Le matin du 24 juillet 2020, le quartier populaire de Larocade, d’ordinaire paisible, a été le théâtre d’un carnage qui a marqué durablement la mémoire collective. Les enquêteurs arrivés sur les lieux ont découvert une scène de guerre à l’intérieur de l’appartement familial. Les quatre victimes gisaient dans la pièce principale, là où quelques instants plus tôt, elles partageaient un café avec leur gendre.
L’expertise balistique a révélé que l’accusé, H.R., n’a laissé aucune chance à ses victimes. En vidant la totalité de son chargeur de pistolet automatique (25 balles), il a tiré de manière systématique sur son épouse, ses beaux-parents et son jeune beau-frère. Les impacts de balles relevés sur les murs et le mobilier témoignent de la trajectoire meurtrière des projectiles, tirés à bout portant dans un espace clos, transformant une médiation familiale en exécution de masse.
L’enjeu central du procès reposait sur la qualification des faits : crime passionnel impulsif ou assassinat prémédité ? La Cour a tranché en faveur de la préméditation pour plusieurs raisons factuelles :
Le policier a quitté son poste à la sûreté de la wilaya d’Annaba pour parcourir plusieurs centaines de kilomètres jusqu’à M’Sila, en emportant son arme de service chargée. Le fait d’avoir utilisé l’intégralité des munitions disponibles indique une volonté déterminée d’éliminer toutes les personnes présentes.
Immédiatement après avoir commis le quadruple meurtre, l’individu ne s’est pas enfui. Il s’est rendu calmement au commissariat du 4ème arrondissement, situé à proximité, pour se constituer prisonnier, démontrant une pleine conscience de ses actes.
Les mobiles : Une rupture conjugale non acceptée
Lors de l’interrogatoire, l’accusé a tenté de justifier son geste par un état de « colère hystérique ». Le conflit tournait autour du refus de son épouse de retourner vivre avec lui à Annaba. Cette dernière avait rejoint le domicile parental à M’Sila suite à des différends répétés.
Le matin du drame, alors que la belle-famille tentait de négocier les conditions d’un éventuel retour ou d’une séparation, l’homme a perçu le soutien des parents à leur fille comme un affront personnel. C’est à ce moment précis qu’il a sorti son arme, mettant fin à la discussion par les armes. Le fils aîné de la famille est l’unique survivant de cette lignée, sauvé uniquement par son absence fortuite du domicile au moment des tirs.
Après un premier jugement et un pourvoi en cassation, la Cour de M’Sila a confirmé la sentence maximale : la peine de mort. Bien que l’Algérie applique un moratoire sur les exécutions depuis 1993, cette condamnation symbolise la gravité extrême des faits, particulièrement pour un agent dépositaire de l’autorité publique censé protéger les citoyens avec son arme de service, et non l’utiliser à des fins de vengeance privée.
