Sauf fiasco collectif de tous les instituts de sondage, les deux finalistes sont connus : le second tour opposera François Hollande et Nicolas Sarkozy, même si le véritable vainqueur pourrait être l’abstention, prévue à environ 30%. Les jeux ne sont-ils pas déjà faits avant que la partie ne se termine ? Le doute s’était propagé dans son clan la veille de ce premier tour des élections. Pour la presse française, le second tour du 6 mai serait déjà plié. Mais Nicolas Sarkozy veut croire qu’il peut encore renverser la vapeur entre les deux tours.
Il lui faudrait une sacrée baraka. Le président sortant aura joué son va-tout auprès des centristes après avoir jeté le tapis rouge sous les pieds de l’ultra droite abreuvée à la fontaine raciste, xénophobe et islamophobe du lepénisme, dragué les harkis et leurs enfants en faisant acte de repentance sur l’abandon de leurs frères en Algérie et la condition de sous-hommes qu’ils ont eu à subir dans le pays des Lumières et des droits de l’homme. Malgré tout ça, les curseurs des sondages ne se sont nullement affolés. La rafale de prévisions de la dernière semaine avant ce dimanche, n’incline toujours pas à l’optimisme sur ses chances de réélection. Conscient de ne pas avoir le vent en poupe et bien que la campagne électorale lui ait rogné les ailes, Nicolas Sarkozy, il faut le lui reconnaître, s’est battu jusqu’au bout. Il a même cogné avec rage quant il voyait son rival socialiste plein d’aisance tranquille. La retenue et l’humour en plus. Le locataire de l’Élysée en sursis, lui paraissait au fur et à mesure que le 22 avril se rapprochait plus tendu même s’il maugréait avec son cynisme ravalé : “Les sondages, je m’en moque”. À 24 heures du premier tour, il voulait croire et persuader que la donne pouvait changer entre les deux tours, lorsqu’ils ne seront plus que deux candidats sur le starting-blocks. Les temps de parole libérés, le président-candidat pourra se redéployer, et les Français, espère-t-il, verront la différence ! Faisant feu de tout bois, Nicolas Sarkozy aura bouclé la première manche de sa campagne au pas de course sur une offensive tous azimuts. Contre l’irresponsabilité du député de Corrèze, qui mettra la France sous un nouvel ordre socialiste sous influence mélenchoniste. Contre Eva Joly qui porte des accusations scandaleuses qui ne s’est pas gênée pour énumérer les affaires dans lesquelles Nicolas Sarkozy est cité et qui sont sous le coude de la justice. Il a proposé l’union au centriste François Bayrou. Il a jardiné sans retenue sur les terres de Marine Le Pen en stigmatisant de façon obsessionnelles les immigrés du sud de la Méditerranée et l’islam. En effet, s’il était parvenu à obtenir le soutien de Bayrou et à améliorer les reports de voix de Marine Le Pen, tout serait encore jouable pour lui. Mais, son hypothèse est compromise par le gisement de voix de Jean-Luc Mélenchon qui va se reporter sur le candidat socialiste. Et puis, les indécis, très nombreux, n’étaient jusqu’à samedi acquis à sa réélection. Pas du tout. D’ailleurs, ces présidentielles sont considérées par les Français comme une sorte de référendum : voter pour ou contre Nicolas Sarkozy ! Reste néanmoins le coup inattendu d’entre les deux tours, l’événement non prévisible… Tout est toujours possible en politique.
D. B