Le cas Hadj Aïssa a fait couler beaucoup d’encre. Hier, le Dr Yacine Zerguini, président de la Commission médicale de la FAF, a levé le voile sur cette affaire et donné les explications que tout le monde attendait.
Sollicité par un groupe de journalistes qui voulaient son éclairage sur l’affaire Hadj Aïssa, le Dr Yacine Zerguini a aimablement répondu à l’attente, hier, en animant une conférence de presse en son domicile. «Je réponds aux gens qui m’ont demandé et, surtout, parce que j’ai relevé ces derniers jours que les articles de presse partaient dans tous les sens lorsqu’ils traitaient du domaine médical», a commencé par dire le Dr Zerguini.
Puis pour bien aborder la question brûlante, il a tenu à faire un rappel indispensable du dispositif qu’il a mis en place et qui a permis, entre autres, de prendre dans les mailles du filet le cas du joueur de l’ESS
L’anomalie tombe dans les mailles d’un filet dénommé PCMA
«Depuis deux ans, le dossier médical du footballeur est standardisé. C’est un dossier qui fait une évaluation médicale précompétitive et qui est dénommé PCMA, en anglais.
Il y a une semaine, la proposition de la FIFA suggère de rendre obligatoire le PCMA qui contient tous les éléments biologiques, radiologiques et autres paramètres indispensables qui permettent d’établir l’aptitude du joueur. Aujourd’hui, 80 % des joueurs des trois paliers des championnats d’Algérie ont un dossier PCMA type», a expliqué le conférencier avant de poursuivre en apportant une précision de taille : «Le certificat d’aptitude du joueur est établi par le médecin du club qui en est donc responsable. Il est également paraphé par le président du club.
Tous les éléments PCMA sont ensuite gardés au niveau du club employeur qui est, cependant, tenu de présenter chaque pièce lors de contrôle effectué par la structure que je préside.» Le Dr Zerguini explique que c’est lorsqu’il a eu à contrôler les dossiers médicaux des formations de Ligue 1, dont celui de l’ESS donc, que l’anomalie concernant la santé de Hadj Aïssa a été évoquée, en compagnie du médecin de l’Entente.
«Informé deux jours avant le match JSMB-ESS»
«Cela s’est passé deux jours avant le match JSMB-ESS. Le médecin de l’Entente m’a informé que le cardiologue ayant examiné Hadj Aïssa avait émis une réserve. Il devenait dès lors impératif de la lever. C’est ainsi qu’on a pris la décision de transférer le joueur en Suisse pour effectuer des examens approfondis et avoir des avis d’éminents spécialistes au sein d’une structure médicale FIFA à Zurich. On a fait le voyage ensemble et le joueur a été soumis à toute une batterie d’investigations.» Qui ont donné lieu à quelles conclusions ? C’est la question essentielle qu’on se posait au moment où le docteur Zerguini livrait son témoignage.
«Les investigations en Suisse n’ont rien montré. Mais… »
La réponse, même si elle est en grande partie rassurante, continue néanmoins d’entretenir le suspense : «Toutes les investigations n’ont rien montré d’anormal. Mais on est dans l’impossibilité d’affirmer avec certitude si le joueur ne risque rien. Le doute persiste donc et on doit le lever. On continue de solliciter des spécialistes afin de pouvoir trancher.
A ce titre, je peux vous apprendre que je suis en contact permanent avec deux grands spécialistes en la matière. Il s’agit du Dr Corrado de Padou et du Dr Pelliccia de Rome qui exercent dans un centre d’excellence FIFA et qui font des échanges avec le centre d’excellence FIFA d’Alger que je préside. Récemment, ce dernier m’a adressé un mail disant : à ta place, je n’arrêterais pas les investigations. C’est vous dire à quel point la question est difficile.»
«C’est comme le cas de Loïc Rémy, le joueur de l’OM»
Pour étayer son propos, le Dr Zerguini a indiqué que le cas de Hadj Aïssa est pratiquement le même que celui de Loïc Rémy, le joueur de l’O Marseille. Pour rappel, le recrutement de l’ancien attaquant de Nice Loïc Rémy a buté sur un fait inattendu : la visite médicale passée avant sa signature a révélé une anomalie sur une paroi du cœur.
Il n’a été autorisé à rejouer que lorsque tous les doutes ont été éliminés. «Rémy a vécu une situation identique. Il a été consulté par 6 cardiologues. C’est dire qu’il n’est pas toujours aisé de trancher», a en effet fait savoir le docteur Zerguini.
«Hadj Aïssa est suspendu à titre conservatoire»
On comprend, donc, que le prodige sétifien ne peut pas rechausser les crampons tant que la preuve de sa bonne santé n’est pas apportée. Le docteur Zerguini le dit d’ailleurs sans ambages : «Hadj Aïssa est entre les meilleures mains du monde mais, tant qu’on n’a pas le feu vert des spécialistes, on ne peut pas prendre le risque de l’autoriser à reprendre. Hadj Aïssa est, pour ainsi dire, suspendu à titre conservatoire.» La sentence est tombée, elle explique pourquoi le joueur s’est emmuré dans le silence refoulant toutes les sollicitations des médias. Hadj Aïssa reste aujourd’hui suspendu au verdict des spécialistes, pas ceux du sport qui reconnaissent depuis longtemps son talent, mais ceux de la cardiologie qui n’arrivent pas à trancher malgré toutes les avancées de la science. Frappé en plein cœur, Hadj Aïssa doit maintenant attendre et prendre son mal en patience.
