Droits des enfants : Entre les lois et la réalité

Droits des enfants : Entre les lois et la réalité

Nos enfants ne sont pas à l’abri des dangers. Ils sont violentés, agressés, enlevés, exploités et parfois empêchés d’accéder à la scolarité. Pour les protéger, un texte de loi vient d’être voté par l’APN. 

Certains députés qui l’ont critiqué estiment qu’il ne prend pas suffisamment en compte l’aspect préventif et qu’il n’ évoque pas les phénomènes d’enlèvement des enfants et leur exploitation dans la mendicité. Pour mieux protéger les hommes  de demain, il serait judicieux de renforcer les associations qui se consacrent à leur protection. Dans ce contexte, Il faut savoir que nos enfants ont beaucoup de temps libre qu’il faut occuper. Les membres du gouvernement concernés par les problèmes de la famille et de l’enfant sont ainsi appelés à coordonner leurs actions  afin de trouver les moyens d’occuper nos enfants, au moins durant les périodes de vacances scolaires. Il faut savoir en effet que les services de l’action sociale n’ont pas le système nécessaire d’accompagnement.

 Les vendeurs  de matlouh

image n  Sur la route menant de Tipasa à Koléa, en ce vendredi, une fillette, assise à côté de son domicile, a un œil sur son cahier de cours et un autre sur le couffin de galettes qu’elle avait déposé devant elle.

Cette  image saisissante s’ajoute à d’autres, similaires. A Douéra, des enfants créent une animation assez particulière. En face de la mosquée Okba, au lieudit Ouled Mendil, ils sont là à partir de 16 heures. «J’ai tout vendu ! J’ai gagné cent dinars !», lance un enfant en sautillant, son panier vide à la main. Ici, dans ce coin, c’est un semblant de petit marché de galettes traditionnelles qui s’est formé spontanément «Pour préparer le matlouh, il nous faut beaucoup de choses:   de la farine, de la semoule, de la levure, du sel, de l’huile, etc.», énumère Mahmoud, un garçonnet de 14 ans, vraisemblablement pour justifier le prix du produit qu’il vend, 25 dinars la pièce. «Matlouh skhoun ! Matlou skhoun ! » (pain frais ! pain frais !), crient les enfants pour attirer la clientèle. Mahmoud, Zinou, Chafik et les autres se retrouvent dans ce même endroit, tous les jours, pour vendre leur marchandise. A l’abri du soleil de ce début d’été, ils s’assoient sur les marches d’un escalier menant à un commerce. Chacun d’eux a l’œil sur le  panier, plein de galettes, qu’il avait déposé devant lui. Le pain maison est emballé dans des torchons pour conserver sa fraîcheur… Un automobiliste  vient de garer. Il descend de sa  voiture. «Celui qui stationne sa voiture et n’achète pas, doit payer le parking !», lance Chafik à son voisin, en jetant un clin  d’œil. C’est comme une course. Chaque enfant veut vendre le plus vite possible. De temps à autre on déballe pour compter les pièces restantes. «Je vends jusqu’à 25 matlouh jour», confie Mahmoud. Ces enfants, ajoute-t-il, sont presque tous de la même famille. Certains ont des fours en argile,  d’autres des fours en fer, confie-t-il encore. Visiblement fier de sa situation familiale,  d’un geste de tête, il nous montre son domicile. «Moi j’habite dans cette villa.» Et pour justifier son activité, il ajoute : «Maman est comme mon père. Elle travaille aussi pour s’assurer de l’argent ….» Au fur et à mesure, les adultes arrivent. Les uns après les autres. Ils achètent. Un arrivage ! Paniers en plastique ou en feuilles de palmier dans les bras, des cadets  arrivent … Les vendeurs de matlouh  reçoivent ainsi  leur produit  bien emballé pour conserver sa fraîcheur. «Des cousins  et beaucoup de voisins viennent à la maison, chaque soir, pour acheter», raconte Zinou . «Le matlouh est arrivé ?», interroge le propriétaire d’une boulangerie industrielle. «Je viens ici acheter parce que ma femme ne prépare pas la galette», confie-t-il. Des familles entières se sont spécialisées dans la préparation et la vente du pain maison pour parvenir à s’assurer une croûte de pain. Leur réussite ne peut se faire sans la collaboration de leurs chérubins. Chafik se fait remplacer par son frère aîné. Il est satisfait. «Avec l’argent gagné, je vais m’acheter des vêtements», confie-t-il tout content. Fiers, les vendeurs de matlouh rentrent au coucher du soleil pour revenir le lendemain avec d’autres paniers, avec le rêve de vendre plus à chaque fois.

Djemai Benrahal