Douze ans après son ouverture du capital, Le complexe d’El Hadjar nationalisé

Douze ans après son ouverture du capital, Le complexe d’El Hadjar nationalisé

Le Conseil de participation d’Etat (CPE) aura prochainement à approuver le dossier de la renationalisation du complexe d’El Hadjar pour lequel une synthèse de la feuille de route a été arrêtée par le groupe de négociation ayant réuni le ministère de l’Industrie – Sider – et l’actionnaire majoritaire indien ArcelorMittal.

Plus d’une année après la formulation de l’éventuelle nationalisation du complexe sidérurgique d’El Hadjar, suite à l’annonce de cessation de paiement du complexe faite par le groupe ArcelorMittal en janvier 2012, tel que l’avait auguré le Jour d’Algérie dans son édition du 10 janvier de l’année dernière, le chemin de la re-nationalisation de ce qui fut à une époque le fleuron de l’industrie nationale se précise de plus en plus, puisque actuellement le dossier se trouve sur le bureau du CPE pour sa validation.

La renationalisation du complexe sera réalisée dans le cadre de la règle des 51/49 régissant l’investissement étranger en Algérie, faisant que 51% des actifs sont désormais détenus par l’Etat algérien repartis entre 46% des actifs groupe Sider et 5% des actifs FNI (fonds national d’investissement). Les 49% restants des actifs sont revenus au groupe ArcelorMittal.

En termes d’injection de cash au capital, 100 millions de dollars sont déboursés par le groupe Sider, donc l’Etat Algérien, et 56 millions de dollars représentent l’apport du géant mondial de l’acier, ArcelorMittal.

En outre, le plan de développement du complexe sera financé par l’apport de 700 millions de dollars de la BEA, sur la base d’un échéancier et en fonction de la réalisation du plan 2014/2017. A ce propos, dans un communiqué faisant part de cette feuille de route arrêtée par le groupe de négociation et considérée à juste titre comme «un élément capital dans la stratégie sidérurgique en Algérie», Smain Kouadria, ex-SG du syndicat d’entreprise du complexe et actuellement député a l’Assemblée populaire nationale, membre permanent de la commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie, du commerce et de la planification, indiquera que «cette feuille de route s’inscrit dans le cadre de la politique de développement industriel du pays», notamment pour ce qui est de couvrir les besoins domestiques estimés. Actuellement, 80% des besoins en acier sont importés avec un besoin grandissant.

En 2012, l’Algérie a importé pour 10 milliard de dollars de produits sidérurgiques. Aussi, cette feuille de route viendra-t-elle pérenniser et développer l’activité du complexe d’El Hadjar au vu des besoins croissants d’acier en Algérie qui entend assurer son autosuffisance en matière de production sidérurgique, et dont les besoins sont respectivement évalués à 5 millions de tonnes en 2020 et 8 millions de tonnes en 2030.

Il s’agit également, poursuivra-t-il, d’assurer une balance devises positive, de créer des emplois qualifiés et durables, et d’investissement productif dans un secteur stratégique qui est l’acier, plate-forme de développement de toute activité industrielle. En somme, l’objectif de cette feuille de route est «de transformer l’avenir du complexe en une usine de production pérenne dans l’intérêt de tous (actionnaires, salariés, sous-traitants) in fine pour l’économie algérienne», soulignera-t-il, affirmant qu’en 2017 le complexe sera en pleine capacité de production estimée à 2,2 millions de tonnes d’acier.

Pour rappel, en janvier 2012, le gouvernement, par la voix de Ahmed Ouyahia, alors Premier ministre, a clairement promis d’intervenir pour empêcher la liquidation du complexe d’El Hadjar, symbole de l’industrie nationale, fortement fragilisé ces dernières années par une situation industrielle et financière en dégradation.

En avril dernier, le gouvernement s’est prononcé favorablement pour le financement à hauteur de 51%, le montant de l’investissement estimé à 1 milliard de dollars pour l’augmentation, par ArcelorMittal, de la capacité de production d’acier du complexe sidérurgique d’El Hadjar à 2,2 millions de tonnes par an.

C’est en 2001 que la société Ispat, qui deviendra Mittal, a repris les rênes du complexe sidérurgique. Si durant les premières années la production a augmenté, elle est retombeé cependant à des niveaux très bas dès 2007. Aujourd’hui, la filiale Algérie d’ArcelorMittal a le taux de productivité le plus faible de toutes les filiales du groupe indien. L’entreprise, qui affirme être en difficulté financière, ne parvient plus à payer les factures ni à verser les salaires.

Par Lynda Naili Bourebrab