Du pétrole et du gaz contre de la …bouffe

Du pétrole et du gaz contre de la …bouffe

Les premières assises nationales des industries agroalimentaires (IAA) ont permis de mettre la lumière sur le «chaos» qui sévit sur le secteur.

Le simulacre d’une industrie agroalimentaire qui constitue, selon les chiffres officiels, plus de 50% du tissu industriel algérien, a été mis au grand jour. Focus !

L’Algérie exporte du pétrole et du gaz pour se remplir la panse et roupiller», dira ironiquement un entrepreneur rencontré en marge de ces assises.

Un autre entrepreneur s’interrogea : «comment peut-on réduire la facture alimentaire alors que l’IAA importe des produits agricoles pour les transformer ensuite ?» Parfois, c’est de la semi-transformation puisque le produit arrive déjà transformé !

D’après le secrétaire général du FCE (Forum des chefs d’entreprises), Reda Hamiani, l’industrie agroalimentaire est en retard. 70% de ce que retrouvent les Algériens dans leurs assiettes sont importés.

En somme, le secteur de l’agroalimentaire transforme à majorité des produits importés ; à plus de 90%, selon des experts. Les Lois de finances (ndlr : LFC 2009 et LF2010) ont plus entravé les entrepreneurs de ce secteur que de réduire la facture alimentaire.

Un non sens dont les pouvoirs publics devrait faire face. Il faut souligner aussi que les importations des produits agroalimentaires s’élèvent à 8 milliards de dollars annuellement alors que les exportations ne dépassent pas les 120 millions de dollars par an.

En d’autres termes, l’Algérie importe 1 dollar pour plus de 20 dollars, rien que dans les échanges commerciaux avec l’Union européenne. Bien sûr, ce dénivellement est compensé par les hydrocarbures. Selon les experts, cette économie «rentière » est la cause principale de la crise multiforme algérienne. «Continuer dans cette voie s’apparente à un suicide généralisé de la Nation et de ses valeurs», continue notre interlocuteur.

A l’unanimité, les entrepreneurs présents aux assises de l’agroalimentaire ont déclaré que le salut pourrait venir de ce secteur industriel de consommation. En effet, les ambitions du marché de l’agroalimentaire ne peuvent être que prometteuses. La création des PME/PMI dans ce secteur -est une nécessité pour installer une industrie nationale- qui constituera l’économie d’après pétrole.

Un plan national pour le secteur

Désormais, elles sont plus de 17.000 entreprises privées et publiques activant dans le secteur de l’industrie agroalimentaire et employant plus de 120.000 personnes, soit 45% du personnel du secteur industriel, toutes branches confondues.

Pour revigorer le secteur et calmer le courroux des entrepreneurs locaux, Hamid Temmar, ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements, a affirmé qu’un programme exhaustif a été élaboré par des experts émérites pour booster le secteur.

Ce programme sera lancé avant la fin de cette année et se prolongera jusqu’à 2014. L’objectif primordial de ce plan est d’augmenter la contribution de l’industrie agroalimentaire (IAA) au PIB industriel de 50 % en 2009 à 60 % en 2014.

L’avis du FCE

Environ 500 entreprises d’agroalimentaire et pas moins de 100.000 emplois seront créés. Dans la foulée, le département de Hamid Temmar veut créer un fonds de soutien au secteur de l’agroalimentaire. Ce fonds aura comme rôle liminaire d’aider les entreprises du secteur et asseoir la sécurité alimentaire. Selon le FCE, il est inconcevable de vouloir développer les industries agroalimentaires sans, dans la foulée, relancer l’agriculture.

«C’est un non sens, une absurdité», relève-t-on. D’après le président du FCE, Reda Hamiani, pour qu’il y a une suite logique aux efforts de l’Etat prodigués pour booster l’agroalimentaire. «Il faut que cette industrie (agroalimentaire) transforme les produits de l’agriculture locale. Il faudrait aller vers l’amont pour qu’il y ait une intégration de la chaîne des valeurs».

Revenant sur le programme annoncé par le ministre Hamid Temmar, il dira qu’«il faut à tout prix, dans les prochains plans de développement, qu’on puisse atteindre une intégration en amont de l’ordre de 50% alors que nous ne sommes qu’à 10 ou 15% actuellement».

Pour y arriver, «il faudrait qu’un effort conséquent soit fait pour que la transformation s’appuie sur la production locale, ce qui n’est pas le cas», explique Hamiani, estimant «ridicule d’avoir une industrie transversale pour tout, mais qui n’arrive même pas à transformer un produit local».

K.Issam