrant Mme Belmokhtar Nacéra, présidente de l’Association pour la promotion, le développement et la défense de la jeune fille de Tiaret, en sa qualité de coordinatrice entre les associations féminines d’une partie de l’Oranie.
R. SALEM