DJILALI HADJADJ «Des parties refusent mes critiques au sujet de la lutte contre la corruption»

DJILALI HADJADJ «Des parties refusent mes critiques au sujet de la lutte contre la corruption»

Vous avez été arrêté suite à l’émission d’un mandat d’arrêt alors que vous vous apprêtiez à voyager à Marseille à partir de la wilaya de Constantine. Parlez-nous des conditions de votre arrestation…

En réalité, j’ai été surpris d’être appréhendé par les services de sécurité sans connaître le chef d’accusation.

J’ai essayé d’avoir des informations et je n’ai eu aucune réponse jusqu’à ma traduction devant le tribunal où j’ai appris que j’étais accusé de faux et usage de faux et dilapidation de deniers publics. J’ai su aussi que le mandat d’arrêt a été lancé depuis neuf mois. Mais ce qui est étonnant,

c’est que je n’ai reçu aucune convocation de la police me spécifiant que je suis condamné à trois ans de prison ferme par contumace dans une affaire de faux et usage de faux,

sachant que j’étais présent sur le terrain à travers mes déclarations à la presse et mes participations dans les émissions de télévisions satellitaires et mes activités en tant que président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption et membre de Transparency International et je participe aussi aux congrès nationaux et internationaux.

Qu’en est-il alors de l’accusation portée contre vous ?

Je pense que cette accusation est très lourde. Je suis médecin et il est de mon devoir de soigner les citoyens et il est de mon devoir de soigner les personnes les plus proches de moi.

J’ai soigné ma femme qui souffrait d’une maladie, étant médecin possédant la carte professionnelle. J’ai été convoqué par les services sécuritaires en 2006 concernant cette accusation et j’ai assuré que les certificats délivrés à ma femme sont réglementaires et il n’y a aucun faux et usage de faux.

Mais selon le dossier du tribunal, vous n’étiez pas en exercice à cette période…

Je suis agrémenté par tous les organismes chargés de la santé et j’étais président du Conseil national de déontologie. Je possède aussi une carte professionnelle et je peux soigner n’importe quelle personne qui a besoin de moi, même si je n’étais pas dans mon bureau ou à la maison.

Dans quelle catégorie classez-vous cette accusation ?

Ce n’est pas nouveau pour les plaintes qui ont été portées contre moi. 59% sont des plaintes en diffamation et j’ai été jugé devant 100 juges environ. Je pense que cette nouvelle plainte est liée à mes déclarations et mes écrits concernant la lutte contre la corruption.

Comment ça ?

Un Conseil des ministres s’est tenu le 25 juillet où il a été décidé de créer une institution pour lutter contre la corruption, dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2010. Dans la mesure où je suis président de l’Association de lutte contre la corruption,

j’ai publié un communiqué critiquant cette institution et j’ai déclaré aux médias que la lutte contre la corruption nécessite une volonté politique et un travail de terrain et le phénomène ne sera pas réglé par la promulgation de lois. Je pense que certaines parties veulent me faire taire et mes déclarations leur déplaisent malgré le fait qu’elles soient fondées sur des études et des analyses pratiques.

Par Adel R.