«Au prochain stage, on se dira tout les yeux dans les yeux» > «Il faut que l’EN redevienne ce qu’elle était»
– On imagine que votre déception est immense à la suite de la défaite concédée en Centrafrique…
– Oui, notre déception est grande. On ne s’attendait pas à cette défaite. On avait vraiment à cœur de réagir après le nul concédé à domicile face à la Tanzanie à Blida. Malheureusement, notre désillusion a été encore plus grande que celle face à la Tanzanie. Pourtant, on avait les arguments à faire valoir à Bangui, mais le jour du match, on est passé à côté de la plaque.
– Le public algérien n’a rien compris à cette défaite. Cette dernière est-elle due aux conditions climatiques ?
– Il faut admettre qu’en Afrique, ce n’est pas comme en Europe. Les conditions climatiques sont difficiles. J’ai déjà déclaré, avant notre départ à Bangui, que le fait que certains joueurs ne connaissent pas l’Afrique pourrait nous jouer un mauvais tour. En plus, les joueurs africains, à cette période de l’année, sont à 90% de leur niveau, alors que pour nous, ce n’est pas le cas. C’est pour cela que les Centrafricains étaient plus agressifs que nous. Si vous permettez, lors des éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial, on a pu s’imposer en Zambie, une équipe plus forte que la Centrafrique.
– En deux rencontres, l’EN n’a glané qu’un point. Pensez-vous que vous avez encore des chances pour décrocher le billet qualificatif pour la CAN 2012 ?
– En toute sincérité, s’il n’y avait pas d’espoir pour se qualifier à la phase finale de 2012, on arrêterait de jouer. Je ne doute pas de nos capacités, et Incha Allah, on réussira à relever le défi. Il faut qu’on fasse une remise en question à partir du prochain stage et travailler tous ensemble pour arracher le billet qualificatif pour la CAN 2012.
– Les Algériens s’interrogent jusqu’à maintenant comment une équipe comme la Centrafrique ait réussi à battre l’EN par deux buts à zéro ?
– C’est vrai que nous aussi, on n’arrive pas à comprendre cette défaite, mais il faut reconnaître que la réalité est différente lorsqu’on joue en Europe et quand on se produit en Afrique. Les conditions climatiques sont difficiles et malgré notre volonté de revenir avec les trois points de la victoire, on n’a rien pu faire.
– L’ancien international des Verts, Kamel Kaci Saïd, a déclaré que les joueurs avaient levé le pied face à la Centrafrique ?
– Vous savez, chez nous en Algérie, on change facilement la face. Des accusations pareilles sont désagréables. J’accepte les critiques après cette débâcle, mais on n’accepte pas de telles accusations.
Les critiques existent dans tous les pays, mais dire une chose pareille, c’est du n’importe quoi. Les gens veulent exister et faire parler d’eux et c’est pour cela qu’ils lancent des choses pareilles. On n’a pas triché, mais les gens profitent du moindre faux pas pour revenir sur la scène pour que les autres ne les oublient pas. Je suis Algérien. J’aime mon pays et j’aime aussi ma religion. Après le match, le magasinier de l’équipe m’a dit : Rafik, tu n’es pas bien. J’étais abattu et je suis très déçu par cette contre-performance.
– Pouvez-vous revenir sur le but que vous aviez raté au début de la deuxième mi-temps ?
– Comme je l’ai toujours dit, je ne recevais pas beaucoup de ballons. Face à la Centrafrique, durant toute la première mi-temps, je n’ai reçu aucune balle, mais à la 61e minute, Kader Ghezzal m’a donné une superbe balle. C’était compliqué, vu que je ne m’attendais pas à une telle passe. En plus, avec la chaleur régnant ce jour-là, ce n’était pas facile. Honnêtement, je ne vais pas me cacher derrière tout ça, car c’était une balle de but. Si j’avais la même lucidité, je l’aurais mise dedans.
– Vous avez marqué un but, mais l’arbitre l’a invalidé, pouvez-vous nous donner plus de détails sur ce but non comptabilisé ?
– Djamel Abdoun m’a fait une belle passe, moi, je suis parti derrière le défenseur, je me retrouve devant le gardien que je réussis à battre. Il y avait une charge contre moi et j’aurais pu bénéficier d’un penalty si je n’avais pas marqué. Malheureusement, l’arbitre en a décidé autrement.
– Pourquoi l’arbitre a invalidé votre but ?
– Je ne pouvais pas le forcer à le comptabiliser. Il m’a dit off-side (hors jeu). Je ne pouvais pas le frapper. S’il l’avait comptabilisé, le scénario aurait été autre, car à ce moment-là, le résultat était de zéro à zéro.
– On sent que vous en avez gros sur le cœur…
– Bien sûr, à chaque fois que l’EN ne marque pas, on tire sur Djebbour. Face à la Tanzanie, on s’est attaqué à moi et c’est la même chose après le match face à la Centrafrique.
Les gens doivent savoir que tout au long du match, je n’ai hérité que de deux balles, et j’ai réussi quand même à en concrétiser une. Malheureusement, l’arbitre n’a pas validé le but. J’ai eu 50% d’efficacité et les gens doivent savoir que les grands attaquants reçoivent 5 à 6 ballons pour en marquer un. Je vous cite, par exemple, les matches Ecosse-Espagne et Kazakhstan-Allemagne. Les attaquants, comme Klose, Podolski et Villa, ont raté une multitude d’occasions avant de trouver le chemin des filets.
– Les gens attendaient beaucoup de vous, vu qu’avec l’AEK Athènes, vous êtes très efficace…
– J’ai toujours fait de mon mieux pour marquer des buts. Si vous avez remarqué, je faisais à chaque fois des appels de balle. Je dirais à ceux qui me critiquent d’arrêter de me comparer avec l’AEK Athènes, car avec mon club, je reçois au moins 5 à 6 ballons. Je tiens à m’expliquer encore une fois que le but que j’ai raté face à la Centrafrique, si j’avais la même lucidité, j’aurais concrétisé l’action. Mais les gens ne doivent pas tomber à chaque fois sur moi. Lorsqu’on gagne, on gagne ensemble, et lorsqu’on perd, on perd ensemble. Il faut être honnête et ne pas jeter à chaque fois Djebbour en pâture.
– On a constaté qu’il y a une terrible pression sur vous…
– Je suis un attaquant et j’adore marquer. Je suis un Algérien et je suis un combattant. Je continuerai à cravacher dur et je répondrai à mes détracteurs sur le terrain. Je n’ai que 26 ans et je n’ai jamais baissé les bras.
– Etes-vous optimiste quant aux chances de l’EN de se qualifier à la CAN 2012 ?
– Oui, tant qu’il y a la vie, il y a l’espoir. Pour renverser la vapeur, il faut faire le ménage dans cette équipe nationale, car on a remarqué que des choses qui doivent rester dans le groupe sortent dans la presse. Ça nous détruit et il faut qu’on soit soudé pour qu’on puisse relever le défi.
– Vous dites qu’il faut faire le nettoyage en EN, vous voulez parler de l’entourage de la sélection ?
– Le ménage doit se faire dans tout ce qui touche l’équipe nationale. Dès le prochain stage, on va se regarder les yeux dans les yeux et on va se dire tout ce qu’on a à se dire. Il faut que l’EN redevienne comme elle l’était.
– Vous faites allusion à l’EN qui a joué les éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial ?
– Il faut qu’on soit soudés, car je ne vous cache pas que certaines choses nous ont fait mal. On est comme une famille et ce qu’il y a dans le groupe ne doit pas sortir. Or, on a constaté que la presse fait état de ce qui se passe au sein du groupe. Tout ça n’est pas bien pour l’équipe nationale. Je dois ajouter une chose, lors des éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial, il n’y avait pas que Djebbour qui marquait. Parfois, c’était Ziani, parfois Halliche ou Bougherra et j’en passe. On doit tous avoir la même rage.
– Vous n’avez plus droit à l’erreur pour assurer votre qualification pour la CAN 2012, ne craignez-vous pas le Maroc que vous allez affronter à Alger avant de se rendre à Casablanca ?
– Le Maroc est le meilleur adversaire qu’on affrontera dans ce groupe. Il reste encore 12 points en jeu et on doit faire le plein pour arracher le billet qualificatif pour la CAN 2012. Le mot défaite, on l’a biffé de nos esprits. On a 5 mois devant nous pour préparer le prochain rendez-vous face à la sélection marocaine et on fera le maximum pour rendre le sourire aux Algériens. On est très déçus de la dernière défaite et on ne lésinera pas sur l’effort pour se ressaisir dès la prochaine journée.