Faisant partie du groupe qui avait participé au dernier stage de l’EN, Rafik Djebbour se livre au Buteur et revient sur plusieurs sujets récents touchant à la sélection. Djebbour estime que cette qualification obtenue face au Burkina Faso, avait tout de celle arrachée à Oum Dourman, un goût particulier.
Il avance qu’un Mondial au Brésil reste unique, et il promet de tout donner pour mériter la confiance du coach Halilhodzic. Revenant sur le groupe de l’Algérie, l’ex-buteur attitré de l’Olympiakos estime que ça demeure jouable, mais précise que c’est loin d’être facile pour s’extraire de la poule H, composée, pour rappel, de la Belgique, la Russie et la Corée du Sud. Rafik nous parle aussi de la mésaventure de Medjani dans son ancien club, l’Olympiakos le Pirée, et nous donne son avis sur le Ballon d’Or El Heddaf/Le Buteur.
Les éloges de Vahid et son rôle en sélection :
«Je me dois d’avoir un comportement exemplaire, pour mieux transmettre mon vécu et l’amour de l’Algérie aux jeunes»
Les chances des Verts en Coupe du monde
«Je suis persuadé qu’on dispose des arguments pour nous qualifier. A nous d’être ambitieux »
«La Russie n’est pas l’Angleterre, Capello n’aura aucune revanche à prendre»
La préparation du Mondial
«Jouer le Portugal en amical nous serait profitable, ça va nous permettre de gommer certaines lacunes»
«Je suis triste pour mon ami Medjani, surtout qu’il m’avait demandé conseil»
Le Ballon d’Or El Heddaf/Le Buteur :
«Cette année, la lutte pour le Ballon d’Or sera ardue tant les 6 postulants sont d’un très bon niveau»
Sa situation au Sivasspor
«Sivasspor s’appuie sur une philosophie offensive, similaire à celle de l’Algérie. C’est plus facile pour bien s’exprimer»
«Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de côtoyer un personnage du standing de Roberto Carlos»
Plusieurs de vos coéquipiers considèrent ce tirage comme clément. Est-ce également votre avis et quel regard portez-vous sur vos futurs adversaires ?
Non, pour ma part, je ne considère pas qu’il s’agisse d’un tirage clément. Il n’y a pas de mauvaises équipes dans cette poule. On peut considérer que la Belgique est favorite du groupe. C’est une équipe qui s’appuie sur de fortes individualités, sur des joueurs de classe mondiale. Pour sa part, la Russie est une sélection solide, athlétique qui a terminé devant le Portugal dans sa poule et monte en puissance en Europe. Fabio Capello a su apporter sa rigueur tactique. Enfin, la Corée du Sud est un pays qui participe régulièrement à la Coupe du monde, c’est une équipe d’expérience, qui ne rechigne jamais sur les efforts et qui demeure difficile à manœuvrer.
Quelles seront vos chances de passer le premier tour ?
Très sincèrement, j’estime que dans ce groupe, même s’il est très compliqué, ce sera du 50/50. Pour moi, l’écart entre chaque équipe n’est pas important. Tout le monde pourra battre tout le monde et rien ne sera joué d’avance. Forcément, notre prestation lors du premier match, face à la Belgique, sera prépondérante. Comme je l’ai déjà dit, les Belges restent les favoris. Mais personne ne sera à l’abri car il y a un talent certain dans chaque équipe.
Vous allez retrouver Fabio Capello, qui était déjà l’entraîneur de l’Angleterre que vous avez accroché en 2010 (0-0). Pensez-vous qu’il sera animé d’un sentiment de revanche ?
Je ne pense pas du tout. On ne peut pas estimer qu’il s’agissait pour lui d’un échec d’autant que l’Angleterre s’est qualifiée par la suite. C’était surtout une belle prestation de notre part. Pour le reste, l’Algérie ne ressemble pas à celle de 2010. Je pense que notre sélection est davantage respectée, notamment grâce à cette fameuse prestation. Et puis, plus simplement, la Russie ce n’est pas l’Angleterre.
Franchement, l’Algérie a-t-elle les moyens de sortir de ce groupe H ?
Oui, je suis vraiment persuadé qu’on dispose des arguments pour espérer nous qualifier pour le tour suivant et on fera tout pour y parvenir.
Avez-vous appelé vos coéquipiers en sélection pour discuter justement de ce tirage au sort ?
Oui, bien évidemment. C’est le sujet du moment entre nous. On en parlait même déjà avant en faisant des pronostics. On va maintenant essayer de faire abstraction de cette prochaine Coupe du monde. Même si la perspective de la disputer avec l’Algérie va nous permettre de nous transcender tout au long de la saison.
Certains avancent que le premier objectif serait de marquer ce but, ce que vous n’étiez pas parvenus à faire. C’est également votre avis ?
Oui, on aura ce besoin de marquer des buts. Ce manque de réussite, c’est ce qui nous avait fait défaut en 2010. Mais il faudra marquer des buts en tentant d’atteindre notre objectif pas pour le côté symbolique. A nous de faire preuve d’ambition.
On parle beaucoup de votre expérience au sein du groupe. Comment vous comportez-vous au sein de celui-ci ?
J’essaye de jouer mon rôle d’ancien du mieux possible. C’est l’équipe nationale, on représente notre pays. Je me dois donc d’avoir un comportement exemplaire et de partager mon expérience au maximum avec mes petits frères afin de les aider au mieux dans leur apprentissage du haut niveau international.
Rafik, on sait que lorsque vous vous retrouvez dans de bonnes conditions vous exprimez au mieux vos qualités d’attaquant. Est-ce le cas avec Sivasspor ?
C’est le cas, je suis vraiment bien à Sivas où le club dispose de superbes installations. Sur le plan du jeu, Sivasspor s’appuie sur une philosophie similaire à celle de l’Algérie avec un jeu porté vers l’avant. C’est donc plus facile pour bien s’exprimer. D’autant que j’évolue aux côtés de joueurs aux grandes qualités comme John Utaka, Aatif Chahechouhe ou Cicinho.
Quelle est votre relation avec Roberto Carlos, votre entraîneur ?
Humainement, c’est déjà quelqu’un de très appréciable. Ensuite, c’est un super coach qui est toujours animé de pensées positives. C’est également un bon vivant qui met vraiment une bonne ambiance. On essaye d’apprendre de son expérience, car il a sûrement été le meilleur latéral gauche de l’histoire et il a un palmarès impressionnant. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de côtoyer un personnage de ce standing, donc on en profite au maximum.
L’Algérie affrontera probablement le Portugal au mois de mars. Que vous inspire ce match amical ?
J’attends que ce soit officiel. Mais cela serait bien d’affronter des équipes de classe mondiale. On est habitué à affronter des équipes de notre continent et cela nous serait profitable d’être confronté à un autre type de football. Cela nous permettrait de nous améliorer et de gommer certaines lacunes.
Vahid a évoqué votre rôle positif dans le vestiaire. Parlez-nous un peu de ce que vous transmettez aux jeunes de l’EN ?
J’essaye de véhiculer mon expérience, mon vécu. Mais aussi de transmettre l’amour de l’Algérie et toutes les valeurs que cela requiert. J’essaye aussi de contribuer à construire une identité propre à notre équipe nationale afin que le groupe reste le plus uni possible. Même si je ne nourris aucun souci à ce sujet.
Vous avez joué la première Coupe du monde de l’histoire organisée en Afrique. Là vous allez peut-être connaître un Mondial au Brésil…
La Coupe du monde disputée en Afrique du Sud, en 2010, avait un goût unique. On garde en tête sa portée historique même s’il reste un goût amer en raison de notre élimination au premier tour. La prochaine Coupe du monde au Brésil s’annonce également comme une expérience unique avec une dimension symbolique importante. C’est la terre du football. Incha’Allah, je serai de la partie et je savourerai ce moment avec plaisir.
Après la qualification à Blida, à qui avez-vous pensé en premier ?
Aux supporters qui ont dormi dehors et qui se sont sacrifiés pour nous. A tous ceux qui nous ont supporté, à ceux qui ont pu assister au match à Blida et pousser derrière et de manière générale à tous ceux qui ont vibré pour nous.
Vous êtes parvenu à vous imposer dans votre nouveau club. On peut s’attendre à retrouver le grand Djebbour de l’Olympiakos ?
Après avoir pris du retard sur la préparation et avoir eu besoin d’un temps d’adaptation, mes sensations s’améliorent de jour en jour, de match en match. Et j’espère atteindre mon meilleur niveau très bientôt incha’Allah.
Parlez-nous un peu de votre ami Carl Medjani, c’est difficile pour lui. Quel conseil pouvez-vous lui prodiguer ?
Carlito, c’est un ami. Je suis triste pour lui surtout qu’il m’avait demandé conseil et je lui avais dit que l’Olympiakos était un grand club. Il faut qu’il puisse être patient jusqu’au prochain mercato.
Cette année pour le Ballon d’Or, il y aura Slimani, Taïder, Feghouli, Brahimi, Belkalem et Soudani, quel sera votre choix si on vous invitait à voter ?
Tous les six sont de bons joueurs, mais surtout des personnes que j’apprécie beaucoup. Je n’ai pas envie d’émettre une préférence à ce sujet car quel que soit le vainqueur, cela me fera particulièrement plaisir.
Merci Rafik, Un message à passer au peuple algérien qui vous soutient toujours ?
Continuez à rester fidèles, vous êtes une source intarissable de motivation. Je me bats tous les joueurs pour porter haut nos couleurs. 1, 2, 3 viva l’Algérie !