Les scandales financiers d’envergure qui avaient secoué la douane algérienne semblent avoir produit des ondes qui sont arrivées jusqu’à la présidence de la République.
Saisie par le ministère des Finances, l’inspection générale des finances (IGF) s’apprêterait à entrer en action. Les motivations de ce branle-bas de combat ne manqueraient pas. Nous apprenons de source bien informée que la présidence de la République a réagi de façon «énergique»
dans l’affaire des 250 millions de dollars américains perdus par l’Algérie après que la société américaine Pektal, spécialisée dans le forage de puits de pétrole et appartenant à l’ancien vice-président américain Dick Cheney, a piétiné la réglementation de l’agence nationale de développement de l’investissement (ANDI).
L’affaire, révélée par notre journal dans l’une de ses précédentes éditions aurait, ajoute la source, suscité la colère de Karim Djoudi, ministre des Finances. Nos sources n’écartent pas qu’une équipe d’inspecteurs de l’IGF soit dépêchée pour entamer les investigations nécessaires sur cette affaire et bien d’autres. Nous apprenons aussi de sources sûres que la véracité de l’information révélée par notre journal a été établie lorsque la direction générale des douanes a demandé les fiches d’inspection du parc de matériel de la société américaine Pektal.
La société de Dick Cheney, qui a investi 1 milliard de dollars en matériels de forage de puits de pétrole, a bénéficié de l’exempt de paiement de 25% de la somme investie (250 millions de dollars américains) représentant les cautions douanières. Mais, conformément à la législation de l’ANDI, la société ne devait pas louer son matériel à d’autres sociétés.
Clause qui n’a pas été respectée puisque des inspections douanières ont découvert que la société américaine Pektal louait son matériel à d’autres sociétés de forage de puits de pétrole dans des wilayas du sud du pays. Mystérieusement, le dossier de cette affaire est resté «dissimulé» dans un tiroir du service contentieux de la direction générale des douanes algériennes et les mesures prévues par la loi en la matière n’avaient pas été prises.
Ce qui est considéré comme un «scandale» par nos sources. L’équipe de l’IGF qui sera dépêchée à la direction générale des douanes enquêtera sur cette affaire et d’autres, est-il expliqué. Par ailleurs, et concernant une autre affaire révélée par notre journal, 13 syndicalistes des douanes ont confirmé l’information selon laquelle les douanes sont secouées par un autre scandale, relatif cette fois à l’importation de 170 containers contenant des moteurs de climatiseurs de marque peu utilisée en Algérie, et le transfert de près de 30 millions de dollars américains à partir d’une agence de banque française.
Les containers sont entrés à partir du port de Annaba, au nom d’un jeune homme de 27 ans, au nom duquel près de 30 millions de dollars américains ont été transférés à partir d’une agence de banque française à Constantine.
Les enquêteurs soupçonnent que l’importation de ces containers serait une «couverture pour le transfert illégal de cette somme». Ils soupçonnent, d’autre part, que l’importateur de 27 ans serait un prête-nom.
Ce dernier a obtenu un registre du commerce fin 2010 et les 170 containers importés en Algérie en l’espace de seulement quatre mois, est-il ajouté. Ce qui n’a, pour des raisons ignorées, pas suscité de soupçons chez des douaniers, d’autant plus que l’importateur présumé ne possédait pas une usine «justifiant» les importations faites.
Treize syndicalistes des douanes qui ont confirmé le scandale seraient menacés de suspension par la direction générale des douanes, à la demande de la Fédération nationale des travailleurs des douanes, dont une assemblée générale était programmée hier pour concrétiser cette forme de sanction.
Les 13 douaniers, auxquels il est reproché d’avoir «brisé la loi de l’omerta», dénoncent des agissements «portant atteinte à l’économie nationale», accusant certains de leurs collègues de s’être adonnés à des pratiques punies par la loi. Le secrétaire général de UGTA, exprimant sa colère contre la décision de suspension des 13 fonctionnaires des douanes, serait intervenu pour annuler la tenue de l’assemblée.
Par Mounir Abi