A travers une campagne médiatique de dénigrement, le Makhzen tente de justifier l’échec de la politique interne du roi Mohammed VI.
Le centre de recherche et d’étude «El Read» a organisé hier une conférence-débat portant sur «les dessous des campagnes médiatiques marocaines et leurs conséquences sur les relations algéro-marocaines».
Des universitaires, académiciens et journalistes ont pris part à cette conférence qui a eu lieu au Centre international de presse, sis à la Maison de la presse de Kouba, Alger.
Les conférenciers ont développé trois principaux axes. Il s’agit des contenus et des messages de la campagne marocaine, les raisons de cette campagne et la position diplomatique de l’Algérie. A ce titre, les questions du Sahara occidental et la lutte antiterroriste au Sahel sont considérées comme les véritables raisons des manoeuvres marocaines.
Selon Slimane Chenine, directeur du centre «El Raed», l’acharnement de la presse marocaine contre l’Algérie est mené par des cercles politico-militaires dirigés par le Royaume chérifien. Le but de ces agissements organisés par le Makhzen, selon le même orateur, est de détourner l’opinion publique marocaine vers l’Algérie afin de lui faire oublier les souffrances quotidiennes afin de ne pas rendre de comptes sur l’échec de sa politique interne. Dans cette opération «anti-Algérie», le Maroc est, selon le même universitaire, soutenu par des puissances occidentales.
N’y allant pas avec le dos de la cuillère, M.Chenine a soutenu que des pays occidentaux veulent imposer le Maroc dans le dossier du Sahel afin qu’ils puissent remettre les pieds dans la région. «Le Maroc servirait de sous-traitant pour l’Occident, notamment la France, au Sahel. C’est la raison pour laquelle, ils souhaitent l’imposer. Or les alliances dans cette région ont été dictées par la géographie qui exclut le Maroc de la bande du Sahel», a-t-il analysé. Et d’enchaîner qu’une éventuelle intégration du Maroc à l’alliance des pays du Sahel ouvrirait les portes à l’ingérence étrangère dans la région. Une option que l’Algérie refuse catégoriquement.
«Quelques puissances occidentales, à leur tête la France, utilisent la lutte antiterroriste comme prétexte pour venir s’installer, militairement d’abord dans la région, et concrétiser par la suite leurs objectifs stratégiques, à savoir exploiter les richesses naturelles de la région», a-t-il expliqué.
De son côté, le Dr Smaïl Marif s’est interrogé sur le timing choisi par les ennemis de l’Algérie pour mener leur campagne. Pour ce professeur universitaire, la raison est toute simple.
Cette campagne intervient dans un contexte politico-économique très important. Sur le plan économique, explique-t-il, elle intervient suite à la mise en place par l’Algérie d’un ensemble de batteries législatives protégeant l’économie nationale.
Sur le plan politique, ajoute M.Marif, l’Algérie est ciblée par un lobby américano-sioniste avec la complicité du Maroc. A ce titre, il lance un appel aux dirigeants algériens pour «s’ouvrir davantage sur les médias lourds étrangers afin de défendre la vision et la position de l’Algérie auprès de l’opinion publique internationale», a-t-il soutenu, tout en se réjouissant de l’action de la diplomatie algérienne sur ces questions.
Pour Smaïl Débeche, l’acharnement marocain contre l’Algérie ne date pas d’aujourd’hui. Il a tenu à rappeler les trahisons du Maroc à l’égard de l’Algérie à travers l’histoire. «Après le recouvrement de sa souveraineté en 1956, le Maroc négociait avec la France la question des frontières avec l’Algérie. En 1963, ce pays a mené des attaques armées contre l’Algérie et dans les années 1990 il a tourné le dos à notre pays.
Pis, ce pays a été derrière plusieurs événements tragiques qui ont secoué notre pays», a-t-il rappelé. M.Débeche a développé la même analyse que les deux professeurs suscités contre les dessous de cette campagne. «Des forces étrangères, conduites par la France et Israël, utilisent le Maroc pour concrétiser des intérêts territoriaux.
La France défend ses intérêts et le Maroc la protège», a-t-il indiqué. Pour le conférencier, le passé noir de la France coloniale interpelle toujours le pays qui a vu naître les droits de l’homme. Même les intérêts économiques, analyse-t-il, de la France en Algérie, empêchent ce pays de s’attaquer directement à l’Algérie.
«Des revendications historiques, des intérêts économiques et des relations politiques empêchent, quelque part la France, de s’attaquer de front à l’Algérie. Elle trouve en le Maroc un moyen pour mettre la pression sur l’Algérie afin de régler ses comptes…», a-t-il souligné.
Enfin, le conférencier a rappelé que le Royaume chérifien est le grand bénéficiaire de la tragédie nationale sur le plan économique.
Tahar FATTANI