Donald Trump a admis ce jeudi 11 mai que l’enquête sur son équipe de campagne et de potentielles collusions avec la Russie était l’une des raisons qui l’avait poussé à renvoyer le directeur du FBI James Comey le 9 mai.
Dans une interview filmée et diffusée sur NBC, le président américain a reconnu qu’il avait l’affaire avec la Russie en tête quand il a pris la décision de le limoger: « En fait quand je me suis décidé, je me suis dit: ‘cette histoire avec la Russie, Trump et la Russie, c’est une invention’ ».
Une raison qui va à l’encontre de celle donnée par le ministère de la Justice ou les porte-paroles de la Maison Blanche, qui mettaient en avant la mauvaise gestion de James Comey de l’enquête sur la messagerie électronique de Hillary Clinton pendant la campagne présidentielle, et qui vient confirmer les craintes des démocrates et certains républicains.
« Mais est-ce que quelqu’un croit sérieusement que Donald Trump a renvoyé l’homme à la tête de l’enquête sur ses liens avec la Russie parce qu’il a été injuste envers Hillary? » avait notamment tempêté Elizabeth Warren, sénatrice devenue une figure de la gauche anti-Trump.
Trump voulait un patron du FBI « loyal »
Trump a aussi admis pendant cet entretien qu’il avait demandé trois fois au désormais ex-directeur du FBI s’il était visé par une enquête, une intervention pouvant être interprétée comme une tentative d’interférence ou d’intimidation.
« Je lui ai demandé », a dit le président, rapportant deux conversations téléphoniques. « J’ai dit: ‘Si c’est possible, pouvez-vous me dire s’il y a une enquête sur moi ?’ Il a dit qu’il n’y avait pas d’enquête sur moi », a-t-il expliqué, en référence aux investigations en cours sur des liens entre des proches du président américain et la Russie durant la campagne électorale de 2016.
Selon Donald Trump, les deux hommes en avaient parlé une première fois lors d’un « dîner très sympa » organisé à la demande de Comey. « Il voulait rester le chef du FBI et j’ai dit que j’y réfléchirai », a raconté Trump. « Et ce jour-là il m’a dit que je n’étais pas visé par une enquête, ce que je savais déjà de toute façon ».
Du point de vue juridique, ces propos peuvent s’apparenter à des pressions du président sur le patron du FBI. Poser cette question « pourrait s’apparenter à une tentative de corruption (…) ou tout au moins d’une obstruction de la justice dans laquelle Comey aurait été idiot de tomber en offrant l’assurance » que Donald Trump n’était pas visé par l’enquête, explique la juriste Laurence Tribe interrogée par l’AFP.
Ce dîner n’a cependant pas été vécu de la même façon par James Comey. Le New York Times rapporte en effet que le désormais ex-directeur du FBI n’a pas demandé à organiser la rencontre mais a été invité à se rendre à la Maison Blanche pour un repas avec le président une semaine après son investiture.
Alors qu’ils discutaient de l’élection et de la taille de la foule aux différents meetings du républicain, Trump aurait demandé à Comey qu’il lui promette d’être « loyal ». Ce à quoi le patron du FBI aurait répondu qu’il ne pouvait pas faire ce genre de promesse mais qu’il lui jurait d’être « honnête ». Une différence que le président n’aurait pas vraiment appréciée, selon deux sources du quotidien.
Les directeurs du FBI sont justement nommés par un président -et approuvé par le Congrès- pour un mandat de 10 ans afin d’éviter de changer au gré des élections et d’apparaître comme étant partiaux.