Document secret : Avant l’Algérie indépendante, la France coloniale a censuré aussi Sliman Azem

Document secret : Avant l’Algérie indépendante, la France coloniale a censuré aussi Sliman Azem

hqdefault.jpgSlimane Azem, le Jean de La Fontaine kabyle, qui était banni par l’Algérie indépendante, fut aussi censuré par la France, la chanson « Effeɣ ay ajrad tamurt-iw » jugé comme portant atteinte à la sureté nationale. Documents classés « secrets » que publie SIWEL l’agence d’information Kabyle.

Slimane Azem, né le 19 septembre 1918 à Agouni Gueghrane, en Kabylie, a été mobilisé par la France durant la 2nde guerre mondiale, puis confiné dans des tunnels et des souterrains huit heures par jour pour construire le métro parisien avant d’être déporté par les Nazis en Rhénanie jusqu’à sa libération, en 1945, par les Américains.

En 1955, il écrit “Effeɣ ay ajrad tamurt iw », chanson dans laquelle il compare les colons français aux criquets qui dévastent les cultures et dévorent son pays.

A l’indépendance de l’Algérie, il fut interdit de séjour et menacé de mort par le FLN, à cause cette fois notamment d’une autre chanson « Inas i leflani » (leFLaNi = FLN)… dans laquelle il fustigeait les nouveaux colons de l’Algérie pour leur idéologie arabo-islamiste, niant l’amazighité.

Slimane Azem qui a oeuvré durant toute sa vie pour la démocratie, la liberté de la Kabylie et qui a tant fait pour la culture de son peuple, a été empêché par les Ben Bella, Boumédiene et Chadli qui s’étaient succédés au pouvoir d’y remettre les pieds. Il décède le 28 janvier 1983 et enterré à Moissac, dans le sud-ouest de la France.

Arrêté du 22 juin 1957 de la République Française émis par le Gouvernement Général de l’Algérie,

Cabinet du Ministre résidant en Algérie

Direction de la Sureté Nationale en Algérie

Portant interdiction en Algérie de la diffusion, circulation, mise en vente et distribution du disque en langue kabyle « Effegh ay ajarad tamurt-iw » (Ô [nuée de] sauterelles, sors de mon pays) de Slimane Azem, chargeant le Secrétaire Général de son exécution.

Signé Lafont de Sentenac

Le Préfet Secrétaire Général Adjoint

Pour le Secrétaire Général du Gouvernement

Pour le Ministre résident en Algérie (Robert Lacoste, Gouveneur Général entre 1956-1958)

Slimane Azem censuré par la France en 1957

Frappé du sceau « Secret », un télégramme était transmis le 23 juin 1957 aux IGAME d’Alger, Oran, Constantine et des Territoires du Sud, les priant de prendre des mesures en vue de l’exécution de la décision.

Signe René Bargeton, Sous-préfet détaché auprès du gouverneur général de l’Algérie, chargé des services administratifs de la direction de la sûreté nationale en Algérie de 1955 à 1958.

Mention manuscrite en bas de page : « Nécessaire fait auprès du Central le 23/06 »

Slimane Azem censuré par la France en 1957

Un télégramme émis le 24 juin par l’inspecteur général de l’administration en mission extraordinaire (IGAME), à plusieurs services dont les Renseignents Généraux, la Gendarmerie, les Souanes, les PTT, les maires… exigeant d’eux d’assurer l’exécution de cet arrêté

Signé P. Noirot-Cosson, Sous-préfet, chef de Cabinet du Préfet d’Alger, chargé de liaison avec l’autorité militaire

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