«On était esseulés devant» «Des clubs italiens, français et allemands sont sur mes traces» «Si Meghni avait été au Mondial, on se serait régalés» «Je ne suis jamais resté autant de matches sans marquer»
L’international algérien de l’AEK Athènes pourrait atterrir soit en Allemagne, soit en Italie ou en France la saison prochaine. Il a reçu des offres très alléchantes, mais il avoue qu’il n’a pris aucune décision pour le moment. Il attend de rencontrer ses dirigeants pour voir les ambitions du club et les moyens qui seront mis avant de trancher sur son avenir. Il a tenu aussi à s’expliquer sur l’inefficacité de la ligne offensive de l’EN.
Même si cette derniére n’a marqué aucun but au Mondial, le pensionnaire de l’AEK Athènes promet des buts à l’avenir. Pour lui, l’EN dispose de bons attaquants tout en ajoutant qu’il leur était difficile de marquer, vu qu’ils étaient esseulés et qu’ils ne recevaient pas beaucoup de ballons. Il estime que les choses vont changer à l’avenir.
– Avec du recul, comment évaluez-vous le parcours réalisé par l’équipe en Afrique du Sud ?
– Eh bien, c’est une grande expérience pour l’équipe. C’est quelque chose pour notre génération dont la moyenne d’âge varie entre 24 et 26 ans.
– L’équipe n’a récolté qu’un seul point en trois rencontres, mais malgré ça, le public algérien semble satisfait du parcours de l’EN…
– On est déçus certes par l’élimination, mais on doit rester humble. C’est notre première participation à une Coupe du monde et on n’a pas été ridicules. On a fait de notre mieux pour réaliser les meilleurs résultats possibles, malheureusement on s’est fait éliminer dès le premier tour. On a une équipe jeune et à mon avis, elle a besoin de mûrir. Evidemment, il y a toujours des regrets et maintenant, on doit tirer les enseignements nécessaires pour tenter d’aller de l’avant.
– Ne croyez-vous pas que vous avez raté la qualification au deuxième tour en s’inclinant lors de votre premier match face à la Slovénie ?
– Le premier match est toujours décisif. On aurait aimé débuter le Mondial par un bon résultat, malheureusement on a concédé une défaite lors de notre première rencontre face à la Slovénie. Notre seul regret est de ne pas avoir décroché le billet qualificatif pour les 1/8 de finale. J’avoue qu’on avait un bon coup à jouer, mais ce n’était pas facile.
C’est une équipe jeune et on est satisfait de ce qu’on a fait. Même si les résultats n’étaient pas là, on a bien joué. Désormais, il faut penser à l’avenir et tenter de faire mieux dans les échéances à venir.
– L’équipe nationale n’a pu marquer aucun but en Afrique du Sud, comment expliquez-vous cette inefficacité ?
– Ma seule frustration est qu’on n’a pas pris les risques. Je pense que ce Mondial a réussi aux défenseurs et non pas aux attaquants. Même de grands attaquants à l’image de Rooney n’ont pas inscrit le moindre but durant cette Coupe du monde, alors qu’avec leurs clubs, ils enchaînaient les buts comme des petits pains. On a été très frileux et il est difficile dans ce cas-là de marquer.
– Si on vous demandait de nous faire une analyse sur le deuxième match disputé face à l’Angleterre, qu’avez-vous à dire ?
– Sur le plan du jeu, on a bien joué. On a muselé des attaquants comme Heskey et Rooney, mais on n’avait pas pris de risques. Il y avait un bon coup à jouer, mais on n’a pas osé. On ne l’avait pas fait, car l’objectif était de ne pas perdre. On se devait de contrer l’équipe d’Angleterre qui possède de bons attaquants.
– Comment avez-vous trouvé le match face à l’équipe des USA ?
– On a péché dans la dernière passe. C’était le troisième match et sur le plan physique, on a flanché. J’avoue que c’était difficile de marquer des buts avec le système de jeu mis en place.
– Justement, l’entraîneur Nacer Sandjak, que nous avons eu au téléphone, nous a affirmé qu’il ne faut pas en vouloir aux attaquants qui ne pouvaient rien faire, vu qu’ils étaient esseulés…
– Dès lors qu’on avait Ziani sur le côté gauche et Matmour sur le côté droit, j’étais tout seul en pointe face aux USA. J’étais pris en tenaille par les deux défenseurs centraux et parfois par trois, étant donné que le numéro 6 revenait derrière. Il était difficile de marquer dans cette situation. Je reconnais que le rôle d’attaquant est ingrat lorsqu’on ne marque pas des buts. C’est toujours frustrant de ne pas faire trembler les filets des équipes adverses.
– Sandjak a ajouté que s’il y avait un joueur comme Meghni en Afrique du Sud, nos attaquants auraient pu marquer…
– Meghni est un grand passeur. Il se distingue toujours par ses belles passes. S’il était là, il nous aurait distillé de bons ballons. Avec Meghni, on se serait régalé. Ziani a fait de son mieux, mais il ne faut pas oublier qu’il a connu une saison difficile avec Wolfsburg. Lorsqu’on ne reçoit pas beaucoup de ballons, il n’est pas facile de marquer des buts. On a été l’équipe la plus frileuse au Mondial, car les autres équipes attaquaient avec 4 ou 5 joueurs ou plus, alors que nous on attaquait seulement avec deux ou trois au maximum. Ce n’était pas suffisant et cela nous a énormément pénalisés.
Il ne faut pas en vouloir aux attaquants, car on n’a pas reçu beaucoup de ballons. Mon grand regret est de ne pas avoir marqué, car dans tous les clubs où j’ai joué, je ne suis jamais resté autant de matches sans inscrire des buts. Je suis un attaquant et j’ai l’habitude de marquer.
– Vous étiez sans nul doute déçu par l’élimination survenue dès le premier tour de ce rendez-vous sud-africain…
– C’est évident que je sois déçu. On n’a rien à se reprocher, car il faut reconnaître qu’on n’a pas des joueurs de la classe internationale qui jouent régulièrement la Ligue des champions. Malgré l’élimination au premier tour, on a bien représenté le football algérien. On doit rester modestes. On n’a pas des Iniesta, Perlo ou Ronaldo dans l’équipe. On a une bonne jeune équipe qui a besoin de mûrir et ce n’est qu’une fois qu’on disposera de joueurs qui atteignent les ¼ de finale ou les ½ finales de la Ligue des champions qu’on pourra voir grand dans une compétition comme la Coupe du monde.
– Il fallait donc attaquer avec le maximum de joueurs pour pouvoir marquer des buts….
– C’est clair, lorsqu’on ne joue pas l’attaque, il est toujours difficile de marquer. En Afrique du Sud, Kadir et Belhadj aidait beaucoup plus la défense et le milieu. Certains joueurs manquaient de compétition et il fallait les aider pour que l’équipe n’encaisse pas des buts. C’était un choix du staff technique et il fallait le respecter.
– Bien que vous n’ayez pas marqué en cette Coupe du monde, vous aviez pesé quand même sur les défenses adverses….
– Effectivement, je n’avais pas cessé de faire des appels et de provoquer les défenses adverses. J’aurais aimé avoir plus d’opportunités, car on n’avait pas de soutien devant. Au risque de me répéter, il était difficile de marquer quand on ne joue pas l’offensive.
– Face aux USA, vous avez failli marquer un joli but au début de la rencontre, pouvez-vous revenir sur cette action ?
– Sur un centre de Bougherra, il y avait Matmour qui n’avait pas pris le ballon. J’ai hérité du ballon et j’ai directement enchaîné avec un tir, malheureusement le ballon a percuté la transversale. Dommage que le ballon n’est pas rentré dedans.
– On avait cru que le ballon allait atterrir au fond des filets, ne pensez-vous pas que la chance n’était pas de votre côté ?
– La chance, il faut la chercher et la provoquer. On est confiants pour l’avenir et je pense que cette participation à la Coupe du monde est une bonne expérience pour nous. Pour inscrire des buts, il faut recevoir beaucoup de ballons. Par exemple, l’attaquant de l’Espagne, David Villa, marque en ce Mondial, mais il lui faut deux à trois actions pour en mettre une dedans.
– Malgré votre ratage face aux USA, votre geste est celui des grands attaquants…
– Comme je vous l’ai déclaré auparavant, dans tous les clubs avec lesquels j’ai joué, je n’ai pas l’habitude de rester plusieurs matches sans marquer. Face aux USA, j’ai fait le geste qu’il fallait, malheureusement le cuir a percuté la transversale. J’ai fait de mon mieux pour marquer, mais il était difficile d’y parvenir, vu qu’on était privés de ballons.
– Votre équipier en équipe nationale Abdelkader Ghezzal a signé un contrat de 4 ans au profit de Bari, vous êtes sûrement content pour lui…
– Bien sûr, je suis content pour lui. Ghezzal a souffert durant ce Mondial notamment pour le carton rouge qu’il a pris lors du premier match face à la Slovénie. C’est quelqu’un de passionné et il a énormément regretté son geste. Il peut apporter beaucoup à l’équipe nationale et on doit compter sur lui.
– Le fait que Ghezzal soit recruté par Bari, cela prouve que les attaquants de l’équipe nationale sont bons et leur inefficacité en Afrique du Sud ne remet en aucun cas leur valeur…
– Je n’ai pas attendu que des clubs me contactent pour connaître mes qualités. J’aurais aimé marquer en Afrique du Sud, mais pour le faire, il fallait prendre des risques en jouant l’offensive. Même Rooney qui est l’un des plus grands attaquants au monde n’a pas eu la réussite en cette Coupe du monde. On se compare à lui et je dirais que ce Mondial a souri aux défenseurs et non aux attaquants.
– A l’instar des autres joueurs de l’équipe nationale, vous avez sûrement reçu des offres…
– Oui, plusieurs clubs sont sur moi, mais je dois d’abord discuter avec mes dirigeants pour se fixer sur mon avenir.
– Pouvez-vous nous citer quelques noms des clubs qui sont sur vos traces ?
Il y a des clubs italiens, français et allemands qui m’ont contacté, mais je préfère ne pas vous citer les noms pour l’instant. Je peux vous dire que certaines offres sont très intéressantes, mais je n’ai rien décidé pour l’instant. Je dois d’abord avoir une discussion avec mes dirigeants.
– Etes-vous toujours sous contrat avec l’AEK Athènes ?
– Je suis encore sous contrat pour une autre saison. C’est pour cela que je dois rencontrer les dirigeants de l’AEK Athènes avant de prendre une quelconque décision.
– Quelles sont vos chances de rester à l’AEK Athènes et celles de quitter ce club ?
– Ce n’est pas une question de chances, mais je reste tout de même partagé entre le souhait de découvrir un autre championnat, surtout que certaines offres sont très intéressantes et celui de poursuivre mon aventure avec le club de l’AEK Athènes qui disputera la coupe d’Europe. En plus, le confort et le niveau de vie sont bons dans la capitale grecque et l’AEK Athènes est un club populaire.
– Qu’allez-vous décider alors ?
– Ce n’est qu’après ma rencontre avec mes dirigeants que je prendrai une décision concernant mon avenir. Je verrai les ambitions du club et les moyens qui seront mis par les dirigeants pour grandir. Il y a un choix à faire et je pèserai le pour et le contre avant de trancher. Actuellement, je profite de mes vacances, mais je déciderai de mon avenir prochainement.
– Que pensez-vous du gardien Raïs Mbolhi qui a marqué cette Coupe du monde ?
– Je dirais que Mbolhi a été la surprise et la révélation de cette Coupe du monde. Il a été héroïque comme ce fut le cas de Chaouchi au Soudan à l’occasion du match barrage qualificatif pour le Mondial. Il y a eu trois bons gardiens dans l’équipe en Afrique du Sud et avec l’arrivée de Zemmamouche, la concurrence sera encore très rude.
– Votre avis sur Fouad Kadir ?
– Kadir avait un rôle défensif. Il a bien défendu et j’estime que c’est un joueur qui a d’énormes qualités.
– Boudebouz est devenu le chouchou des supporters des Verts, que pensez-vous de ce joueur ?
– Boudebouz a du talent et il a apporté un plus à l’équipe. Je pense qu’il fera partie des meilleurs joueurs africains dans deux ou trois ans. Il est jeune, mais il a d’énormes qualités.
– Qu’avez-vous à dire sur Bellaïd et Medjani ?
– Bellaïd et Medjani sont de jeunes défenseurs et ils grandissent. Ils seront d’un bon apport à l’avenir.
– Votre message pour les supporters qui ne comprennent pas pourquoi l’attaque ne marque plus depuis le match des ¼ de finale de la Coupe d’Afrique des nations face à la Côte d’Ivoire…
– Les supporters savent pourquoi les attaquants ne marquent pas. Ils sont évidemment frustrés que l’équipe n’ait inscrit aucun but durant le Mondial, mais ils connaissent les raisons de cette inefficacité.
– On sait que vous étiez esseulé lors des matches de la Coupe du monde, aviez-vous demandé au sélectionneur national de renforcer l’attaque pour avoir du soutien devant ?
– On ne pouvait pas se plaindre, car il y avait des priorités à commencer par avoir une bonne défense. Je pense que les choses vont changer à l’avenir et que l’attaque retrouvera son efficacité.
– Commencez-vous à songer aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations ?
– Oui, on pense déjà à la Coupe d’Afrique des nations. On a passé des moments agréables lors de nos déplacements en Afrique et je pense que cette équipe commence à mûrir. On fera tout pour aller de l’avant.
– Certains estiment que cette équipe a les moyens de gagner la prochaine CAN qui se déroulera au Gabon et en Guinée, qu’en dites-vous ?
– Je suis ambitieux et je ne vous cache pas que mon ambition est de gagner la prochaine Coupe d’Afrique des nations. L’équipe grandit et elle ne doit pas arrêter en si bon chemin. On doit aller de l’avant.
– Votre message pour les supporters des Verts…
– Je leur donne rendez-vous pour le mois de septembre à l’occasion du début des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations. Certes, l’équipe n’a pas marqué des buts durant le Mondial, mais je sais que les choses vont changer dans les matches à venir. L’attaque retrouvera son efficacité et elle marquera des buts à l’avenir.