C’est à bord d’un avion d’Air France que le buteur de l’Olympiakos a rejoint, vendredi, en début de soirée, Alicante. Alors qu’on pensait que notre international était perturbé par le différend financier qui l’oppose à son employeur en Grèce, en l’approchant à sa descente d’avion, vendredi, on découvrit un homme serein et confiant quant à l’issue des négociations avec son club. Lors de cet entretien, Rafik parlera également de l’actualité de l’EN et du match du 4 juin prochain.
– Le voyage n’a pas été éprouvant ?
– Pas du tout, au contraire le voyage a été agréable, là je viens de Paris, et puis ça fait du bien d’arriver le premier au stage. (Rires). Avec Madjid (Bougherra), on ne sera que deux joueurs présents à l’hôtel (Bouzid a rejoint également l’équipe nationale vendredi soir – Ndlr).
– Maintenant, on entre directement dans la préparation du match de Marrakech…
– La compétition avec le club terminée, désormais, on se tourne vers la préparation du match du Maroc, on fera tout notre possible pour que le 4 juin on soit tous dans notre forme optimale.
– A propos de ce derby maghrébin, comment réagissez-vous aux propos provocateurs d’Eric Gerets ?
– Déjà ? Je ne lis jamais la presse. Quand je rentre à la maison, j’essaie de me déconnecter du football, néanmoins pour être franc, si on prête attention à ce que disent nos adversaires, nous risquons de perdre notre concentration. Certes, cela fait partie du jeu, et avant le match, ça fait monter l’adrénaline. Mais je le répète, il ne faut pas perdre la concentration qui est primordiale dans des matches pareils.
– Même si vous ne lisez pas la presse, vous discutez avec vos coéquipiers du match Maroc-Algérie ?
– On peut toujours discuter, toutefois, l’essentiel est d’être le jour J dans les meilleures dispositions possibles. Il faut savoir où sont les réels intérêts. Si on s’amuse à donner de l’importance à ce qui se dit çà et là, alors on n’est plus concentrés sur le match. Donc, pour mieux préparer cette joute, il ne faut pas s’intéresser aux choses qui se passent en dehors du groupe.
– Sinon, vous êtes au courant des changements opérés dans l’effectif par Abdelhak Benchikha…
– C’est normal que je m’intéresse à ceux qui partent et à ceux qui reviennent. C’est un plaisir pour moi de revoir des gars qui n’étaient pas avec nous récemment en raison de blessures ou de mise à l’écart. Par contre, on est tristes pour ceux qui n’ont pas été retenus dans le groupe, on espère qu’ils ne vont pas perdre le sourire. Je pense que si l’entraîneur national pouvait prendre tout le monde, il n’hésiterait pas une seconde à le faire.
– Pour ce qui est de la sélection marocaine, elle se retrouve aujourd’hui dans une situation identique à la nôtre avant le match aller, c’est-à-dire, avec beaucoup d’éléments indisponibles, un commentaire ?
– Franchement, je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous quand vous dites que les Marocains sont dans la même situation que nous avant le match aller. Je m’explique. A Annaba, on était dans l’obligation de gagner. Par contre, pour le Maroc, même un nul n’amenuiserait pas ses chances de qualification, ce qui fait les données ne sont pas les mêmes. Par conséquent, il n’y a aucune comparaison à faire.
– Les Algériens ne gardent pas un souvenir impérissable du match aller où l’enjeu avait pris le dessus sur le spectacle ?
– Effectivement, la qualité du jeu n’était pas bonne, donc, nous comprenons la frustration de nos supporters qui s’attendaient sûrement à une rencontre plus attrayante. Cependant, nous savions ce qu’il fallait faire pour empocher les trois points vitaux pour nous. Ceci dit, si les Algériens veulent que nous produisions un jeu semblable à celui du FC Barcelone et perdre face au Maroc, ou jouer comme on l’a fait à Annaba, tout le monde choisira cette dernière option.
– L’entraîneur national qualifie le match du 4 juin de finale…
– Dès lors que nous allons attaquer la phase retour des éliminatoires, on ne jouera que des finales jusqu’à la fin, car cela dépendra des autres résultats, ainsi que d’événements que nous ne prévoyons pas. Pour nous, les choses sont claires, on doit engranger le maximum de points dans cette phase retour qui sera très disputée. Ce sera, on l’imagine, comme les éliminatoires de la Coupe du monde avec des matches intenses et du suspense jusqu’à la dernière journée.
– Dans la presse grecque, on constate que ces derniers jours vous alimentez les gazettes des transferts avec notamment ce bras de fer qui vous oppose à votre président au sujet de vos revendications salariales…
– La presse grecque ressemble à celle de chez nous, en Algérie, elle adore lancer des pics dans tous les sens et parler à tort et à travers. Maintenant, il faut supporter toute cette pression médiatique. Un jour, on m’a dit qu’on parle de toi en bien ou en mal, c’est une bonne chose. En fait, moi j’aime le football et pas son côté extra. Maintenant, il faut s’habituer aux écrits des journalistes, cela fait partie de la vie d’un footballeur, notamment quand il joue dans le haut niveau.
– Il paraît que ce qui vous irrite le plus, c’est qu’en Grèce, on s’est attaqué à votre vie privée, c’est vrai ?
– Sincèrement, pas uniquement ce qu’on écrit sur ma vie privée, mais également sur les analyses des matches en Grèce, la presse a toujours de bons rapports avec les dirigeants de clubs ; les victimes, ce sont tout le temps les joueurs. C’est un système qui fonctionnera toujours comme ça.
– Qu’est-ce que vous préférez alors ?
– Je veux surtout avoir affaire à une presse objective et qu’elle émette des critiques justes et réelles et n’agisse pas sous l’influence de gens derrière les coulisses. Or, en Grèce quand un joueur est en conflit avec son club, c’est toujours lui qui a tort, c’est cela qui m’agace un peu.
– Quelle est la part du vrai et du faux par rapport à votre transfert ?
– En venant à l’Olympiakos au mois de janvier, on avait discuté sur la possibilité d’une option de prolongation si les choses se passaient bien, avec l’éventualité de prolonger le contrat de deux ans avec un projet sportif qui pouvait être intéressant pour moi. Bien entendu, j’étais d’accord à la seule condition que je bénéficie d’une revalorisation de salaire. En Allemagne, en Espagne ou en France, cela est perçu comme un couronnement logique. En revanche, ce n’est pas le cas en Grèce où cela a choqué certaines gens qui n’ont pas admis ma démarche, dire que ce sont des revendications légitimes vu la qualité de mes performances avec l’Olympiakos.
– Qui est derrière ça ?
– Je ne soupçonne personne. Certes, aucune voix officielle au club ne s’est exprimée sur mon cas, cependant, il y a des gens qui estiment que je fais du chantage, alors qu’en réalité, mes prétentions salariales correspondent parfaitement à mon nouveau statut dans le club. Ailleurs, dans un autre pays, on n’aurait pas crié au scandale, pourtant cela fait cinq ans que je joue en Grèce et j’ai fait en toute modestie mes preuves. J’attends encore un signe de mon club, et puis si je prolonge de deux ans, ce dernier sera gagnant en cas de revente après. Je suis très attaché à l’Olympiakos et à mes dirigeants aussi auxquels je voue un très grand respect.
– Mais ils ne font rien pour débloquer la situation…
– Je n’ai pas dit que les discussions sont bloquées, je vais en parler pour la dernière fois, car, durant ce stage en Espagne je vais uniquement me consacrer à la préparation du match de Marrakech. Pour ce qui est de mon avenir, je dirais qu’une polémique a été créée après que j’aie réclamé une augmentation de salaire, on a prétendu que je veux foutre la zizanie, alors qu’il n’y a rien de tel, je n’ai jamais exigé d’être aligné sur Miralas ou un autre. Toutefois, je ne réclame que ce que je pense mériter, il n’y a aucune preuve de gourmandise, le marché des transferts, on connaît.
– Peut-être que le club n’a pas les moyens financiers pour vous satisfaire ?
– Je ne suis pas fou pour exiger un salaire que je ne mérite pas ou qui dépasse les possibilités financières du club. Malheureusement, on est en train de faire toute une histoire sur une affaire qui n’a pas lieu d’exister. Tous les joueurs, notamment quand ils sont dans leurs droits, réclament une revalorisation. Pourquoi s’attaque-t-on à Djebbour qui n’est pas le premier joueur à le faire
– Avez-vous fixé un délai avant de trancher définitivement sur la question ?
– Non, il n’y a pas de délai, la balle est dans le camp du président de l’Olympiakos. S’il veut qu’on continue ensemble, il sait ce qu’il doit faire. Cependant, je précise qu’il n’y a jamais eu de menace de ma part, je ne suis pas venu avec un pistolet à la main et lui imposer de m’augmenter le salaire. Aujourd’hui, j’ai 27 ans, je me dois de penser à l’aspect financier, après je ne me concentrerai que sur mon travail sur le terrain. On verra d’ici quelques jours si le président accède à ma revendication ou non.
– Dans le cas échéant, songerez-vous à aller monnayer votre talent ailleurs qu’en Grèce ?
– Pas du tout. A, 99%, je reste à l’Olympiakos. Après, même si je n’ai pas envie d’y penser dans le cas où le président qui a, je le répète, toutes les cartes en main, ne me montrerait pas son désir de me conserver, des opportunités, je n’en manquerai pas, c’est sûr, toutefois, comme je l’ai dit, je garde la tête pour l’Olympiakos.
– Vous ne fermez pas les portes à votre actuel club ?
– A 99%, je vais rester dans ce club.
– Il reste, toutefois, 1%…
– En football, on n’est jamais sûr de son avenir, c’est pour cela que je laisse ce 1%, mais ma décision de rester à l’Olympiakos, je l’ai prise depuis longtemps.
M. S.