«Les progrès de l’économie mondiale ne devraient pas altérer la détermination de la communauté internationale à trouver des solutions aux déséquilibres économiques globaux et à renforcer l’encadrement réglementaire et prudentiel du système financier».
C’est ce qu’a recommandé le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, lors de son intervention aux travaux de la réunion de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) qui s’est tenue hier à Washington, selon un communiqué du ministère. «Il est en effet important de tirer les leçons de la crise. La BM et le FMI peuvent jouer un rôle important en procurant les données de base et les analyses y afférentes», a-t-il encore ajouté.
Plus explicite, Djoudi affirmera qu’«il y a lieu de se demander si toutes les conséquences des crises ont été constatées et traduites en pertes. L’emballement des déficits publics et de la dette publique a généré une abondance de liquidités induisant une forte pression inflationniste, l’éviction des financements au détriment de l’économie productive et une forte croissance des coûts de financements».
Dans ce contexte, a-t-il précisé, «on assiste à une détérioration des indicateurs sociaux, on observe aussi un accroissement du chômage et un déficit des caisses de retraite». Par ailleurs, a-t-il ajouté, «les investissements se sont réorientés dans leurs zones d’origine, traduisant ainsi une forte instabilité des IDE [investissements directs étrangers]». D’ailleurs, sur ce point, il a indiqué que «le risque est que nos pays enregistrent une faible croissance qui va durer dans le temps et une faible création d’emplois.
Ceci a entraîné des tensions sociales et une détérioration du pouvoir d’achat», tout en signalant que «les capacités d’interventions publiques ont été consommées pendant la crise, ce qui fait que les Etats n’ont plus d’espaces budgétaire et monétaire pour intervenir».
«Les pays en développement sont les plus vulnérables. A ce titre, ils doivent avoir une visibilité à moyen terme sur les prix de l’énergie, les prix des matières premières et la stabilité des flux des investissements et de financements», a-t-il préconisé.
En ce qui concerne les pays pauvres, «il est nécessaire de renforcer la solidarité et l’aide publique car le risque est grand dans ces pays», a recommandé le ministre.
Il a tenu à préciser qu’il ne faut pas perdre de vue qu’au moment de la crise, «les anticipations sur l’économie mondiale étaient des plus pessimistes et qu’aujourd’hui, il ne faudrait pas que dans un élan d’illusion nous soyons trop optimistes sur la reprise».
Durant son séjour à Washington, Karim Djoudi a rencontré le directeur général auprès de la BM pour les régions MENA, Amérique latine, Asie de l’Est et pacifique, M. Juan Jose Daboub, et la vice-présidente pour la région MENA, Mme Shamshad Akhtar, dont les discussions ont porté sur les domaines de coopération possible avec cette institution financière internationale et les perspectives de les renforcer.
La rencontre avec Mme Shamshad Akthar s’est focalisée principalement sur l’évaluation et la poursuite des actions engagées avec la Banque et répondant aux préoccupation de développement de l’Algérie. M. Djoudi a aussi participé à la réunion de circonscription à laquelle l’Algérie fait partie (constituency) à la Banque et au FMI, au cours de laquelle les points relatifs aux questions des voix et d’augmentation du capital en discussion actuellement au niveau de ces institutions ont été examinés.
Par ailleurs, soulignons que le ministre a rencontré les membres du conseil consultatif des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD) dans la capitale fédérale pour définir une position commune des pays régionaux et non régionaux de cette banque liée aux modalités et conditions relatives à l’augmentation générale du capital qui est actuellement en discussion au sein de cette institution.
Par Smaïl Boughazi