Docteur Zerouala Mohamed-Tahar: «Le travail, c’est la santé»

Docteur Zerouala Mohamed-Tahar: «Le travail, c’est la santé»

Le jeûne pendant la journée, les veillées exagérées pendant la soirée entraînent à la longue une fatigue physique qui peut influer sur le rendement au travail, provoquant ainsi un manque d’entrain.

On se rend à son lieu de travail, mais pas pour y travailler. L’énergie habituelle baisse, les efforts diminuent, c’est le retard au travail ou carrément l’absentéisme. Eclairage.

La répulsion pour le travail est-elle liée à notre constitution physique ou mentale ? Est-elle inscrite dans nos gènes ?

Je ne suis ni généticien, ni psychologue, ni psychanalyste, ni sociologue,  mais un simple médecin-citoyen observateur. En dehors du Ramadhan, l’esquive ou l’absentéisme ne sont pas exceptionnels. Les statistiques montrent qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre très sensible pour les travaux du bâtiment ou de l’agriculture. Les demandeurs d’emploi briguent, dans leur grande majorité, le poste d’agent de sécurité. Un poste souvent oisif et qui n’exige pas (en dehors des entreprises stratégiques) de la qualification et des efforts physiques.

La sécurité étant en train de s’installer définitivement dans notre pays, ces postes de chômeurs déguisés finiront par disparaître. Dans le même sillage, les jeunes qui s’érigent en «parkingueurs» menaçants peuvent être considérés comme des fainéants. Pendant le Ramadhan, le phénomène s’amplifie. Les bureaux, les entreprises sont désertés et fonctionnent au ralenti. La plupart des commerces sont fermés dans la matinée. Pour celui qui travaille à son propre compte, la grasse matinée est interminable. Il ne respecte pas le contrat moral qui le lie à ses clients.

Ces gens sus-cités appréhendent le Ramadhan. Ils considèrent que c’est une épreuve difficile et, psychologiquement, ils ne sont pas préparés pour affronter tout un mois de privation temporaire, puisque le jeûne se situe entre l’aurore et le coucher du soleil. Contrairement aux personnes qui pratiquent le jeûne thérapeutique. Ceux-là ne sont pas forcément musulmans et leur jeûne  n’est pas intermittent, mais dure plusieurs jours pendant lesquels l’alimentation est réduite à sa plus simple expression : de l’eau et une soupe translucide.

Ces personnes, sans être affiliées à aucune secte, éprouvent un bonheur ineffable et un état physique parfait. Le jeûne entraînerait la sécrétion des endorphines ou hormones du plaisir. Le jeûne thérapeutique, évoqué dans un précédent article, est très répandu actuellement en Europe, notamment en Russie. En Allemagne, de véritables cliniques se sont constituées pour admettre les jeûneurs en cas d’une éventuelle décompensation (déséquilibre physique) et sont même conventionnées avec les caisses de sécurité sociale.

Le jeûne thérapeutique aurait des effets bénéfiques sur plusieurs maladies physiques et mentales. Par extension, le jeûne du Ramadhan n’a pas seulement des vertus spirituelles. Pour revenir à ceux qui l’appréhendent et qui sont dans l’obligation de le faire, il faut savoir que le Ramadhan est une occasion pour tester sa résistance à la gourmandise et à la boulimie qui se sont emparées de beaucoup de nos concitoyens. Pendant l’abstinence, qui dure pour ce mois-ci près de seize (16) heures, ce qui est long par rapport aux heures de rupture qui  durent  moins de huit (08) heures, il faut savoir gérer et l’abstinence et la rupture, ce qui nécessite un peu d’intelligence !

Pendant le jeûne, l’organisme utilise ses réserves de sucre qui sont épuisées au bout de 24 heures.

Ce n’est pas la fin du monde  !

Le relais est pris par les réserves de glycogène au niveau du foie, qui va se transformer en glucose qui est la source principale de l’énergie dont l’organisme a besoin, particulièrement le cerveau. Les réserves de glycogène vont à leur tour s’épuiser en quelques heures et l’énergie proviendra des protéines des muscles  de soutien pour la production de glucose, toujours à partir du foie. Après épuisement de ces protéines des tissus de soutien, place à la dégradation des lipides ou matières grasses que le foie transformera en glucose.

Pendant le Ramadhan, le jeûne, comme il a été souligné plus haut, est intermittent.  Du f’tour au s’hor, le jeûneur peut reconstituer ses réserves organiques épuisées pendant la journée. Dans le jeûne prolongé, comme dans le cas d’une grève de la faim, la personne va puiser dans ses protéines tissulaires. La conséquence est un amaigrissement qui va mettre la vie de cette personne en extrême danger. Dans le jeûne thérapeutique, une alimentation de base est assurée sous surveillance médicale pour éviter des complications.

Il ne s’agit pas de reconstituer ses sucres en «festoyant» avec des sucreries de toutes sortes

Au cours du Ramadhan, et après avoir assimilé ce que j’ai essayé humblement d’expliquer, il ne s’agit pas de reconstituer ses sucres en «festoyant» avec des sucreries de toutes sortes. En cas de surconsommation, les sucres vont être stockés en triglycérides qui sont néfastes pour l’organisme responsables d’hypertension, de maladies du cœur et du cerveau (infarctus et AVC).

Il a été constaté que les personnes qui abusent des sucreries pendant les soirées de Ramadhan vont se réveiller très fatigués et à la limite de la rentabilité dans leur travail. Il ne faut pas abuser aussi des matières grasses car elles peuvent élever le taux de cholestérol et être à l’origine d’accidents vasculaires.

Le mauvais cholestérol se retrouve dans le lait (que l’on peut remplacer par le petit-lait, utile pour la flore intestinale), dans les fromages (camembert, gruyère, rouge, parmesan), dans le beurre, préférer dans ce cas la margarine, les viandes rouges que l’on doit consommer à minima, leur préférer le poulet ou la dinde, et le poisson (à quel prix !). Le pain est très riche en sucre. Eviter si possible le pain blanc et opter pour le pain complet en petite quantité. Il faut que nous apprenions aussi à ne pas gaspiller le pain.

Les légumes à volonté, en sachant que pomme de terre, betterave et carotte contiennent beaucoup de sucre. Les fruits à volonté aussi et après les repas, car pris seuls ils élèvent la glycémie. L’eau doit être le principal breuvage. Sodas et jus industriels sont à déconseiller. Les gâteaux aux sucres raffinés aussi et notamment pour ceux qui veulent profiter de cette période pour perdre du poids. Le sport est intéressant tout juste avant la rupture, et opter pour un entraînement de conservation et non de compétition.

Pourquoi tous ces conseils ? Cela pour revenir à la personne paresseuse qui fuirait toute activité pendant le mois de Ramadhan. Ce mois n’est pas synonyme de tous les excès alimentaires. C’est une occasion pour éduquer son organisme et le mettre à l’abri de nombreuses maladies graves. 

L’Algérien n’est pas plus fainéant que toute autre personne sur la planète. Il doit être motivé par une bonne ambiance dans le travail. C’est le rôle du DRH peut-être… Il doit remplir son contrat de citoyen travailleur. Il doit mériter son salaire et être à la disposition du public.

Son jeûne doit être accompli pour lui-même et non pour la «galerie». Le laxisme vis-à-vis des retardataires volontaires et des absents sans justification doit être banni.

L’Etat-providence aura duré. Au travail, chers amis, pour  accéder  à l’universalité !