Après avoir connu une violence des plus abjectes faite d’assassinats et de massacres collectifs, l’Algérie vit depuis quelques années au rythme des émeutes, des harragas et des immolations… Jamais les injustices et les exclusions n’ont atteint un tel niveau au moment même où les dignitaires du régime se goinfrent à volonté et semblent ignorer totalement l’état désastreux de la société.
Les citoyens sont poussés à leur dernier retranchement. Les signes du désespoir et d’un ras le bol généralisé sont là. On est au bord de l’explosion.
Cette situation nous interpelle au plus profond de notre conscience. Il est impératif de donner une perspective politique à cette indignation qui ne cesse de s’étendre au fil des jours.
L’enjeu est d’une importance telle qu’il mérite indiscutablement que l’on sacrifie quelque peu nos petits conforts et que l’on taise un moment nos querelles. Il s’agit d’engager notre pays dans la voie de la liberté et de la justice sociale.
Le mythe de l’invincibilité des régimes autoritaires nord-africains vient de s’effondrer avec l’épopée tunisienne et le réveil égyptien. Le changement par la mobilisation populaire pacifique est désormais possible.
L’opportunité est historique et aucun argument ne pourra justifier la dispersion des énergies.
La construction d’un consensus politique ne peut être différée sauf à vouloir prolonger un système dont le pays a trop longtemps souffert.
Pour toutes ces raisons j’ai décidé de marcher le 12 février.
Je dois préciser qu’il ne s’agit là ni d’un reniement ni d’un ralliement et j’ai pleine conscience des risques de manipulation. Mais je suis profondément convaincu que plus la mobilisation est forte et moindre sera la latitude des charognards.
Ben Mhidi ne disait-il pas « jetez la révolution dans la rue, elle sera portée par le peuple » ?
Sentence plus que jamais à méditer.
Djamel Zenati, ancien responsable au FFS (Front des forces socialistes) et militant du Mouvement culturel berbère (MCB)