Louiza Hanoune a réagi, ce mercredi 16 septembre au limogeage du général Toufik. Intervenant à l’ouverture d’une rencontre des membres du Comité central de son parti, elle a d’emblée expliqué que sa réaction était « une première lecture ». Pour la patronne du PT, la mise à la retraite du général Toufik « n’est pas une décision ordinaire, ni une question normale pour l’aborder de manière superficielle ».
« C’est une question très sensible et sa lecture requiert une attention, de la sagesse et un débat approfondi » a-t-elle estimé. Sensible par rapport « aux retombées qu’elle peut avoir sur les plans national et international particulièrement concernant la lutte contre le terrorisme dans un contexte lourd de dangers pour les nations », a-t-elle souligné.
Estimant que l’Algérie est considérée à travers le monde comme étant « un exemple dans la lutte contre le terrorisme grâce à l’ANP et surtout au DRS », elle s’interroge sur « le but du détricotage du DRS et quel est le but de l’emprisonnement du général Hassan qui était le premier responsable de la branche de lutte contre le terrorisme au DRS ? ».
D’autant que « les victoires du général Hassan en matière de lutte contre le terrorisme sont connues ». Pour Hanoune, « quand on jette en pâture un responsable d’une telle pointure, qui est exposé à un jugement à la CPI, on fragilise l’armée et la structure de lutte contre le terrorisme. Et c’est une source de démoralisation des soldats ».

La patronne du PT estime que « le plus grand perdant c’est l’immunité de l’État et donc l’immunité du pays à travers le détricotage du DRS et qui peut affecter la stabilité de l’ANP ». Et d’interroger : « cela ne peut-il pas donner des idées à Daech ? »
Targag hérite d’une coquille vide
La première des prérogatives supprimée du DRS concerne l’enquête sur les affaires de corruption. « C’est un problème », estime la patronne du PT qui considère que ce sont « les mafias, les voleurs et les corrompus qui en bénéficient ». « Targag a hérité d’une coquille vide puisqu’il ne peut pas enquêter sur la corruption ».
Se disant incapable de comprendre les décisions du président relatives au DRS Louiza Hanoune s’interroge : « peut on imaginer Obama dépouiller la CIA de ses prérogatives ou un transfert de certaines de ses prérogatives au Pentagone ? Peut-on imaginer une telle attitude aussi chez Cameron, Merkel ou Hollande ? ».
La patronne du PT note dans la foulée que « des médias ont rapporté que les services secrets français et la CIA ont été exaspérés par le département du DRS et de son chef à cause de leurs positions souverainistes. On peut imaginer que la CIA et les services de renseignement français soient satisfaits des dernières décisions ».
L’illusion d’un État civil
c’est une illusion de croire que ces décisions augurent de l’institution d’un État civil », a estimé Louiza Hanoune qui bat en brèche la thèse selon laquelle « l’armée s’éloignera du politique ». « Nous pensons que c’est le contraire puisque des prérogatives du DRS ont été transférées à l’État-major de l’armée, cela ne rendra pas l’État plus civil et si ça continue sur cette lancée on ira vers un État semi-militaire »
Le PT n’a jamais reçu d’injonctions
L’immixtion du DRS ou de la présidence de la république dans les affaires internes des partis est étrangère à Louisa Hanoune. « Jamais nous n’avons fait l’objet d’injonctions, d’interférence ou de chantage y compris de la présidence de la république. Nous respectons les institutions et elles nous respectent »
Le chaos
Hanoune a indiqué qu’« il faut arrêter le délire consistant à lier les décisions du président à la prochaine succession ». Son argument est que « les prochaines élections législatives ou présidentielles anticipées ou non seront décisives. Parce qu’en cas de fraude électorale, il y aura le chaos ». Et pour cause : « la mentalité de la majorité a changé. Les citoyens savent que l’État est généreux à l’égard des nouveaux riches et austères à l’égard des couches les plus défavorisées ». Plus incisive, elle estime que « l’Algérie est ouverte à toutes les tempêtes ».