Droits de l’Homme en Algérie, Des ONG internationales montent au créneau

Droits de l’Homme en Algérie, Des ONG internationales montent au créneau

La situation dramatique des droits de l’Homme en Algérie alarment les ONG internationales

● «L’Algérie empêche l’accès à son territoire du rapporteur de l’Onu sur la torture et du groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, en dépit de leurs demandes répétées», déplore le directeur d’Amnesty International pour la zone Mena, Philip Luther.



● «L’Algérie est le seul pays dans la région qui impose des restrictions de ce genre aux organisations des droits de l’Homme alors que nous visitons régulièrement le Maroc, la Libye et la Tunisie sans entraves en général», a constaté Eric Goldstein, directeur adjoint de Human Rights Watch pour la zone Mena.

● «Il faut dire qu’Alger a bien de choses à cacher aux observateurs, notamment à Tindouf où l’on assiste à de graves atteintes aux droits de l’Homme», rappelle le directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques de Paris, Charles Saint-Prot

L’appel solennel lancé par plusieurs ONG internationales de défense des droits de l’Homme au régime algérien pour autoriser les visites de leurs enquêteurs et ceux des Nations unies renseigne sur le «climat d’intimidation et de peur» dans ce pays qui «empêche» l’émergence d’une culture des droits de l’Homme et le développement d’organisations civiles et syndicales.

Face à l’isolement des vents du changement qui traversent la région et aux aspirations du peuple algérien à s’affranchir de la chape de plomb que lui impose un establishment politico-sécuritaire préoccupé par sa survie, pas moins de cinq ONG internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, sont montées au créneau pour rappeler à Alger ses engagements contractés dans le cadre du Conseil des droits de l’Homme de l’Onu, dont l’Algérie est pourtant membre. Une situation paradoxale pour le moins intenable.

Et pour cause, «l’Algérie est le seul pays dans la région qui impose des restrictions de ce genre aux organisations des droits de l’Homme alors que nous visitons régulièrement le Maroc, la Libye et la Tunisie sans entraves en général», affirme, dans ce contexte, le directeur adjoint de Human Rights Watch pour la zone Mena, Eric Goldstein, dont l’organisation avait récemment condamné, dans un communiqué, «les tactiques employées par les autorités algériennes pour gêner les activités syndicales lors des grèves, des manifestations pacifiques ou réunions».

L’Organisation précise dans ce sens que les autorités algériennes «ont bloqué des manifestations, arrêté arbitrairement des militants syndicalistes et poursuivi certains d’entre eux au pénal pour l’exercice pacifique de leurs activités syndicales», rappelant que «la police a violemment dispersé, le 29 septembre dernier, une manifestation pacifique organisée devant le siège du gouvernement à Alger par le Comité national des contractuels du pré-emploi et a procédé à l’arrestation d’une vingtaine de manifestants avant de les relaxer plus tard».

HRW exhorte à cet égard les autorités algériennes à cesser de mettre des «entraves» à la création des syndicats indépendants ainsi qu’à l’organisation et à la participation à des manifestations pacifiques et à des grèves du travail.

L’Organisation de défense des droits de l’Homme a, également, dénoncé le «mutisme» des responsables algériens, précisant qu’elle avait envoyé une lettre aux ministres de la Justice et de l’Intérieur dans laquelle elle a demandé des informations sur des incidents et des cas bien précis dans lesquels il apparaît que les autorités ont violé le droit des syndicalistes et des travailleurs à participer à des activités syndicales pacifiques.

«Près de cinq mois plus tard, les ministres n’ont toujours pas répondu à cette lettre», regrette le communiqué.

«Les autorités algériennes se livrent ainsi à des manœuvres administratives visant à refuser le statut légal à certains syndicats indépendants», poursuit l’Organisation, en expliquant que «la loi régissant la légalisation de nouveaux syndicats exige seulement que ces groupes notifient les autorités de leur existence sans pour autant solliciter la permission de se constituer. Mais les autorités refusent parfois d’émettre le récépissé prouvant qu’elles ont bien été notifiées».

Le constat de HRW qui fait écho à la déclaration du directeur d’Amnesty international pour la zone Mena, Philip Luther, qui a déploré que «l’Algérie, qui vient de rejoindre le CDH, empêche l’accès à son territoire du rapporteur de l’Onu sur la torture et du groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, en dépit de leurs demandes répétées».

Même son de cloche du côté de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) qui critique l’attitude des autorités algériennes «hostiles à tout examen de leur propre registre des droits humains bien que le pays soit membre du CDH».

Pour Jeremy Keenan, chercheur à la School of Oriental and African Studies, relevant de l’Université de Londres, toute investigation approfondie sur les violations des droits de l’Homme en Algérie ne sera possible sans un changement radical dans ce pays.