Les enquêtes et les données publiées par l’Office national des statistiques (ONS) respectent-elles les préceptes méthodologiques rigoureux de cette science si nécessaire au développement du pays ?
Les enquêtes et les données publiées par l’Office national des statistiques (ONS) respectent-elles les préceptes méthodologiques rigoureux de cette science si nécessaire au développement du pays ? Ou seraient-elles uniquement des acrobaties «numérologiques» infondées, que le gouvernement utilise pour distiller exclusivement les données qui accréditent ses choix et ses orientations ?
Les élus du parlement restent sceptiques et déclarent ne pas croire aux taux officiels avancés dans le cadre des enquêtes sur le chômage et l’emploi en Algérie.
Même attitude est relevée chez le président de l’Association de sauvegarde de la jeunesse, Yacine Mechta, qui avait mis à l’index les chiffres du chômage en déclarant que le vrai taux est plus important que celui avancé par l’Etat. «Ce dernier ne reflète aucunement la réalité tout en soulignant qu’il n’y a pas de statistiques fiables concernant le chômage en Algérie, et ce, en mettant en cause les dispositifs des autorités quant à l’aide et le soutien aux jeunes chômeurs lesquels ne croient plus aux promesses des pouvoirs publics», avait-il tonné.
A contrario, le directeur général de l’Office national des statistiques (ONS), Mounir Khaled Berrah, condamne de la sorte les «allégations », selon lui, de quelques associations nationales et d’organismes internationaux qui récusent la véracité des chiffres officiels algériens.
Il a déclaré avant-hier que les données statistiques officielles de l’Algérie sont reconnues par toutes les instances mondiales. «Les données statistiques officielles de l’Etat algérien font référence à des normes universelles et sont reconnues par les plus hautes instances internationales », a-t-il affirmé.
En extrapolant et en théorie, le taux de chômage que l’ONS ajusté à hauteur de 10 % n’a, pour le reste, convaincu personne parmi les élus de l’APN et encore moins les citoyens. Toutefois, le 1er responsable de l’ONS a avoué que des rapports et bilans enregistrent des déficiences et des lacunes, à cause du manque de coordination entre les différents organismes de l’Etat.
Selon lui, ces organismes délivrent souvent à l’ONS des informations inexactes sur leurs programmes, leurs plans d’actions et leurs bilans.
Intervenant devant les membres de la Commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie, du commerce et de la planification à l’APN, le même directeur a affirmé que l’Algérie, déjà membre au sein de plusieurs instances et organisations internationales en matière de statistiques comme le Système général de diffusion de données (SGDD), compte renforcer ses références de transparence en s’inscrivant prochainement à la Norme spéciale de diffusion de données (NSDD). «Cela démontre que les critères statistiques adoptés par l’Algérie font référence à des normes universelles et sont reconnues par de hautes institutions internationales à l’image du Fonds monétaire international (FMI) et le Bureau international de travail (BIT)», a-t-il scandé.
Selon le patron de l’ONS, la crédibilité des données diffusées par le système national des statistiques «n’a jamais été critiquée ou contestée à l’échelle internationale».
Il a ajouté que ces mêmes données sont reprises par des institutions internationales comme le FMI ou le BIT dans l’élaboration de leurs rapports ou notes de conjoncture. Interrogé par des membres de la Commission sur la méthodologie de collecte d’informations statistiques nationales, M. Berrah a expliqué que les chiffres produits par l’Office «sont calculés sur la base d’enquêtes menées auprès d’échantillons représentatifs à travers le territoire national».
Les chiffres et données relatifs, entre autres, à la situation socio-économique du pays (PIB, inflation, emploi, chômage) ont été élaborés à travers cette méthodologie, a-t-il expliqué.
Il faut savoir que le SGDD a été créé par le FMI en 1997 pour les pays membres dotés de systèmes statistiques moins développés afin de servir de cadre pour évaluer les améliorations nécessaires des données statistiques.
Quant à la NSDD, elle a été mise en place en 1996 pour aider les pays membres du Fonds qui ont accès aux marchés internationaux de capitaux à communiquer des données économiques et financières au public.
L’ONS a besoin d’effectif
Actuellement, l’ONS qui compte quatre directions régionales (Alger, Oran, Constantine et Ouargla) et deux bureaux locaux (Annaba et Béchar), emploie 556 cadres et agents en plus de jeunes universitaires engagés à l’occasion de grands recensements et enquêtes comme le Recensement général de la population et de l’habitat en 2008 (RGPH), a indiqué M. Berrah. Selon lui, le nombre actuel d’employés demeure insuffisant par rapport à l’envergure des missions assignées à l’Office.