Il ne sait plus quoi faire pour contrer François Hollande
Le président de la République française a, une nouvelle fois, réitéré son opposition au droit de vote des étrangers non communautaires après s’y être maintes fois montré favorable.
Une décision qui prive, en particulier, une population algérienne estimée à plus de 1,5 million d’âmes d’après les chiffres avancés par Bernard Godard et Sylvie Taussig dans leur ouvrage intitulé «Les musulmans en France» paru en février 2007 chez Robert Laffont. Comment le premier magistrat de France veut-il séduire un électorat musulman estimé à quelque 4 millions de voix tout en en privant des millions d’autres de participer pleinement à la vie de leur cité?
Le nombre d’immigrés qui paient leurs impôts et qui vivent en situation régulière depuis de nombreuses années sur le territoire français a été estimé à 6,7 millions en 2008, selon les statistiques de l’Insee (Institut français de la statistique et des études économiques). Que disait d’eux, l’actuel locataire de l’Elysée, en 2001, en ce qui concerne leur éventuelle participation aux élections locales? «Je ne vois pas au nom de quelle logique nous pourrions les empêcher» avait-il écrit dans un livre, appelé «Libre», publié la même année. Il persiste en 2005 mais à condition que les concernés justifient d’une présence de dix années dans l’Hexagone.
«Je ne trouve pas anormal qu’un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France puisse voter lors des élections municipales. J’ouvre un débat en faveur d’une mesure que je pense juste», avait-il déclaré deux années avant son élection. Après la victoire historique de la gauche au Sénat au mois de septembre 2011, le Parti Socialiste relance de plus belle sa proposition de droit de vote des étrangers en situation régulière aux élections locales pour achever «la construction démocratique en France», avait écrit Martine Aubry, sa première secrétaire. Un projet de loi est déposé en ce sens.
Nicolas Sarkozy réagit. Il affiche un virage à 180 degrés.
«Une telle proposition risque de diviser profondément les Français au moment où, plus que jamais, nous avons besoin de les rassembler… Je crois depuis longtemps que le droit de voter et le droit d’être élu dans nos territoires doit demeurer un droit attaché à la nationalité française, étendu pour les élections municipales et européennes aux citoyens européens qui partagent avec nous une communauté de destin», a-t-il souligné le 23 novembre 2011 devant quelque 3000 maires qu’il avait réunis à l’Elysée.
Nicolas Sarkozy marque à la culotte son challenger à la présidentielle de 2012 et néanmoins favori de ce srutin. Son rival le plus redoutable à la course à l’Elysée, François Hollande, avait affiché quant à lui sa disponibilité à accorder le droit de vote aux étrangers hors Union européenne.
«Sur les 27 pays européens, 19 ont déjà appliqué le droit de vote des étrangers présents depuis un certain nombre d’années… ce sera les mêmes règles que pour les résidents européens», avait indiqué, vers la fin du mois de novembre 2011, le candidat socialiste sur BFM TV.
Le chef de l’Etat français a de nouveau contré l’ex-premier secrétaire du PS. Il a prononçé son niet à partir de la Guyane où il prenait à témoin une population dont le pourcentage d’étrangers avoisine les 40%.
«Je me suis opposé à l’idée d’accorder le droit de vote aux étrangers non-communautaires, même pour les élections locales», a réaffirmé Nicolas Sarkozy le 22 janvier à partir de Cayenne. Il prend le risque de mécontenter des millions d’électeurs. Un coup de poker qui pourrait lui être fatal au moment du décompte des voix.