Djelloul Hadjimi, SG du syndicat des imams, à l’expression: « On est sous-payé »

Djelloul Hadjimi, SG du syndicat des imams, à l’expression: « On est sous-payé »

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Dans cet entretien, Djelloul Hadjimi revient sur le rôle effectif de l’imam, clarifie certaines énigmes et défend bien entendu l’imam.

L’Expression: L’apparition de l’épidémie du choléra a fait dire à certaines parties que même l’imam ne joue pas son rôle comme il se doit quant à la sensibilisation et l’initiation des fidèles au sujet de la pro-preté. «Il ne donne pas l’exemple et appelle rarement à des campagnes de nettoiement.» Qu’avez-vous à dire à ce sujet?

Djelloul Hadjimi: Ces propos sont rancuniers et leurs auteurs sont hostiles aux imams. L’imam joue son rôle comme il se doit et travaille plus que ce qu’il gagne. Le sujet de la propreté est abordé régulièrement durant les prêches du vendredi et les cours dispensés avant les prières. Le rôle de l’imam s’arrête à la sensibilisation et la prédication. Il n’a pas à sortir dans la rue et montrer l’exemple. Il y a des autorités qui sont censées s’occuper de cette tâche et il y a d’autres autorités qui sont censées appliquer la force pour faire respecter certaines lois. Si vous permettez, j’aimerais faire remarquer que la mosquée est devenue, en l’absence des toilettes publiques, l’endroit le mieux indiqué pour faire ses besoins naturels. Je cite cet exemple pour dire que la sensibilisation des fidèles ne suffit pas quand l’environnement dans lequel ils vivent n’est pas à la hauteur. Cela étant dit, que la question de la propreté et de l’hygiène dans nos villes et villages est l’affaire de tous. Pour répondre par ailleurs en termes clairs à ceux qui disent que l’imam ne fait rien, je dirai que c’est l’imam qui a éteint les foyers de la discorde dans les villes de Ghardaïa et de Touggourt, c’est l’imam qui a pu calmer les citoyens durant les manifestations de 2011 contre la flambée des prix du sucre et de l’huile.

Certains imams affirment que l’imam a perdu beaucoup de son estime auprès des responsables locaux . Le P/APC et même le wali ne le font plus participer à la gestion des affaires courantes des citoyens. Est-ce vrai?

Effectivement, certains P /APC issus de certaines formations politiques ignorent sciemment les imams et préfèrent ne pas les faire participer dans la gestion. Certains autres P/APC pensent aussi à tort que l’imam ne comprend pas la gestion. Chose qui est tout à fait fausse. Car l’imam vit aussi dans la société et observe le vécu de cette dernière de manière différente, chose qui lui permet de proposer des solutions différentes. Je tiens à dire ici que dans certaines communes où la voix de l’imam est écoutée, de nombreuses solutions sont trouvées par ces derniers. Cependant, j’aimerai préciser que le rôle principal de l’imam n’est pas la gestion des affaires de la commune, mais de s’occuper de la prédication et l’enseignement du Coran. L’imam doit s’y consacrer entièrement. Ce dernier n’a pas que des comptes à rendre à l’administration, mais il a d’abord et avant tout des comptes à rendre à Dieu.

L’on s’accorde à dire par ailleurs que le champ de liberté de l’imam est devenu très restreint en exerçant sa mission. Le contrôle qu’il subit de la part de l’administration, le ministère des Affaires étrangères et les services de sécurité en l’occurrence, l’empêchent d’agir. Quelle est la part de vérité d’un tel jugement?

L’imam est effectivement contrôlé par l’administration quant à certains aspects. Toutefois, le contrôle de cette dernière n’est pas contraignant. L’imam exerce en effet librement son travail, en choisissant à sa guise les thèmes et les méthodes d’enseignement.