L’Alliance présidentielle, conduite par le Front de libération nationale, et l’opposition se sont livré à un duel à distance. Autant l’un que l’autre cherchaient à faire valoir leurs visions de sortie de crise, notamment depuis la chute des prix du pétrole. Si le FLN a maintenu le même discours de soutien au programme de chef du l’Etat, l’opposition, réunie à Zéralda, tente de brasser le maximum de soutien à un consensus national qui lui fait défaut depuis deux ans. A l’évidence, les deux rendez-vous semblent consacrer le statu quo sur la scène politique nationale.
Il n’y a pas eu de Mouloud Hamrouche, ni de Sid-Ahmed Ghozali, ni encore Mokdad Sifi ou Mohamed Nebbou, du FFS. Voire de Mohcen Bellabès, le patron du RCD, l’un des acteurs clés de ce sommet de Zéralda ou d’Abdelmadjid Menasra, leader du Front du changement. Même les dirigeants de l’ex-FIS dissous ont fait faux-bond.
Des absences notoires pour ce second sommet de l’opposition, qui aura valu surtout par le discours d’ouverture du vieux briscard et militant des droits de l’homme, Ali Yahia Abdennour qui, du haut de ses 95 ans n’a pas ménagé le pouvoir (ou le système, c’est selon), l’accusant d’avoir « confisqué les institutions républicaines » depuis l’indépendance et surtout d’avoir « détourné les valeurs de la résistance pour la liberté et la justice du peuple algérien ».
L’auteur d’un ouvrage virulent, paru récemment, a ouvert le bal des critiques à l’endroit des autorités et du gouvernement, en tentant surtout de soutenir les thèses de l’opposition et ses propositions pour une sortie de crise. Pratiquement, tous les intervenants de la matinée ont évoqué les dangers qui guettent le pays, soulignant les périls et l’instabilité des pays du voisinage, ainsi que la nécessité de préserver l’unité nationale.

Ils ont plaidé pour une « transition graduelle, pacifique et démocratique », qui ne peut être concrétisée que par la mise en place d’un organe autonome chargé de préparer et de superviser les élections.
Pour les intervenants, c’est cet organe indépendant qui « garantira la transparence et la régularité des scrutins ». Vieille revendication des opposants de tous bords, islamistes ou laïcs, qui veulent surtout proposer une feuille de route dite « institutionnelle » sur une période déterminée et avec l’accord de tous les protagonistes.
Tenue des élections présidentielles anticipées, suivies d’autres générales, locales et législatives, afin de favoriser l’émergence d’institutions « légitimes et légales », « responsables et citoyennes », c’est le crédo partagé par la plupart des présents à ce sommet.
Cependant, c’est ce concept de « transition » qui semble poser des problèmes au sein de l’instance de concertation et de suivi (ICS). D’ailleurs, c’est à cause de cette revendication que les formations politiques de la mouvance présidentielle ont creusé le fossé avec l’opposition, alors que chez cette dernière, des fissures sont apparues.
Le dernier exemple nous vient de l’ancien chef de gouvernement du défunt Chadli, Mouloud Hamrouche, qui semble avoir fait défection à ce sommet en raison de ce concept principalement, alors qu’il plaide depuis toujours pour un « consensus national », exactement comme le FFS qui militait pour la tenue d’une conférence nationale sur le consensus et dont le projet n’a pas abouti.
Quoi qu’il en soit, aux dires du président de la séance, l’ancien ministre de la Communication et ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi, ce sommet de l’opposition sera sanctionné par une déclaration de politique générale ainsi que par deux autres documents importants intitulés « Pour une Algérie de demain », un manifeste prospectiviste qui synthétise les grandes solutions pour une sortie de crise que proposent les académiciens et autres experts économistes de l’opposition, et un « appel au peuple algérien », un document dont on ne connaît pas encore tout le contenu, car laissé encore aux appréciations des congressistes.
Selon des présents à Zéralda, il ne devrait pas y avoir de grands chamboulements à la plate-forme de Mazafran, le texte fondateur de l’opposition regroupée au sein de la Coordination nationale des libertés et pour la transition démocratique (CNLTD) et au sein du pôle des forces du changement que mène l’ancien candidat à la présidentielle Ali Benflis.
Signalons toutefois que ce sommet a vu la présence de 20 partis politiques, une douzaine d’autres non encore agréés, des personnalités historiques, d’anciens ministres et hauts cadres de l’Etat, des syndicalistes, des acteurs du mouvement associatif, des constitutionnalistes et juristes, des universitaires et des intellectuels du monde de la culture et des médias.