Après la déculottée des Verts à Marrakech le 4 juin dernier contre le Maroc (4-0), les dirigeants de la FAF (Fédération algérienne de football) tentent de faire diversion en annonçant l’arrivée d’une « grosse pointure » à la tête de la sélection nationale. Il faut croire que le stratagème du président de la FAF, Mohamed Raouraoua, fonctionne bien. Oubliée la raclée subie au Maroc, relégués les errements de la fédération, occultée la gestion catastrophique de l’équipe nationale depuis le mondial sud-africain de 2010. La quête de la grosse, grosse pointure occupe tous les esprits.
Aujourd’hui, on discoure sur le profil de cette grosse pointure qui dirigea les Verts. Le français Raymond Domenech qui n’a jamais gagné un titre comme entraineur ? L’autre français Paul Le Guen qui a déjà signé pour l’équipe nationale d’Oman ? L’italien Marcello Lippi, vainqueur de la Coupe du Monde de 2006 ? Le bosniaque Vahid Hallilhodzic ? Ou encore l’argentin Oscar Fullone.
On confabule, on conjecture, on spécule sur le nom du futur sélectionneur en entretenant un faux suspense dont le but évident est détourner l’attention sur l’ère calamiteuse de Mohamed Raouraoua.
Une grosse pointure pour l’équipe nationale ? Parce que « le général » Abdelhak Benchikha, le seul à avoir le courage, que dis-je, le bon sens, de remettre sa démission après la défaite de Marrakech, ne l’était pas ? Sans doute pour Mohamed Raouraoua entre un technicien de haut niveau et une grosse pointure, y a-t-il une différence de taille.
Pourtant, Benchikha a été présenté comme un technicien de « haut niveau » par cette même FAF qui l’avait nommé en septembre 2010 en remplacement de Rabah Saâdane démissionnaire.
Relisons le communiqué de la fédération daté du 13 septembre 2010, il est édifiant : « Cette nomination [celle de Benchikha, NDLR] répond au souci de la Fédération de faire confiance aux techniciens Algériens de haut niveau d’une part et à celui d’assurer d’autre part la stabilité de l’encadrement de l’Equipe Nationale au moment où celle-ci se trouve en pleine phase de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations – CAN- 2012 ».
Moins de dix mois après sa nomination, Benchikha est transformé en pitre dégalonné, un loser qui a dilapidé le capital des Fennecs et hypothéqué sérieusement leurs chances d’aller en Coupe d’Afrique des Nations. Aussi plus question de faire confiance « aux techniciens algériens de haut niveau », il faut chercher « la grosse pointure » sous d’autres cieux.
Et celle-ci doit répondre à ces critères tels qu’ont été définis par Mohamed Raouroua : « Ce devra être une grosse pointure qui possède un palmarès éloquent et qui jouit d’une grande expérience internationale. Nous voulons offrir à notre équipe nationale un staff technique de très haut niveau, dirigé par un vrai coach, capable de prendre ce puzzle, le monter, afin d’en faire une machine à gagner. »
Bien sûr, pour cette raclée de Marrakech, comme pour le parcours désastreux des Verts au mondial d’Afrique du Sud (2 défaites, un match nul et zéro but inscrit), il n’est pas question que Mohamed Raouroua, grand patron du football algérien, rende des comptes. Lui et tous ses pairs de la FAF.
Il n’est pas question non plus d’expliquer à l’opinion algérienne pourquoi ce technicien de haut niveau qu’est Benchikha s’est avéré dix mois plus tard un très mauvais choix.
C’est que Mohamed Raouraoua, lui le grand parrain, le conducator, qui a su redorer le blason du football algérien en qualifiant l’Algérie à un Mondial après deux décennies de déshérence, lui donc est exempt de reproches.
Puissant patron de la FAF, trottant entre business, politique et sport, Mohamed Raouroua s’est taillé une telle stature qu’il en devient presque indécent de lui réclamer des comptes.
Alors à défaut de voir M. Rouaroua s’expliquer sur sa gestion piteuse du dossier de l’équipe nationale, amusons la galerie avec cette quête de la grosse pointure qui saura réhabiliter le bon football en Algérie, faire gagner les Fennecs et les réconcilier avec leurs fans.
Domenech, Lippi, Hallilhodic, Fullone, Courbis et pourquoi pas José Mourinho ou Alberto Pareira pendant que nous y sommes. L’essentiel est que l’on amuse le peuple avec ce feuilleton sur la « grosse pointure » en occultant le vrai débat sur la responsabilité de la FAF dans les mauvais résultats de l’équipe nationale.
Une question tout de même. Raymond Domenech, ex-sélectionneur de l’équipe de France, qui confirme par le biais de son agence de communication, Lamina.Conseil, avoir été approché par les dirigeants de la FAF, répond-t-il aux critères de la « grosse pointure au palmarès éloquent » tels que définis par Mohamed Raouraoua ?
Au cas où les dirigeants de la FAF l’ignoreraient, le palmarès de Raymond Domenech est aussi éloquent qu’un encéphalogramme plat….
Droit de suite : Pas de contact entre Raouraoua et Domenech
Le président de la Fédération algérienne de football (FAF) Mohamed Raouraoua a fermement démenti avoir approché l’entraîneur français Raymond Domenech pour le poste de sélectionneur national, dans une interview parue mardi 14 juin dans le quotidien algérien Liberté.
« Je tiens formellement à démentir cette allégation dont j’ignore franchement les motivations », a déclaré M. Raouraoua. « En tant que président de la Fédération algérienne de football, je n’ai jamais contacté Raymond Domenech pour le poste de sélectionneur de l’équipe d’Algérie », a-t-il ajouté.
Un communiqué de l’un des conseillers de M. Domenech envoyé hier indiquait que l’ex-sélectionneur français avait bien été approché par la FAF mais « n’a en aucun cas fait acte de candidature » pour devenir « l’entraîneur de l’équipe nationale ».
DNA a tenté de joindre Pascal Irastorza, responsable image à l’agence Laminak.Conseil qui gére la communication de Raymond Domenech, mais son téléphone ne répond pas.