Djiar « Faute de rajeunissement de l’élite sportive, le sport algérien a stagné »

Djiar « Faute de rajeunissement de l’élite sportive, le sport algérien a stagné »
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L’élite sportive algérienne, en raison d’un non rajeunissement de ses effectifs, peine à rééditer, ces dernières années, les performances mondiales qu’elle avait obtenues lors de la décennie 1990-2000, selon le ministre de la jeunesse et des sports, M. Hachemi Djiar.

De cinq médailles olympiques, dont une en or, remportées aux Jeux olympiques 2000 de Sydney, le sport algérien n’a récolté que deux médailles de bronze aux  joutes olympiques de Pekin 2008 et aucune à celles d’Athénes 2004. « Les cinq athlètes médaillés aux JO de Sidney sont tous de la génération 1960-70. Ce qui veut dire que l’opération de rajeunissement et de renouvellement des équipes nationales qui devait se faire en puisant dans le réservoir des sportifs nés en 1980 ne s’est pas réalisée », a estimé Djiar qui cite, toutefois, deux exceptions: celui de Mounir Benamadi, vice-champion du monde de judo en 2005 au Caire et sa coéquipière Sonia Asselah, médaillée de bronze aux Mondiaux juniors de 2009″. C’est le même constat que l’on peut établir pour les différents championnats du monde des années 90″, a déclaré Djiar.

Dans une longue intervention faite lors de la conférence sur la problématique du développement et de l’autonomie dans le sport (Alger- 21, 22 janvier 2012), le ministre a pointé du doigt le problème du non renouvellement des effectifs de l’élite sportive algérienne, conduisant à une regression sur le plan des résultats au niveau mondial.

« Aux Jeux olympiques de Pékin en 2008, seuls deux athlètes algériens, Soraya Haddad et Amar Benikhlef dans une seule discipline ont eu droit au podium » a-t-il rappelé.  » Ce qui veut dire que durant plus d’une décennie, le système sportif algérien n’a produit que quatre athlètes (médaillés olympiques) de haut niveau », a-t-il estimé.

Situer les responsabilités « Après ce constat amer, il faut bien évidemment situer les responsabilités. D’abord celle des pouvoirs publics. De 1984 à 1999, le secteur a connu une instabilité chronique. 12 responsables se sont succédé à la tête du département soit un ministre tous les 16 mois. Difficile donc d’établir une planificationet une programmation à moyen et à long terme » a-t-il expliqué. « A cela s’ajoute la dissolution de la commission méthodologique en 1982, et le transfert des activités de l’éducation physique et sportive du MJS au ministère de l’éducation nationale » a-t-il révélé. Sur le plan des infrastructures, plusieurs installations relevant du secteur de la Jeunesse et des Sports ont été déviées de leur vocation.

« Les centres de préparation de Séraidi et de Chlef ont été déviés de leur vocation, tout comme le CNMS d’Alger et les centres de formation de Constantine et de Batna affectés à d’autres secteurs. Tout cela a conduit à un seul résultat: la stagnation du sport scolaire, de la formation et des classes sports-études » a-t-il regretté. Le sport algérien après le départ des entraîneurs étrangers de haut niveau est resté sans expertise.

« Dans les années 70, le sport algérien a bénéficié de l’expérience de 14 entraîneurs étrangers de haut niveau. Ce chiffre est passé à 25 dans les années 80 puis à 45 en 1990. La crise qui a secoué le pays a provoqué leur départ. Le sport algérien est resté sans expertise étrangère. Une situation qui s’est exacerbée par l’exode de techniciens algériens de valeur à l’étranger » a-t-il affirmé. Et de renchérir: « La Loi sur les associations de 1990 a marginalisé bon nombre de dirigeants sincères et honnêtes. Ils n’ont pas admis la course effrénée au poste de président de fédérations » a-t-il en outre révélé.

Les Jeux arabes et africains d’Alger: une fuite en avant La responsabilité des Fédérations est engagée dans le rajeunissement des effectifs des équipes nationales « En 2011, l’Algérie comptait 700 sportifs ayant le statut d’athlètes de haut niveau avec une moyenne d’âge de 26 ans. La part de la génération née dans les années 90 est de 11%. C’est la même moyenne d’âge relevée en 2000. Ce qui veut dire que le sport de haut niveau a connu une stagnation en termes d’âges. Le résultat s’est fait sentir aux JO d’Athènes 2004 », a relevé le ministre.

« Le seul souci des athlètes arrivés en fin de carrière était de raccrocher mais en beauté. Il l’ont fait brillamment aux jeux arabes (2004) et Africains (2007) organisés par l’Algérie, au grand bonheur de leurs fédérations respectives » a-t-il conclu

« Selon les experts les jeux arabes de 2004 et ceux africains de 2007, sont une fuite en avant. Car au lieu de marquer une halte et d’établir un bilan pour cibler ce qui n’a pas marché aux Jeux d’Athènes 2004, on a préféré dépenser des sommes colossales au seul but de la campagne de renouvellement des instances fédérales, au lieu de les investir dans le développement et la formation » Le système sportif algérien a connu d’autres problèmes avec la promulgation du décret 05-405.

« Le décret 05-405 au lieu de corriger les vrais problèmes du système sportif algérien s’est attaqué au mode de gestion des fédérations, ce qui a rendu la situation encore plus compliquée, avec des retombées à l’échelle nationale et internationale et qui sont connues de tous » a conclu le ministre.