Le gouvernement espagnol était sous le feu des critiques de l’opposition hier, mardi, pour sa décision d’installer des fils barbelés.
La pose de fil barbelé a eu lieu en certains points de la frontière avec le Maroc, dans l’enclave de Melilla, pour faire face à l’immigration clandestine. «Qu’ils aillent tous les trois à la frontière, qu’ils voient ce qu’il y a là-bas», a lancé la porte-parole du Parti socialiste au Congrès des députés, a déclaré Soraya Rodriguez, à l’adresse du Premier ministre Mariano Rajoy, de la numéro deux du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria et du ministre de l’Intérieur, Jorge Fernandez Diaz.
«S’ils ont un doute, qu’ ils la touchent et qu’ils voient les lésions que cela produit», a-t-elle ajouté devant la presse. Le ministre de l’Intérieur avait justifié avant-hier, lundi, ce dispositif, retiré de la frontière en 2007 puis remis en place en partie depuis le mois dernier, estimant qu’il s’agissait d’un élément «non agressif de dissuasion» et qu’il ne pouvait provoquer que des «écorchures légères et superficielles». «Ce serait bien, si ces barbelés ne provoquaient que des blessures légères, qu’il essaie de franchir la frontière pour voir quel genre de marque cela produit», lui a répondu le lendemain le député de gauche du parti catalan ICV, Joan Coscubiela. Longue de onze kilomètres et haute de sept mètres, la triple frontière grillagée qui enserre la ville espagnole de Melilla, dans le nord du Maroc, a pour but de lutter contre l’immigration clandestine en provenance d’Afrique subsaharienne. Alors gouvernée par les socialistes, l’Espagne y avait installé en 2005 des barbelés qui avaient été retirés en 2007, la pression migratoire ayant faibli. Des barbelés semblables avaient à la même époque été mis en place à Ceuta, l’autre enclave espagnole dans le nord du Maroc, mais n’ont jamais été retirés. La décision des autorités espagnoles, en octobre dernier, de réinstaller des barbelés tranchants dans la partie supérieure de la frontière, afin de «renforcer la sécurité» en certains points, a suscité une levée de boucliers, des associations des droits de l’Homme et l’opposition accusant le gouvernement de droite de répondre à la pression migratoire par des moyens excessifs.
Le procureur général de l’Etat espagnol, Antonio Torres-Dulce, a, lui-même estimé le 19 de ce mois que l’installation de ces barbelés n’est pas «conforme au droit» et demandé l’ouverture d’une enquête. L’opposition socialiste avait présenté le lendemain une motion à la Chambre des députés, demandant au gouvernement d’enlever les barbelés, motion rejetée par la majorité de droite.
R. I. / Agences
Recouverts de ciment en poudre
La police espagnole a découvert onze jeunes clandestins, dont certains avaient respiré des produits toxiques, cachés dans des chargements qui attendaient de quitter le port de l’enclave espagnole de Melilla, dans le nord du Maroc. «Sept de ces jeunes, âgés de 19 à 29 ans, ont été arrêtés», tandis que les quatre autres, des mineurs de 15 ans, ont été remis à la police qui les a dirigés vers un centre d’accueil pour mineurs, a annoncé la police, hier, mardi, dans un communiqué. Parmi ces clandestins, six jeunes, dont deux mineurs, s’étaient cachés dans un camion-citerne et ont été découverts «recouverts de ciment en poudre». «Tous présentaient des signes de malaise, toussaient et souffraient de nausées, en raison des substances toxiques inhalées à l’intérieur du camion», a ajouté la police. Les faits remontent au 22 novembre, lorsque des agents qui inspectaient la zone des conteneurs de marchandises ont été alertés par des bruits suspects. En s’approchant d’un camion, ils ont découvert que l’une des trois trappes d’accès, sur le dessus de la citerne, était à moitié ouverte. C’est à l’intérieur qu’ils ont trouvé les six clandestins couverts de ciment en poudre. Parmi eux, se trouvait «un jeune marocain de 29 ans recherché par la police pour son implication présumée dans un vol avec violence en septembre à Melilla», selon le communiqué. Les cinq autres clandestins, dont deux mineurs, ont été découverts peu après dans la remorque d’un camion, cachés entre des blocs de carton pressé. Des dizaines de jeunes clandestins, venus du Maroc ou d’autres pays du Maghreb, vivent dans le port de Melilla, attendant de se glisser dans des ferries en partance pour le sud de l’Espagne. Souvent mineurs, ils ne peuvent être accueillis dans le centre pour immigrés clandestins du gouvernement espagnol, réservé aux familles. Des organisations humanitaires alertent régulièrement sur leur sort très précaire. Melilla, seule frontière terrestre entre l’Afrique et l’Europe, avec l’autre enclave de Ceuta, dans le nord du Maroc, est soumise à une très forte pression migratoire. Outre les clandestins du Maghreb, qui entrent généralement via les postes-frontière, munis de faux passeports marocains, de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne tentent d’y pénétrer en donnant l’assaut au grillage haut de sept mètres qui défend la frontière, longue de onze kilomètres, qui sépare la ville du Maroc.
Mort de 30 Haïtiens dans un naufrage
Une trentaine d’immigrants haïtiens sont morts et 110 autres ont été secourus lorsque leur voilier a chaviré au large des côtes de Staniel Cay, dans l’archipel des Bahamas, ont annoncé hier, mardi, les gardes-côtes américains. Selon ces derniers, les immigrants «s’accrochaient de la coque» de leur voilier de 12 mètres lorsque les secours sont arrivés sur place avant-hier, lundi, au soir. «Environ 30 immigrants haïtiens sont morts», ont-ils précisé dans un communiqué. Au total, 110 personnes ont été secourues par les gardes-côtes américains et les Forces de défense des Bahamas, à 15 milles (28 kilomètres) au sud-ouest de Staniel Cay. Alertés par leurs homologues des Bahamas, les gardes-côtes américains ont envoyé un hélicoptère qui a réussi à secourir 13 personnes et ont déployé un radeau de sauvetage. Deux autres appareils ont largué des vivres et des embarcations de secours. Tous les immigrants qui avaient réussi à s’accrocher à la coque du navire ont pu être secourus, a expliqué Mark Barney, un porte-parole. Les tentatives de voyage clandestin d’Haïtiens sur des embarcations de fortune en direction des Bahamas ou des Etats-Unis sont fréquentes. Elles partent la plupart du temps du nord-ouest du pays, l’une des régions les plus pauvres d’Haïti, a relevé Stern Lolo, directeur de l’Office national de la migration (ONM). «Nous accueillons régulièrement des réfugiés secourus en mer et qui sont rapatriés par les gardes-côtes américains», a-t-il dit. «Entre 100 et 150 personnes sont recueillies en mer chaque mois tandis que des centaines sont parfois expulsées par la République dominicaine» avec laquelle Haïti partage l’île d’Hispaniola, a-t-il souligné. Pour décourager les voyages clandestins, les autorités haïtiennes, qui ne disposent pas de moyens pour surveiller les villes côtières d’où partent les petites embarcations, «ont recours à des campagnes de sensibilisation sur les radios», a précisé le directeur de l’ONM.
Grèce : gardes-côtes tortionnaires
Six ans après les faits, deux gardes-côtes grecs ont été condamnés à la prison pour avoir torturé deux migrants marocains sur l’île de Chios (est) en 2007, a indiqué hier, mardi, l’agence de presse grecque ANA. L’exécution des peines, de respectivement trois et six ans de prison, est suspendue à la décision qui sera rendue lorsque l’affaire sera jugée en appel, à une date qui n’est pas encore connue, selon l’agence ANA (semi-officielle). Les deux gardes-côtes étaient accusés de tortures et traitements dégradants sur deux migrants marocains. L’un deux a décrit à l’audience comment les agents lui avaient plongé la tête dans l’eau jusqu’à l’étouffement et s’étaient livrés à un simulacre d’exécution. Un troisième garde-côte a été relaxé. Cette affaire avait été notamment dénoncée dans un rapport de l’association allemande de défense des droits de l’homme Proasyl en 2007. Le document, fruit d’une centaine d’entretiens avec des clandestins parvenus sur les îles grecques de Lesbos, Chios et Samos, à l’est de la mer Egée, faisait état de nombreux mauvais traitements de la part de fonctionnaires grecs, comme des crevaisons de canot pneumatique ou des abandons, sans eau, ni nourriture, dans des endroits déserts. La Grèce est l’une des principales portes d’entrée dans l’Union européenne d’immigrants en provenance des pays pauvres ou théâtres d’un conflit, d’Afrique, du Proche-Orient et du sous-continent indien. La mer Egée, qui sépare la Grèce de la Turquie, est l’une des voies utilisées depuis plus de dix ans par les migrants.