Dominique Strauss-Kahn aujourd’hui à Alger, Le FMI courtise l’Algérie

Dominique Strauss-Kahn aujourd’hui à Alger, Le FMI courtise l’Algérie

La visite en Algérie du directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, aujourd’hui et demain, devrait être l’occasion de relancer le dossier de l’achat des obligations.

Sachant que le FMI a programmé une réunion vendredi de son conseil d’administration pour discuter du doublement de son capital, il est fort à parier que la visite de son directeur général portera surtout sur la demande formulée auparavant pour l’achat d’obligations par l’Algérie.

On se rappelle que lors du sommet du G20, tenu en avril 2009 à Londres, au plus fort de la crise, le FMI avait exprimé un grand besoin de liquidités pour venir en aide aux pays les plus touchés par la crise économique.

A ce titre, les chefs d’Etat et de gouvernement des 20 pays riches et émergents s’étaient engagés à apporter 500 milliards de dollars au FMI. Le principe étant que l’Etat membre signe un accord d’achat de titres avec le FMI. L’émission de ces obligations serait libellée dans l’unité de compte du Fonds monétaire, les droits de tirage spéciaux ou DTS, dont la valeur est déterminée par un panier de quatre monnaies.

A l’époque, trois pays avaient tout de suite exprimé un intérêt pour l’achat de ces titres : la Chine pour 50 milliards de dollars, la Russie pour 10 et le Brésil pour 10 aussi. On se rappelle que le FMI avait sollicité l’Algérie, vu qu’elle disposait de réserves de change qui avaient atteint 144,3 milliards de dollars à la fin juin 2009.

Dans une déclaration à la presse en août 2009, le ministre des Finances, Karim Djoudi, avait déclaré que l’Algérie étudiait l’offre qui lui a été faite pour l’achat d’obligations du FMI.

«C’est une demande exprimée par le Fonds monétaire, elle accompagne le satisfecit qu’il accorde à l’Algérie», a-t-il indiqué, estimant que «les obligations du FMI sont plus rentables que les bons du Trésor américain.» Officiellement» l’Algérie est en train d’étudier la demande», a-t-il affirmé.

Au mois d’octobre, le ministre a confirmé l’étude de la demande en avançant certaines conditions émises par l’Algérie pour cette opération.

La possibilité est «toujours à l’étude», avait indiqué le ministre des Finances. Et d’ajouter : «Nous sommes très pragmatiques sur cette question.

Ce qui conduit notre gestion des réserves de change sont la sécurité et la liquidité. Si nos actifs sont sécurisés et si nous pouvons les retirer à tout moment, nous pouvons travailler avec ces institutions.» Il a aussi confirmé que le FMI avait officiellement sollicité l’Algérie pour acheter ses obligations.

Cette demande du FMI constitue une sorte de revanche, pour l’histoire, puisque dans les années 1990, l’Algérie avait été obligée par le FMI d’adopter un programme d’ajustement structurel qui avait fait dissoudre des centaines d’entreprises et fait perdre 400 000 emplois, tandis que le terrorisme faisait rage. Le programme du FMI conjugué aux destructions causées par les actions du terrorisme ont fait pratiquement disparaître le tissu industriel.

Si en 2009, le climat de la négociation était sans nuage, une lettre du FMI au début de l’année 2010 au gouvernement algérien lui demandant de revenir sur certaines décisions de la loi de finances, notamment «la levée de l’interdiction du crédit à la consommation» concernant l’achat des véhicules a assombri le climat.

Le ministre des Finances abordant le sujet avait répondu publiquement : «Nous sommes souverains dans notre politique économique», précisant que la mesure était irréversible.

Profitant de l’occasion, le ministre a confirmé que «jusqu’à présent, aucune décision n’a été prise» à propos de l’achat des obligations du FMI. C’était en mars 2010. Les réserves de change, évaluées à fin juillet 2010, se sont positionnées à 150,294 milliards de dollars US et elles ont rapporté 4,459 milliards de dollars en 2009.

Liès Sahar