Les pays de la zone ouest-africaine et ceux de la région du Sahel font face à d’énormes défis, a affirmé, hier à Alger, Alain Antil, chercheur et responsable du programme Afrique subsaharienne à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
Et pour cause, a-t-il expliqué, le crime organisé où les contrebandiers mêlent drogue, cocaïne, immigration clandestine et trafic d’armes de tout calibre. S’exprimant lors d’une conférence-débat organisé au Centre de recherches stratégiques et sécuritaires d’Alger (CRSS), le spécialiste de la région a indiqué que les caractéristiques géographiques de la région prédominantes dans les pays du Sahel (africain) rendent difficile de sécuriser toutes les routes qu’empruntent les contrebandiers. La cocaïne qui vient d’Amérique latine à destination de l’Europe transite, a-t-il dit, par les pays de l’Afrique de l’ouest. «Il est beaucoup moins dangereux, pour les cartels mexicains qui contrôlent le trafic de la cocaïne, de passer par l’Afrique de l’Ouest et beaucoup moins cher pour écouler leur marchandise en Europe», a-t-il expliqué. Selon lui, l’on estime à deux milliards de dollars américains les rentes annuelles générées par ce trafic. Pas moins de 100 tonnes de drogues sont ainsi produites et commercialisées annuellement dans le monde. De plus, les cartels ont trouvé des complicités dans les pays de la région d’Afrique de l’Ouest où des réseaux à grandes échelles se sont développés depuis des années. Parmi les groupes les plus réputés dans la région, en question, figurent les Nigérians qui, travaillant avec les cartels mexicains, ont permis à cette activité de se développer de manière spectaculaire. Au fil des années, a-t-il ajouté, une mafia d’Etat s’est constituée dans bon nombre de pays de l’Afrique de l’Ouest où la corruption est légion. Selon lui, des gens très haut placés au sein des gouvernements en ont fait un business. Au nord-ouest du Mali, où Al Qaïda au Maghreb islamique s’est établie ces dernières années, AQMI a su tirer profit de cette activité. Ayant vu l’intérêt financier que le trafic de drogue et de cocaïne pouvait générer, AQMI, a-t-il affirmé, offre ses services en assurant la sécurité des convois de contrebandes dans la zone sud-saharienne en contrepartie d’importantes sommes d’argent. Ces sommes servent au financement de son mouvement et activités dans la région.A cette donne, se sont ajoutées les répercussions de la crise libyenne, qui, selon les spécialistes, a transformé la région du Sahel en poudrière. Ce qui, dans le passé, était de la contrebande et du trafic à courte échelle, à savoir, la contrebande de cigarettes ou d’essence, principalement par les tribus touareg de la sous-région, est devenu aujourd’hui un vaste territoire où drogue, cocaïne et armes de tout types se mêlent et font légion. Toutefois, a-t-il encore ajouté, le maintien de cette activité de contrebande n’est pas sans conséquences néfastes sur les économies des pays de la région.
Par : Massinissa Benlakehal