Doha arrange un sommet entre Bouteflika et Abdeljalil, Jeux d’influence dans le monde arabe

Doha arrange un sommet entre Bouteflika et Abdeljalil, Jeux d’influence dans le monde arabe

Ce petit Emirat du Golfe joue le rôle de médiateur entre Alger et les nouvelles autorités libyennes. Aussi, le Président Bouteflika s’est entretenu hier à Doha avec le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Mustapha Abdeljalil, et l’Emir de l’Etat du Qatar, Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani.

En dehors des enjeux économiques du sommet du gaz ouvert hier à Doha, le déplacement du Président Bouteflika au Qatar s’inscrit beaucoup plus dans un cadre politique dicté par les événements que connaît la région arabe et celle du Maghreb au moment où le Qatar joue un rôle important dans la région.

Ce petit émirat du Golfe joue le rôle de médiateur entre Alger et les nouvelles autorités libyennes. Aussi, le président Bouteflika s’est entretenu hier à Doha avec le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Mustapha Abdeljalil et l’Emir de l’Etat du Qatar, Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani. Cette tripartite s’est déroulée en marge des travaux du 1er Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), selon l’APS, sans précisions sur les questions évoquées par le trois hommes. Une deuxième rencontre a eu lieu entre les trois hommes, cette fois à la résidence de l’Emir de l’Etat du Qatar. Il faut retenir que l’Emir du Qatar a participé aux deux rencontres. Deux rencontres successives en une journée révèlent la complexité de l’avenir des relations entre Algérie et les nouvelles autorités libyennes.

Il faut rappeler qu’avant l’exécution du colonel Kaddafi, les autorités algériennes avaient annoncé début octobre dernier la visite du CNT à Alger. Celle-ci n’a toujours pas eu lieu sachant qu’Alger avait affirmé sa disposition a travaillé avec les nouvelles autorités libyennes. Une décision confirmée par le chef de la diplomatie algérienne, lors du 66e sommet du Conseil de l’ONU.

Cependant, les relations entre Alger et le CNT ne semblent pas aussi simples, après la série d’accusations sur le soutien de l’Algérie à Kaddafi et l’envoi de mercenaires durant les événements qu’a connus ce pays voisin. De plus, l’Algérie a acceuilli des membres de la famille Kaddafi, ce qui n’a pas l’air de plaire au CNT.

Par ailleurs, cette rencontre entre Bouteflika et Djibril à Doha intervient après que des informations ont circulé sur l’imposition par les autorités libyennes de visas aux Algériens.

Des informations «non confirmées», selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, qui a déclaré dimanche dernier que l’Algérie recourra au principe de la réciprocité si elles venaient à se confirmer.

Selon plusieurs politologues, le rôle du Qatar est en montée dans le monde arabe avec le vent de révolte qui souffle sur la région depuis décembre 2010, un rôle indéniable dans les événements qui ont secoué la Libye et actuellement la Syrie.

Il faut dire que ce qui se passe dans le monde arabe reste un contexte plein d’enjeux pour les puissances étrangères, notamment les États-Unis et la France. Une situation qui a renversé le rôle de leader dans la région, puisque l’Arabie saoudite semble désarmée alors que l’Egypte n’a pas encore retrouver ses forces.

Dans tout cela, Alger essaye de défendre sa propre position même si elle n’est pas toujours la bienvenue, mais ne critique pas publiquement Doha qui défend d’autres intérêts. D’ailleurs, lors du sommet tenu récemment sur la Syrie, l’Algérie a décidé de ne pas rappeler son ambassadeur en Syrie, pourtant la décision a été prise par les membres de la Ligue arabe de rappeler leurs ambassadeurs accrédités en Syrie.

Ainsi, le jeu d’influence dans le monde arabe est plus que jamais déclaré, puisqu’à en croire le quotidien saoudien Al Watan, la diplomatie algérienne aurait été humiliée par le Qatar. Ce quotidien a rapporté, dimanche 13 novembre, que Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jabr Al Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, aurait dit au ministre algérien, Mourad Medelci : «Ne défendez pas trop la Syrie car quand votre tour arrivera vous aurez certainement besoin de nous». Ces propos ont été démentis lundi dernier par le porte-parole du MAE algérien, Amar Belani.

Par Nacera Chenafi