Devant près d’un millier de juristes, hommes de droit, invités de 14 pays et des membres des services de sécurité, Tayeb Louh, ministre de la Justice, a appelé à la vigilance et à la lutte implacable contre…
En étroite collaboration avec le ministère de la Justice, l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, la wilaya de Tlemcen, l’Ordre des avocats de Tlemcen a organisé deux journées autour du thème cher aux magistrats internationaux spécialisés dans la lutte contre la drogue et le crime organisé.
Environ un millier de participants dont une douzaine de bâtonniers régionaux, des avocats et juges ainsi qu’une grosse poignée de membres des services de sécurité, de santé, des ONG locales, des universitaires et toutes les institutions interpellées par le problème crucial de la drogue.
Dix conférenciers dont Mokhtar Lakhdari, directeur général des affaires juridiques et judiciaires et Fayçal Bousilini, présidents des magistrats de Tunisie ainsi que l’inévitable
Pr Ahcène Bouskiaâ, Maître de conférences à l’Institut supérieur de la magistrature.
La première journée a vu se succéder à la tribune pour une intervention de dix minutes chacune, outre Jean-Yves Balestase, ex-bâtonnier de Grenoble (France), Me Abdelghani Badraoui, secrétaire général du bâtonnat de Tlemcen, Mme Malliori Melpomeni, professeure grecque en psychiatrie, le Dr El Moula Ibrahim Hassan, président de l’Institut international de droit, Me Gilles Charbonnier, avocat général à la cour d’appel de Paris qui a brossé un bon tableau autour de «l’entraide judiciaire internationale dans la lutte contre le phénomène de la drogue».
L’importance de la coopération régionale et internationale en matière de lutte contre la came et ses addictions, a permis à Mokhtar Lakhdari de dire deux mots essentiels et cossus autour de la réforme de la justice et la lutte contre les malsaines traditions et les fléaux. Salah Abdenouri, enfin, a mis l’accent brièvement sur l’évolution de la situation de la drogue et des addictions en Algérie, les efforts de lutte et les réponses à donner.
Le débat général sur la prévention contre la drogue et les addictions et le traitement des toxicomanes a précédé la lecture et l’adoption des recommandations du colloque qui aura été marqué par l’intérêt des avocats, sauf les absents mécontents du comportement du bâtonnier accablé de tous les maux.
Oui, durant les deux journées, les murmures étaient légion. Dans l’assistance fort nombreuse au Palais de la culture à Imama, nous avions noté l’absence de plusieurs ténors de la barre de Tlemcen, notamment Me Mostefa Barkat qui entre dans le quart de siècle d’exercice en robe noire et camarade de banc à la fac d’Oran de Tayeb Louh qui aurait été ravi de rencontrer ce brave Barkat lequel applaudit des deux mains le boulot du ministre…
En ville, des citoyens ont reproché au bâtonnier de Tlemcen, le «cavalier seul» qui défigure le bâtonnat «déshabillé» de ses meilleurs éléments tels Me Hadjadj, Benmansour et autres Bendhina Si Mohamed. Un gâchis, Me!
Oui, du gâchis bâtonnier, surtout qu’au cours de son discours de bienvenue et d’explication sommaire du sujet du Colloque international portant sur «L’impact du fléau de la drogue sur les plans local, régional et international et les mécanismes de lutte», il a pris un gros risque en débordant de son rôle de bâtonnier régional, donc un homme de libre expression, mais respectant la hiérarchie en implorant à plusieurs reprises Mohammed VI, le souverain chérifien de «stopper la culture du kif»!!!
N’ayant aucune qualité, l’orateur a plutôt été gêné que ravi à entendre la dizaine d’applaudissements sur le millier de présents dont des étrangers et surtout de Tayeb Louh, ministre de la Justice, garde des Sceaux, donc de souveraineté qui est resté impassible rongeant (probablement) une ire qu’il n’a pas voulu montrer sur la tribune. Cette bourde venait de donner raison à tous les détracteurs du bâtonnier qui a dévalé les marches de la réserve du bâtonnier, du devoir de réserve tel un… «tonneau vide»!
Heureusement, l’intervention du ministre a vite fait oublier le dérapage de l’hôte et là, Tayeb Louh est un modèle dans le genre de nettoyer une plaie «d’une blessure commise avec une imprudence jamais égalée», nous dit-on dans la salle. La plus courte allocution sera celle du dynamique Abdelghani Sassi, le wali de Tlemcen, qui souhaita la bienvenue à Louh et à la délégation venus inaugurer les tribunaux de Sebdou et Tlemcen, deux chefs-d’oeuvre surtout pour ce qui est du nombre de salles d’audience pour un meilleur fonctionnement de la justice au quotidien.
Comme toujours, Louh a tenté, à travers son speech, de faire passer divers messages pour ce qui est des profondes réformes engagées et pour d’autres en marche, pour le bien du justiciable en insistant que la réforme, âgée aujourd’hui de 16 ans, a été initiée par Bouteflika.
Auparavant, il a eu une pensée aux martyrs en ce 19 Mars, le glorieux 19 Mars, cette fierté des Algériens qu’il salue chaleureusement et avec qui il partage la joie de la Victoire, il y a 54 ans, s’étalant sur le sujet du colloque, Louh juge que le trafic de came est le plus dangereux des crimes, «menaçant la stabilité et la paix des pays les plus puissants».
Le trafic de drogue est le second après celui des armes. Les drogues dures sont là pour le rappeler.
«La vigilance des citoyens se doit d’être de rigueur» dit-il, après avoir cité des nombres effarants tirés des statistiques comme par exemple les 50 tonnes saisies à l’ouest du pays; le ministre entre dans les estimations en milliards de dollars et d’euros sans omettre le nombre de drogués démunis qui ne peuvent être soignés et pris en charge efficacement…
Le tour du monde en matière de trafic de poison se termine par les regrets du ministre autour de la collusion trafiquants-dealers, terroristes et contrebandiers de tous bords, malgré la grande vigilance des pays dont l’Algérie qui se trouve sur le front de la lutte, du moins sur nos frontières.
Il cite le Maghreb arabe et le Sahel comme zones ciblées, ce qui représente une menace perpétuelle qui demande une vigilance accrue de nos services de sécurité et qui veut que le reste du monde s’y mette et pour de bon.
«C’est de la sorte que l’on sert la paix et la sécurité!», martèle le ministre devant les quelques centaines de gendarmes, policiers et douaniers de la région.
Avant de conclure sa brève intervention, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a tenu à saluer, encore une fois, cette journée de la Victoire qui a permis aux Algériens de prendre leur destinée en main en vue de faire du pays, un havre de paix, la réconciliation nationale étant un des succulents fruits.