Drame du stade de Tizi-Ouzou ou quand les algériens tutoient la violence au quotidien

Drame du stade de Tizi-Ouzou ou quand les algériens tutoient la violence au quotidien

Qu’un joueur trouve accidentellement la mort sur un stade, suite à une chute ou un accident cardiaque, c’est une chose qui arrive, parfois, hélas. Mais qu’un joueur soit tué d’un jet de projectile par un supporter, en plus, c’est du domaine de l’impensable. C’est portant ce qui est arrivé ce samedi 23 août au stade du 1er novembre à Tizi-Ouzou.

Ebossé, auteur du seul but de la JSK, en tentant de gagner les vestiaires pour échapper à la colère des supporters déçus par la défaite contre l’ennemi intime, l’USMA, a pris un projectile sur la tête. Peut être que l’auteur de l’acte abominable ne l’a pas visé personnellement, dans la grande confusion qui a suivi le coup de sifflet final de l’arbitre, mais le meilleur joueur de la JSK, l’idole des supporters, s’est trouvé au mauvais endroit et au mauvais moment pour recevoir le projectile assassin sur le crane.

Cruel destin de ce joueur, sorte d’hirondelle qui se donne à chaque rencontre sans réserve pour faire le printemps de la JSK. Ce drame abominable, qui a soulevé une indignation universelle sur la Toile, marque un nouveau tournant dangereux dans l’expression du phénomène de la violence en Algérie. Le capital de sympathie gagnée par l’Algérie, à la faveur d’une honorable participation des Verts à la coupe du monde du Brésil est considérablement terni par cet acte criminel perpétré samedi soir à Tizi-Ouzou.

La violence en Algérie s’est banalisée au point d’être tutoyée par les algériens. La mort sur la route. La mort dans les hôpitaux. La mort au détour de chaque rue. La mort dans les cités, où les bandes rivales se livrent à des batailles rangées à coup de sabre. La mort dans les marchés et la mort dans les stades.

Des experts croient savoir que cette violence est la conséquence de la décennie terroriste des années 90. Soit. Mais la responsabilité des pouvoirs publics est indiscutablement établie. Le pouvoir en Algérie, dans son obsession de s’accorder des prolongations, pour continuer à pomper la rente, a renoncé à l’exercice de ses obligations d’assurer la sécurité des biens et des personnes.

Aujourd’hui des territoires entiers sont devenus des zones de non-droit soumises aux diktats des bandits, des voyous, des dealers. Les démultiplications des effectifs de policiers à l’époque de Liazid Zerhouni et Dahou Ould Kablia s’avère être comme cautère sur jambe de bois. Mais ce que ce pouvoir feint d’ignorer, c’est qu’en renonçant à exercer sa puissance coercitive face à ceux qui sèment la violence, juste pour avoir la paix sociale, il fait le lit d’un effondrement inéluctable de l’état. Quand la violence est partout l’Etat n’est nulle part. Ceux qui nous gouvernent doivent faire leur ce postulat. On se demande même si ce n’est pas déjà trop tard.