Comment se fait-il que l’Australie devienne premier pays dans l’élevage ovin avec les races de Djelfa ? Il est évident que Djelfa, qui n’a pas une vocation en matière de production laitière, vient d’introduire cette filière stratégique qui s’annonce plutôt sous de bons auspices. C’est dans cette optique que Mon journal est allé à la rencontre des pionniers dans le domaine, qui ont trouvé une oreille attentive des autorités locales à leurs problèmes et leurs besoins, et bénéficient du plein soutien de la Direction des services agricoles (DSA) dans leurs efforts de produire plus.
En dehors de l’élevage ovin – vocation millénaire encadrée par 18 000 éleveurs-, la région de Djelfa a recensé depuis l’année 2000, plus de 4 000 éleveurs totalisant 32 100 bovins pour une production dépassant aujourd’hui les 9 533 000 litres de lait.
C’est un parc animalier moyen de 12 vaches laitières où les races les plus prisées sont la Holstein, la Frisonne française et la Brune des Alpes, avec rendement de 10 litres/jour contre 4 litres/jour pour les races locales. L’émergence du bassin laitier de Djelfa est au cœur d’un vaste programme d’amélioration des voies et moyens de production, l’introduction de la technique de l’insémination artificielle sachant que les vaches de races locales sont à faible rendement mais remarquablement adaptées au milieu et à une nourriture déficiente. Cette dynamique est également accompagnée par la production de fourrages verts et secs (sorgho, vesce, avoine et luzerne) sur une superficie de 2 122 426 hectares réservée aux pacages et parcours, et 350 798 ha occupés par les nappes alfatières.
Mon journal a tendu le micro aux éleveurs qui insistent surtout sur » l’implantation d’unités d’aliments du bétail, l’ organisation de la corporation et l’ octroi de subventions », au même titre que » les campagnes de lutte contre les diverses maladies dont la fièvre aphteuse et la brucellose pour faire reculer le taux d’ infection des troupeaux ». La convergence y est autour de la nécessité d’augmenter et de réglementer la production des fourrages, premier levier à prendre en charge dans une région où les fermes qui ont un rôle de locomotive se multiplient.
D’ où les nouvelles mesures engagées depuis ces derniers mois pour développer la culture du fourrage en irrigué par la mobilisation d’une superficie de 300 000 ha et un déploiement de l’investissement que ce soit dans le segment fourrage ou dans la transformation.
Lutte contre la désertification et l’érosion
A ce titre, le Haut commissariat au développement de la steppe (Hcds) a accompli un travail méritoire sur le front de la lutte contre la désertification et l’érosion. Pour la seule commune de Djelfa, 30 548 hectares ont été reboisés alors que dans la localité de Moudjbara, 20 349 ha ont été sauvés in-extremis d’une mort lente due à l’avancée du sable, soit une densité de 20 000 arbres par hectare. Le paquet a été également mis pour appuyer les investissements dans les fermes laitières au travers du fonçage de forages, l’équipement en systèmes d’aspersion, l’aménagement et l’extension des étables.
Saisissant l’occasion de notre visite, les éleveurs n’ont pas manqué aussi de mettre en exergue le programme d’appui à la filière ovine qui a vu le taux d’agnelage bondir de 70 à 90%. Là aussi, les investissements sont à la mesure des résultats puisque la production des viandes rouges est passée de 221 000 quintaux en 1989 à 221 220 quintaux en 1999 avant de s’établir sur plus de 350 000 quintaux en 2011. Même si ce n’est pas encore le top, car la filière est traversée par moult problèmes, il n’empêche qu’avec les meilleures races de mouton au monde (Ouled Djellal, Rembi et Taâdmit), la région de Djelfa n’a pas étalé toutes ses cartes. Pour l’anecdote, un pays comme l’Australie est considéré comme premier dans l’élevage ovin, mais avec des races algériennes exportées également vers l’Arabie saoudite. Et que représente le mérinos australien comparé au mouton de Djelfa dont la viande est pure bio…
Abderrahmane Missoumi