À 77 ans, Abdelaziz Bouteflika se présentera à un quatrième mandat. Rien ne l’arrête, ni le grand âge, ni la maladie. Ali Benflis, lui, consent à jouer le lièvre, comme les autres.
Un total de neuf candidatures, pour un candidat plénipotentiaire, le président sortant Abdelaziz Bouteflika, ont été enregistrées par le Conseil constitutionnel mardi à minuit, date limite de dépôt fixée pour cette étrange scrutin qui n’en est pas un. Puisque de l’avis de tous les jeux sont faits.
Le début de la campagne électorale officielle est fixé au 23 mars. Le chef de l’État, 77 ans et 15 ans de pouvoir, a annoncé en lundi au Conseil constitutionnel secondes sa candidature à un quatrième mandat d’une voix d’outre-tombe. Il s’agissait de ses premières paroles entendues par le public, via la télévision nationale depuis son discours de Sétif un certain 8 mai 2012.
Ali Benflis, a déposé mardi sa candidature au même moment un groupe de manifestants se faisait embarquer par la police. Ce n’est pas la première fois que Benflis joue les lièvres. Il l’avait déjà brillamment fait en 2004, faisant croire à tout le monde que l’élection était transparente.

Bravache Benflis !
Benflis qui a disparu depuis de la scène revient vers les Algériens pour leur demander leur voix. Devant le conseil constitutionnel il a bravache mis en garde contre un « vol des voix » des électeurs. Sans trembler il a évoqué « des pratiques basses, sordides et lâches qui font planer un doute sur la crédibilité de l’élection présidentielle ». Les autres prétendants à la présidentielle seront là pour amuser la galerie, étant pour la plupart inconnus et sans la moindre consistance politique. Qu’importe, le pouvoir les remerciera, grassement.
En déposant la sienne mardi aussi, le président d’une petite formation, Karama, Mohamed Benhamou, a fustigé les déclarations de certains candidats qu’il n’a pas identifiés, les qualifiant de « graves » et d’ »appels à la désobéissance civile dans le but de semer le désordre ». Mais courageusement, selon l’agence APS. Mohamed Benhamou a indiqué qu’en cas de refus de son dossier, il soutiendrait Abdelaziz Bouteflika qui représente, selon lui, « la sécurité et la stabilité ». Un argumentaire très largement développé par le clan présidentiel ces dernières semaines. C’est dire que la contamination a gagné même les candidats.
Une fraude annoncée
Parmi les autres prétendants figure le président d’un autre petit parti Ahd 54, Ali Fawzi Rebaïne. Un lièvre qui a du métier, puisqu’il a été de presque toutes les présidentielles. L’opération de collecte de signatures a été « plus difficile » que pour les scrutins présidentiels de 2004 et 2009, s’est-il plaint mardi après avoir déposé son dossier. Les autres aspirants sont d’illustres inconnus. Il y a l’ancien officier supérieur Moussa Touati et perpétuel président du Front national algérien, le président du Front El-Moustakbel (FM), Abdelaziz Belaïd, le président du Rassemblement algérien (RA), Ali Zaghdoud, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, ancien soutien indéfectible de Bouteflika. Il y a aussi le président du parti Ennasr El-watani, Mahfoud Adoul, l’ancien ministre délégué au trésor (juin à octobre 1991), Ali Benouari qui a appelé les Algériens à voter « massivement » afin d’assurer « une transition pacifique vers une deuxième république » qui soit « libérale ». Du menu fretin politique.
Le Conseil constitutionnel a dix jours pour examiner les différents dossiers puis annoncer la liste des candidats retenus. D’autres aspirants ont jeté l’éponge jugeant le scrutin connu d’avance avec la candidature d’Abdelaziz Bouteflika et dénoncé une « fraude » annoncée.
R.N./AFP