Les partis politiques, toutes tendances confondues, qui ont de prime abord été surpris par l’ampleur des manifestations qui ont traversé toute l’Algérie le week end dernier, se sont engouffrés dans cette brèche allant chacun de sa position.
Des positions qui démontrent une fois de plus que la classe politique est grosso modo divisée en deux camps, l’un incarné par les partis de l’Alliance présidentielle aéré au pouvoir et l’autre fait dans l’opposition.
Cette dernière a, à la faveur de ces émeutes, trouvé matière à monter au créneau. Comme « revigorée » et « boostée » par cette révolte des jeunes, l’opposition, qui s’est depuis longtemps éclipsée de la scène, tente de nouveau de faire entendre sa voix. A l’évidence, les partis qui se sont exprimés n’ont pas manqué de descendre en flammes le gouvernement accusé d’être le seul responsable du déclenchement de ces émeutes qui ont fait, rappelons-le, selon un bilan officiel, 4 morts et des centaines de blessés. Le FFS, le RCD le FNA ainsi que les mouvements Ennahda et El Islah ont, à quelques nuances près, pris le parti de la jeunesse et pris à partie le gouvernement. Ennahda et le RCD ont ainsi demandé l’ouverture d’un débat au niveau du Parlement. Allant encore plus loin, le parti du Dr Said Sadi a revendiqué la tenue d’élections générales estimant que c’est le seul moyen de transcender cette impasse.« La fermeture de tout espace d’expression et d’organisation autonomes ne laisse que l’émeute et la rue comme moyen et place pour la contestation » dit encore le RCD qui, ainsi, impute la responsabilité au gouvernement qui a fermé tous les espaces d’expression plurielle. Cette position est aussi partagée par les autres partis, comme le FFS ou le mouvement Ennahda. Ainsi le parti de Hocine Ait Ahmed n’a pas manqué de plaider avec force en faveur de « mesures d’ouverture politique comme la levée de l’état d’urgence, le rétablissement des libertés civiles, l’ouverture du champ médiatique et la garantie des droits d’association et de manifestation ».
En somme, ces partis d’opposition reprennent de vielles revendications puisqu’ils ont de tout temps reproché au pouvoir d’avoir fermer les différents canaux d’expression et tout particulièrement la télévision nationale.
Ces événements vont-ils pousser le gouvernement à répondre favorablement aux doléances de l’opposition ? Cette éventualité n’est pas à écarter ce d’autant que le ministre de la Communication et de l’Information y a fait clairement allusion quelques jours seulement avant ces émeutes. Et même le Parti des travailleurs, qui ne manque pas d’apporter son soutien au gouvernement sur de nombreux dossiers, formule la même préoccupation. « Le déficit en communication entre les canaux officiels, les médias lourds et les jeunes constitue un véritable danger pour la stabilité du pays» a, en effet, souligné Louisa Hanoune. Ces positions contrastent beaucoup avec celles exprimées par les partis de l’Alliance présidentielle. Le FLN, le RND et le MSP ont, en effet, une autre lecture des événements. Le RND, dont le secrétaire général n’est autre que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a, d’emblée, pointé un doigt accusateur en direction de certaines parties qu’il a qualifiées de « lobbies d’intérêts ». Pour les responsables de ce parti, les jeunes ont été manipulés par les tenants du marché informel et les barons de la spéculation.
Le FLN s’est juste contenté de dénoncer le « vandalisme et les actes de pillage » sans aller jusqu’à se prononcer sur les réelles préoccupations et les messages lancés par les jeunes au cours des événements. Le vieux parti, de loin la première force politique du pays, n’a-t-il pas saisi le sens de cette révolte ? Auquel cas ce serait d’une grande gravité ce d’autant que le FLN ne cache pas sa volonté de s’ouvrir à cette frange de la population.