L’implication de l’armée dans la politique est justifiée, argumente-t-il, par la mise en avant de l’article 28 de la Constitution, qui évoque la défense de la souveraineté nationale.
L’ancien animateur du Mouvement culturel berbère, Djamel Zenati, a animé hier, au campus de Targa Ouzemour, une conférence-débat ayant pour thème : “Algérie : espoir et inquiétudes.” Dans son exposé, de plus d’une heure, il a plaidé pour la mise en place d’une transition démocratique qui durerait jusqu’en décembre 2020. Car, a estimé le conférencier, il ne pourrait y avoir une élection sans une nouvelle Constitution, considérant que c’est même une priorité. Djamel Zenati a plaidé, en outre, pour un État de droit régional, qui doit être mis en place “dans le cadre des principes démocratiques”. Il dira qu’“avec cela, on aura concrétisé la 2e République”.
La question des hommes est, pour lui, secondaire. Il a rappelé que l’on est dans le cas d’une société qui s’oppose tout entière à un système dans sa globalité. “Ils veulent nous faire croire que le problème se limite à une bande criminelle. Ils ont débarqué Bouteflika. Ils veulent poursuivre sans qu’il y ait un état des lieux. Ils nous offrent certains noms, pour capter l’opinion et la tromper ensuite”, a-t-il déploré. L’ancien député a affirmé que cette entreprise poursuit de fabriquer des profils par certains médias afin de les présenter ensuite comme l’ultime recours.
“On est dans le néo-patrimonialisme. Un système politique autocratique ou oligarchique dans lequel tous les pouvoirs découlent des dirigeants, et dont les différents niveaux hiérarchiques sont en relation de codépendance ou de dépendance avec les dirigeants, et dans le cas algérien les militaires. Il suffit de regarder la télévision”, a-t-il considéré, ajoutant qu’“il y a les prémisses d’un retour du militaire dans la gestion directe du politique”. Cette implication de l’armée dans le politique est justifiée, argumente-t-il, par la mise en avant de l’article 28 de la Constitution, qui évoque la défense de la souveraineté nationale. “Mais qui menace la souveraineté nationale ? Ce sont les accointances avec Israël, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, etc. On n’a jamais entendu un officiel dire quoi que ce soit à ce sujet”, a-t-il dénoncé. Aussi, il n’exclut pas que cette situation évolue en conflit entre le peuple et les militaires bien que personne ne le souhaite. “Mais elle n’est pas exclue”, a-t-il mis en garde.
Évoquant la conférence parlementaire qui va se réunir aujourd’hui pour désigner le chef de l’État par intérim, il dira avec insistance qu’“il n’y a aucune solution dans la Constitution”. Pis encore, l’article 102 est même en recul par rapport à la feuille de route, préconisée par Bouteflika, lequel avait proposé une conférence nationale inclusive, un gouvernement de transition. Aussi, pour Djamel Zenati, “le jeu des chaises musicales auquel on assiste n’est pas fait pour rassurer les gens”. Selon lui, la transition démocratique a ses exigences : l’engagement de toute la nation et de toutes les énergies qu’il y a dans la société et également le sens de la responsabilité. “On a cassé un paradigme. Ce modèle théorique ou courant de pensée est en passe d’être réinventé, car avec le mouvement populaire algérien, il est désormais possible de se mobiliser massivement tout en préservant le caractère pacifique.
Plus encore, le mouvement a suscité beaucoup d’attention et forcé l’admiration. C’est un nouveau modèle. L’expérience algérienne n’est pas achevée et elle est déjà un modèle”, a-t-il affirmé. Djamel Zenati a évoqué aussi le sens du compromis qu’il faut avoir. “Dans cette dynamique populaire nationale, on est obligé de trouver un compromis. Tout un chacun qui marche a un rêve. Le clivage se situe entre ceux qui cherchent une solution et les autres qui veulent le statu quo : le pouvoir et ses relais. Il y a ceux qui veulent utiliser cette dynamique pour revenir rapidement aux urnes. On l’a vécu en 1990, cela a favorisé la régénérescence du système et aux extrêmes.”
M. OUYOUGOUTE