Djendel (AÏN DEFLA),Un faux capitaine de la gendarmerie tente d’égorger son bienfaiteur

Djendel (AÏN DEFLA),Un faux capitaine de la gendarmerie tente d’égorger son bienfaiteur

Toute la ville de Djendel n’en revient pas de l’histoire incroyable que vient de vivre un de ses habitants, un miraculé qui a échappé à une tentative d’assassinat par celui-là même à qui il a rendu des services énormes et porté secours, un certain B. B. prétendant être un capitaine de la Gendarmerie nationale exerçant à Sidi-Bel-Abbès.

Sorti de l’hôpital, mais encore sous contrôle médical, nous lui avons rendu visite en son domicile sur les hauteurs de la ville de Djendel. Portant un foulard autour du cou qui lui cachait une longue estafilade partant d’une oreille à l’autre, séquelle d’une tentative d’égorgement de la part du faux capitaine, en présence de proches et amis, il nous raconte son histoire incroyable mais vraie. Quelques jours avant le début du Ramadan, D. Abdelkader prenait le frais peu après 23 h, avec des amis en bordure de la R N 18 à l’entrée est de la ville de Djendel quand une Laguna s’immobilisa en catastrophe non loin du groupe d’amis. Un homme qu’il décrit comme très obèse descend du véhicule et s’approche du groupe de noctambules pour leur demander assistance. Plusieurs de ces derniers diagnostiquent une avarie sérieuse au niveau d’un cardan et l’un d’eux offre l’hospitalité pour tous les membres de la famille se trouvant dans la voiture, en l’occurrence le père du conducteur (faux capitaine), sa mère, sa sœur et son neveu âgé de 13 ans. Sitôt dit sitôt fait, les 5 occupants passent la nuit chez leur hôte dans les meilleures conditions possibles. Le lendemain, le faux officier de gendarmerie fait part à son hôte que sa famille doit rentrer sur la daïra de Temouchent dans la commune de Hammam Bouhdjar, localité de Aïn Larbaâ. L’hôte djendli, D. Brahim, la quarantaine, par générosité va jusqu’à louer une voiture pour ramener les membres de la famille à Aïn Larbaâ. Ne reste donc chez Brahim, la victime, que celui qui se prétendait être un officier de la gendarmerie soi-disant pour assister à la réparation de sa voiture. Cependant, pendant 3 jours, l’hôte D. Abdelkader a cherché partout la pièce défectueuse, en vain. Pendant ces 3 jours B. Brahim était logé et nourri gracieusement. Après quoi prétextant son congé arrivé à expiration il devait absolument rentrer sur Oran. Pour ce faire, le groupe de djendlis, faisant acte de solidarité et de générosité, cotisent et louent une autre voiture pour véhiculer le faux officier jusqu’à Oran. Pendant près de 20 jours, le personnage en question ne donne pas signe de vie. En attendant, l’hôte a fini par trouver le cardan à Oued Smar, payant la pièce à 14 000 DA. Une démarche vaine puisqu’une fois le cardan remplacé, le mécanicien s’aperçoit que le pallie central devait être changée aussi. Le prétendu officier, pensant que la Laguna était réparée, retourne à Djendel. Quand il apprend que la voiture nécessitait d’autres réparations plus longues et plus coûteuses, il décide alors de rentrer sur Oran en laissant sa voiture chez son hôte. Comme un gage de confiance. D. Abdelkader propose alors à l’«officier» de le ramener à Oran mais cette fois à bord de son propre véhicule, une 308. Apres le f’tour, ils prennent la route sur Oran. Vers minuit, ils marquent un arrêt à Oued Rhiou, pour le s’hor. Avant de reprendre la route, le passager s’absente alors un petit moment. A l’aube, ils arrivent dans la localité d’El Youn et s’arrêtent sur un terrain vague en bordure d’un petit ravin, le passager prétextant «passer voir un ami». Le conducteur alors sort un bidon d’eau de la malle de la 308 pour qu’ils fassent un brin de toilette matinale. Accroupis côte à côte, l’«officier», un géant obèse, se tenant légèrement en recul. «C’est au moment où je me lavais les pieds que j’ai reçu le premier coup de couteau au flanc gauche suivi de deux autres au niveau du dos… puis il a passé son bras droit autour de mon épaule droite qu’il immobilisa et posa ensuite sa main sur mon front pour me faire pencher la tête en arrière et ainsi dégager ma gorge… Dans un geste instinctif, mu par l’instinct de conservation, j’ai glissé ma main entre la sienne tenant le couteau et mon cou. Il a réussi quand même à me blesser sur tout le devant de la gorge mais il a été gêné par ma main et n’a pu donc enfoncer la lame.» La victime, dans un dernier effort, se souleva et donna un coup de tête sur la figure de son agresseur. «Il fut ébranlé et j’arrivai à lui prendre le couteau, un outil de boucher qu’il a dû subtiliser dans le restaurant de Oued Rhiou quelques heures avant». «Se trouvant désarmé, le couteau ayant changé de main, il a pris peur et m’a poussé dans le ravin», ajoute-t-il. Et ainsi perdant son sang, le couteau à la main, il se rendit à la brigade de gendarmerie de Bousfer qui appela une ambulance qui l’a transporté à l’hôpital de la ville. A peine remise de son choc et reçu les premiers soins, la victime est entendue par les enquêteurs de la gendarmerie. La perquisition au domicile des parents de l’agresseur à Aïn Larbaâ n’a rien donné, son beau-frère prétendant qu’il ne l’avait pas vu depuis 2 ans alors que d’autres proches affirment qu’il était passé à la maison l’avant-veille. Qui est B. Brahim ? Selon les informations que les proches de la victime ont pu récolter, ce n’est autre qu’un ancien agent de la CNAS de Médéa d’où il a été radié, qui avait purgé une peine de 5 ans d’emprisonnement pour escroquerie. Par ailleurs, indique la victime, il s’agit de quelqu’un d’expérimenté dans la façon d’opérer et de tenir la tête de la victime. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’un acte et d’un comportement incompréhensibles «tenter d’assassiner celui qui a été si généreux avec lui». Ce qui a fait dire à une personne du corps médical que «même un chien si vous lui donnez à manger pendant 3 jours il ne vous mordra plus après car l’animal n’est pas ingrat». Après dépôt de plainte, tous les services de sécurité sont à la recherche du faux capitaine. Ce qu’on sait, c’est que la Laguna ne figure pas sur la liste des véhicules volés, ce qui laisse supposer qu’il s’agit d’une voiture empruntée ou louée.

Karim O.