Un jeûne aux volutes de kif
Le trafic de la drogue s’amplifie et continue à inonder le marché algérien. 550 tonnes de stupéfiants ont été saisies en 3 ans.
La drogue constitue une menace et un véritable danger pour la stabilité et le développement du pays. Durant ce mois sacré, la consommation de kif a augmenté. Les saisies de drogue qui se font au quotidien prennent des proportions alarmantes durant le Ramadhan. Chaque jour, les frontières ouest du pays sont violées et le territoire est soumis à des décharges incessantes de kif.
Les derniers bilans des services de sécurité confirment cette ampleur. Chiffre à l’appui, 550 tonnes de stupéfiants ont été saisies, durant les trois années écoulées, par la Sûreté et la Gendarmerie nationale ainsi que les services des douanes. Ce chiffre est alarmant comparé à ceux enregistrés dans certains pays consommateurs de cette drogue.
«Les quantités de drogue saisies indiquent qu’il y a une véritable invasion du cannabis en Algérie à travers les frontières Ouest», a indiqué une source sécuritaire en précisant que ce chiffre inquiétant à plus d’un titre est affirmatif de l’ampleur du trafic de stupéfiants en provenance du Maroc, qui continuent à noyer notre pays en dépit des efforts soutenus des services de sécurité pour faire face à ce phénomène criminel.
Pour le même officier supérieur, l’Algérie constitue un axe de transit des stupéfiants, notamment le cannabis marocain à destination de plusieurs pays dont la Tunisie et la Libye et certains pays européens voisins dont la France. «Les gardes-frontières livrent une bataille féroce aux narcotrafiquants au niveau des frontières Ouest. Les éléments de la police judiciaire de la sûreté de daïra de Beni Boussaïd (Tlemcen), ont saisi plus de 65 tonnes de drogue entre avril et mai dernier», ajoute la même source sécuritaire. De leur côté, les éléments de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) relevant du service de la PJ de la sûreté de wilaya ont réussi, le 12 mai dernier, à intercepter 33 quintaux, selon la même source.
Récemment, des participants à une rencontre sur la lutte contre ce fléau ont souligné à Alger que la lutte contre la drogue exige une mobilisation de tous les acteurs, notamment la société civile. Le représentant de la police judiciaire, le commissaire principal Laâras Baâziz a rappelé, dans ce cadre, les mesures prises par la Sûreté nationale pour prévenir et lutter contre la consommation et le trafic de drogue.
Il a, dans ce contexte, mis l’accent sur «l’impératif de mettre un terme à la consommation de la drogue en favorisant l’action de la police de proximité à travers la généralisation des cellules d’écoute, notamment en direction des jeunes». La situation est alarmante, d’autant plus que le trafic de la drogue s’amplifie et continue à inonder le marché algérien.
A Alger, seulement en un mois (mai), près de 200 kg de résine de cannabis ont été saisis dans 934 affaires de détention de stupéfiants par la police judiciaire de la sûreté de wilaya d’Alger. «Les 934 affaires relatives à la détention et l’usage de stupéfiants et de psychotropes qui ont conduit à l’arrestation de 1134 personnes se sont soldées par la saisie de 198,664 kg de résine de cannabis dans la wilaya d’Alger», a précisé la cellule de communication de la sûreté de wilaya d’Alger.
La même source a confirmé dans ce sens que lors du traitement de ces affaires, les services de la police judiciaire d’Alger ont pu aussi saisir différentes quantités d’héroïne et de psychotropes, dont 46 comprimés d’Ecstasy et 392 comprimés de Subutex. Par ailleurs, la drogue ne constitue pas seulement un danger de santé publique, mais plus grave, les revenus de la drogue financent le terrorisme dans la région.