Quelque 7 OOO chômeurs à Ain-Oussera, deuxième commune par ordre d’importance de la wilaya de Djelfa, ont décidé d’interpeller les autorités locales pour dénoncer leur situation.
En effet, ces jeunes, rongés par l’oisiveté, ne savent plus quoi faire de leurs journées, dans une contrée où les horizons semblent plombés. Un appel pressant vient d’être lancé, en début de semaine, au wali de Djelfa pour leur venir en aide.
» Nous cherchons une tribune pour répercuter nos revendications, car il n y a pas eu de répondant. Nous voulons de la dignité, et l’écrasante majorité des chômeurs sont constitués d’universitaires, ou porteurs de métiers issus d’instituts ou de centres de formation, et, donc, profilés pour un emploi. Gagner une expérience professionnelle et, en même temps, se rendre utile à sa famille, à la société », disent-ils. Il faut souligner, qu’à Aïn-Oussera, les dispositifs et les mesures capables de créer des centaines d’emplois ont pris du retard dans les labyrinthes administratifs. Au niveau de la zone industrielle, sous-exploitée, l’investissement dans la création de PME/PMI pourrait ramener le taux de chômage à moins de 7% et fournir des taxes à l’Etat pour développer les infrastructures.
L’université, les instituts professionnels et les déperditions scolaires libèrent des centaines de jeunes par an. Certains nous ont dit « chercher un poste de travail depuis cinq ans, voire plus, et ils n’arrivent pas à situer le niveau de responsabilité ou mettre le doigt sur le verrou bloquant ». De l’amertume et des ressentiments parce que se « sentant inutiles et dévalorisés, vivant aux crochets des parents déjà laminés par le coût de la vie ».
Les choses ont commencé à changer, il n’y a aucun doute là-dessus, mais en attendant que la mue s’opère, des universitaires font dans l’informel, d’autres songent à émigrer et d’autres encore ont dévalé la rampe de Bacchus. Un ingénieur en informatique, par exemple, fait de la saisie, un autre, master en hydraulique, s’est accroché au poste de receveur de bus. Le listing est fastidieux, révélateur de dysfonctionnements majeurs de la généralisation du sous-emploi. D’aucuns disent avoir constitué des dossiers, passés d’administrations en entreprises. Des rêves fondus sous le soleil brûlant d’Ain-Oussera.
Des urgences que les pouvoirs publics doivent prendre en main, d’ autant plus que ces jeunes vieillissent dans le chômage et un « océan » de détresse. L’action doit être orientée vers ce capital constant, pour libérer les initiatives, faire craquer la « banquise » locale, piloter sérieusement la problématique, loin des replâtrages porteurs de lendemains incertains. Ain-Oussera doit agir positivement sur la croissance économique et produire des externalités en faveur de l’emploi. Une appréciation également vraie pour les transferts sociaux restés sans impact sur l’offre en la matière, sinon le pré-emploi et filet social qui ne dégagent aucune durabilité et masquent des solutions pérennes. Si rien n’est entrepris à court terme, alors il faudrait s’ inquiéter des contingents de nouveaux chômeurs qui arrivent annuellement sur le marché local, et ce, au moment où le trésor national regorge de réserves. Agir en amont de l’Etat et produire une plus-value, c’est, là, la mission des élus locaux, censés tirer leurs communes du calvaire et du dénuement.
Abderrahmane Missoumi