Du 5e mandat aux législatives, comment les islamistes ont changé leurs discours

Du 5e mandat aux législatives, comment les islamistes ont changé leurs discours

Tous les moyens sont bons pour mieux se positionner autour de la sphère gouvernante. Une devise que semble adopter les leaders des partis islamistes à chaque rendez-vous électoral, ce qui est le cas pour le compte des prochaines législatives.

Profitant du vide de la scène politique du fait de la non-participation de plusieurs partis aux législatives, les partis de la mouvance islamiste optent déjà à des discours visant à mieux se positionner, comme ils le font toujours avant. L’on se souviendra certainement des propos du président du mouvement El Bina en « implorant » le président déchu Abdelaziz Bouteflika à se présenter pour un 5e mandat.

En 2018, alors que Djamel Ould Abbes, qui était le SG du FLN préparait, en grandes pompes, la campagne pour le 5e mandat de Bouteflika, Bengrina s’est joint à lui lors d’une conférence de presse pour faire l’éloge de la position de ce parti connu pour son allégeance au système. Ceci, avant que le soulèvement populaire du 19 février 2019 n’intervienne pour balayer toutes ces attentes opportunistes.

« Si le président accepte l’invitation du FLN pour se présenter pour un 5e mandat, notre mouvement ne boycottera pas les présidentielles et s’immiscera dans les élections aux côtés de l’État algérien, soit en se présentant soit en s’alliant, selon ce que considèrera le parti conforme au pouvoir », avait-il déclaré.

Revirement total de positions, de discours et de visions

Revirement total de position, de discours et même de vision. Désormais, le leader du mouvement El Bina se pavane dans différentes wilayas du pays pour présenter ses candidats à la députation, dont son fils, tout en critiquant l’ancien système, qu’il applaudissait auparavant.

Pour sa part, le président du MSP Abderrazak Makri, qui n’a pas hésité d’affirmer dans un meeting électoral que « ceux qui ont longtemps usé de fraude lors des élections précédentes sont derrière les barreaux », faisant ainsi allusion à l’époque de Bouteflika, a fait semblant d’omettre ses anciennes positions vis-à-vis de ce même système.

Plus grave encore ! Alors que la sphère de Bouteflika se préparait à lui briguer un cinquième mandat, Makri s’est rendu secrètement chez Saïd Bouteflika alors frère et ex-conseiller du président déchu afin de lui exprimer son soutien.

À n’en citer que cela, si ce revirement de position veut dire une chose, c’est sans doute la volonté constante de ses partis de mieux se positionner autour du pouvoir, sans se soucier de la moindre obligation envers le peuple et les questions de fond qui devront être évoquées.

En voulant les interroger sur ces questions et plein d’autres questions, dans le cadre de la campagne électorale, les présidents des partis de la mouvance islamiste ont carrément refusé nos sollicitations sous prétexte de programmes chargés ou encore de préférer les télévisions que les sites électroniques d’information.