Plus de 100 000 villas sont inachevées à travers les 57 communes de la capitale. Un chiffre qui fait peur aux services de sécurité.
Les villas en construction à Alger, du moins certaines d’entre elles, sont devenues ces deux dernières années les repaires de réseaux de prostitution, drogue et avortement clandestin.
Plus de 100 000 villas sont inachevées à travers les 57 communes de la capitale. Un chiffre qui fait peur aux services de sécurité, qui savent très bien qu’il est pratiquement impossible de les contrôler et les inspecter chaque jour. En revanche, cette situation a été exploitée par les bandes de malfaiteurs qui opèrent dans ces résidences.
A Draria, Dély Ibrahim, Hussein Dey, Chéraga et bien d’autres quartiers, l’exemple est là. En effet, durant ces deux dernières années, des dizaines de réseaux installées dans des maisons en construction ont été démantelés. Dans ces lieux abandonnés par leurs propriétaires, les chefs de ces réseaux et leurs acolytes ont commis des délits. Bénéficiant d’un abri sûr, loin des yeux des policiers, ces malfaiteurs ont adopté une nouvelle stratégie. Dans ce contexte, la pratique de l’avortement clandestin, à titre d’exemple, a pris une proportion alarmante. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : dix-huit réseaux d’avortement clandestin ont été démantelés en deux ans. Pour le seul mois de décembre 2010, quatre réseaux ont été destructurés par les services de sécurité (trois par la Gendarmerie nationale et un autre par la police). A Dély Ibrahim, la Gendarmerie nationale a procédé, le 30 décembre dernier, à l’arrestation de deux personnes impliquées dans une affaire d’avortement clandestin. Il s’agit d’un tôlier et de son acolyte, un retraité qui a travaillé au service de maternité de l’hôpital de Béni Messous. Ces deux accusés subtilisaient des comprimés de type Cytotec qui permettent aux jeunes filles d’avorter.
Ces opérations d’avortement se pratiquaient dans dix villas en construction dans la commune de Dély Ibrahim. Ces maisons abandonnées par leurs propriétaires ont été exploitées par ce réseau pour pratiquer des avortements clandestins, à l’abri des riverains et des services de sécurité. Durant cinq mois, ces villas ont servi de lieu de choix pour ce genre d’opérations illégales. Les carcasses sont toujours des lieux sûrs pour les bandits. Un autre affaire met en c ause des vendeurs de résine de cannabis qui, eux aussi, ont détourné ces maisons abandonnées pour vendre discrètement et tranquillement leur drogue. L’affaire de Birkhadem en est l’exemple parfait. En effet, un réseau très actif composé de six personnes a été démantelé par les services de sécurité il y a près de deux mois. Des quantités de drogue ont été vendues dans une carcasse de villa dans cette commune.
Après plus de huit mois d’activité, ce réseau a fini par tomber dans les filets des services de sécurité. Les personnes inculpées dans cette affaire ont été présentées devant le tribunal de Bir Mourad Rais. Toujours dans cette banlieue de la capitale, un réseau de prostitution a été démantelé. Une vieille villa abandonnée par son locataire a été détournée par un réseau de prostitution.
Par Sofiane Abi
Qu’en est-il de la loi 08/15 ?
Deux ans après la promulgation de la loi 08/15 du 20/07/2008 relative à la régularisation du certificat de conformité des constructions, émanant du ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, le phénomène des constructions inachevées qui enlaidissent nos villes n’est toujours pas freiné. Bien au contraire, il semble prendre une ampleur démesurée.
Alors que le nombre des constructions inachevées en Algérie a atteint les 1 175 000, seules 30 000 demandes de régularisation du certificat de conformité des bâtisses ont été déposées depuis le début de 2010 jusqu’à fin septembre dernier, au niveau des services techniques des différentes communes du pays. A Alger, près de 3 500 demandes de régularisation ont été recensées.
C’est dire que le désordre urbain qui caractérise les villes de notre pays est loin de connaître son épilogue, en dépit de la sévérité des injonctions des autorités qui ont menacé de peine de prison tout propriétaire d’un terrain en construction qui ne finit pas le chantier qu’il a entamé. Cette situation a engendré l’accroissement des réseaux de malfaiteurs qui s’approprient ces maisons inachevées exercer leurs pratiques illégales. Il est temps de passer à l’action afin de mettre fin à cette situation qui risque de se généraliser au fil des années.
S. A.