Cinq personnes sont décédées aux mains de la police française sans que la lumière soit faite à ce jour sur les circonstances ayant entraîné leur mort, déplore l’organisation de défense des droits humains Amnesty International France (AI).
Dans une lettre ouverte adressée aux ministres français de l’Intérieur et de la Justice, AI a demandé hier que des enquêtes » impartiales et exhaustives » soient menées dans les meilleurs délais. Cette lettre est cosignée par les présidents d’Amnesty international des cinq pays dont sont originaires les victimes.
La police est » l’administration la plus contrôlée, en interne comme en externe « , a déclaré Pascal Garibian, porte-parole de la direction générale de la police nationale (DGPN), en réponse à Amnesty International. L’institution, a-t-il précisé, est notamment contrôlée par l’Inspection générale de la police nationale et l’IGS, son extension pour la préfecture de police.
Dans un rapport publié en même temps que sa lettre ouverte, Amnesty international souligne que les familles des personnes mortes aux mains de la police » attendent que justice soit faite « .
Usage disproportionné de la force
Selon l’organisation, Abou Bakari Tandia, Malien de 38 ans, Lamine Dieng, Français d’origine sénégalaise de 25 ans, Abdelhakim Ajimi, Tunisien de 22 ans, Ali Ziri, Algérien de 69 ans, et Mohamed Boukrourou, Marocain de 41 ans, sont tous morts au cours d’interpellations qui ont mal tournées. Les décès ont eu lieu dans la région parisienne ou en province.
» Dans toutes ces affaires, les agents mis en cause sont à la connaissance d’Amnesty International toujours en fonction et les proches des victimes maintenus dans l’expectative et en souffrance du fait de la lenteur de la procédure « , dit le rapport repris par l’agence Reuter. Le point commun des cas évoqués est qu’il s’agit de personnes issues » des minorités visibles « .
Pour AI, ces cinq affaires » sont symptomatiques des dysfonctionnements » qu’elle pointe du doigt dans son travail de recherche depuis six ans en France. Elle cite un usage disproportionné de la force, une tendance à interpeller davantage les personnes étrangères et d’origine étrangère, le manque d’impartialité des enquêtes, la réticence des procureurs à poursuivre des agents de la force publique et des sanctions sans commune mesure avec la gravité des faits.