La polémique enfle autour des cas de dopage apparus en Russie, notamment après la suspension d’une de ses icones sportives, Maria Sharapova, testée positive au meldonium, produit prohibé depuis janvier 2016 mais considéré « non dopant » par l’inventeur du médicament.
Sept sportifs russes ont été contrôlés positifs au meldonium, ces derniers jours poussant Moscou à demander des explications à l’Agence mondiale antidopage (AMA).
« Lorsqu’une vague d’interdictions et d’accusations s’abat sur les grands sportifs, cela soulève beaucoup de questions. Qui plus est, tout de suite après que le meldonium, substance ordinaire dont se servent des athlètes et des personnes souffrant d’insuffisance cardio-vasculaire, soit reconnu comme produit dopant », a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov.
« D’après le chef de la diplomatie russe, ces questions professionnelles impliquent des réponses appropriées. M. Lavrov suggère que l’AMA a des raisons convaincantes que la Russie et la communauté scientifique ignorent », écrit Sputnik.

De son côté, l’inventeur du médicament, le professeur letton Ivars Kalvins, explique que ce médicament a été « découvert en 1984 et existe sur le marché depuis déjà 32 ans. Pendant tout ce temps, il n’y a pas eu de doutes quant au fait que ce médicament est très efficace pour les maladies cardio-vasculaires. C’est l’un des médicaments les plus répandus dans les pays de l’ex-Union soviétique », a affirmé à la presse locale.
En revanche, dans l’autre camp, celui de l’AMA, on soutient que cette substance est utilisée par certains sportifs pour améliorer le métabolisme intracellulaire et aider l’organisme à accroître son endurance face aux importantes charges physiques lors des entraînements et au stress psychologique lors des compétitions.
L’inventeur crie au « complot »
« L’effet principal du meldonium est de ralentir l’expansion des cellules mortes en cas de lésion du myocarde », explique encore Ivars Kalvins, auteur de près de 300 brevets. « Il permet également à l’athlète de suivre des entraînements très difficiles, sans endommager son cœur au cas où il dépasse les limites du corps humain ».
« Si vous utilisez des produits dopants, vous pouvez immédiatement accroître vos performances, vos capacités, ce qui n’est pas le cas du meldonium », a-t-il ajouté.
Le professeur Kalvins va plus loin en déclarant à Russia Today que le meldonium est qualifié de produit dopant « soit à cause de l’aggravation des relations Est-Ouest, soit sur influence d’entreprises pharmaceutiques qui aimeraient le voir disparaître du marché. »
Selon le media Sputnik, une source anonyme au sein de l’Agence antidopage américaine (USADA) a confié à l’édition américaine USA Today que c’était l’USADA qui avait pris l’initiative d’inclure le meldonium dans la liste des substances interdites par l’AMA.
Coup dur pour le sport russe
A cinq mois environ des jeux Olympiques-2016 de Rio, le sport russe accuse un coup sévère, suite à cette série de cas de dopage qui a touché quelques-uns de ses champions.
La presse s’attend à d’autres contrôles positifs au meldonium. Selon la presse russe, le porte-parole de l’AMA, Ben Nichols, a expliqué au journal américain The New York Times que le nombre de sportifs contrôlés positifs à ce produit risquait « encore d’augmenter », alors que le directeur de l’AMA David Howman dit ne pas être surpris : « Lorsqu’un nouveau produit est inscrit sur la liste, beaucoup de sportifs sont contrôlés positifs ».
Outre Sharapova, 27 ans et une des sportives les mieux payées au monde, d’autres champions russes ont été épinglés pour dopage au meldonium, à l’image de Pavel Kulizhnikov, cinq fois champion du monde en patinage de vitesse sur longue piste, Ekaterina Bobrova, championne olympique de patinage artistique en 2014 (JO d’hiver à Sotchi) et le volleyeur de la sélection nationale Alexander Markin.