La population de Djanet, perle du Tassili N’Ajjer, dans la wilaya d’Illizi, a célébré lundi la fête millénaire de la « Sbeiba », coïncidant avec la fête de l’Achoura (10ème jour du mois hégirien de Mouharem), dans une ambiance festive, en présence de visiteurs venus de différentes régions du pays.
La fête est lancée au niveau de la place dédiée à ce type de traditions, appelée « Loghia », par un rituel affrontement entre deux équipes rivales représentant les ksour d’El-Mihane et Azelouaz.
Parés de leurs plus beaux costumes traditionnels « Afri », « Alchou » et « Tekembout », les membres du premier groupe occupent la placette sur le flanc droit et le second prend position sur le flanc gauche, à l’opposé, avant de se lancer dans des danses guerrières au centre de la placette.
Cette journée de la Sbeiba est également rehaussée par la participation, en cette journée connue sous le nom de « Betlilen », le grand jour, de femmes percussionnistes entourant « la Ganga » (tambour), faisant, à travers leurs chants, « l’éloge de la bravoure des guerriers, dans une langue poétique de l’Imouheg » décrivant les mouvements des hommes en transes, avec une épée dans la main droite et une étoffe dans la main gauche.
La fête de la Sbeiba est clôturée par l’exécution de la danse de « Aghelay Ouattey » (bouclage de l’année).
Cette fête millénaire, dont les préparatifs sont entamés généralement dès l’avènement du mois hégirien de Mouharrem, a donné lieu également à l’animation, à l’institut spécialisé « Brahim Agh Bekedda » à Djanet, d’une journée d’étude sur « le patrimoine matériel et immatériel et la préservation de l’identité nationale ».
Dans son exposé sur cette fête locale traditionnelle, Meriem Bouzid Sebabou, anthropologue du centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNPRAH) d’Alger, a indiqué que ‘‘la Sbeiba, en tant que modèle vivant des trésors de l’humanité, classé par l’UNESCO, a perdu plusieurs de ses piliers et protecteurs, à l’instar d’Ahmed Tazamart, Tirzegh Benomar, Dima et Hadja Khedidja Athmani.
Le chercheur Azzedine Terbèche, de l’université de Djelfa, s’est, de son coté, intéressé au soubassement de l’identité culturelle du patrimoine immatériel, la Sbeiba comme modèle.
Dans le même contexte, Abdennabi Zendri, de l’université de Tamanrasset, et Mounsif Hasnaoui de l’université de Bouira, se sont penchés sur la dimension socioculturelle du patrimoine matériel et immatériel, et la formation d’appellations et de la terminologie populaire des instruments, dont ceux de Sbeiba et Tindi, ainsi que les voies de préservation de ce patrimoine culturel.
Le programme de cette fête annuelle prévoit, tout au long d’une semaine, des soirées artistiques au niveau de la place Tejkel, animées par des artistes locaux et des troupes invitées de la wilaya voisine de Tamanrasset.