Sur instruction du ministère de tutelle, la direction de la santé de la wilaya d’Oran a déposé plainte, et une enquête va être ouverte pour déterminer les responsabilités de ceux qui ont été à l’origine de la détérioration de l’appareil d’imagerie à résonance magnétique (IRM ) de l’Etablissement hospitalier universitaire 1er-Novembre, une structure médicale voulue par les plus hautes autorités de ce pays pour doter l’Algérie d’un hôpital de pointe, à dimension continentale.
Cette information a été donnée hier par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès, à l’occasion d’une réunion de travail qu’il a présidée en présence des professeurs et chefs de service dans cet hôpital même. Comme il arrive souvent aux visites d’inspection et de travail que consacrent les membres du gouvernement aux secteurs qu’ils ont en charge, celle de M. Djamel Ould Abbès n’a pas dérogé à la règle en faisant ressortir au cours de sa visite de certaines structures hospitalières et surtout au cours de l’exposé fait par le directeur de l’EHU à la délégation des points de force qui illustrent tout l’effort des pouvoirs publics dans le domaine de la santé publique mais aussi des points noirs, des faiblesses qui appellent à de sérieux correctifs .
Des équipements neufs acquis en devises auprès de fournisseurs devenus « introuva-bles », des achats sans garanties, sans service après-vente …des équipements soit inadaptés, soit obsolètes dont la maîtrise pose problème au personnel médical puisque non formé à leur utilisation… Certes, le secteur de la santé a mis le holà à ces pratiques, et un cahier des charges strict accompagne et balise tout achat « lourd »… Mais les « anciens-neufs » équipements sont toujours là… Certains tout simplement dans leurs cartons depuis des années quand ils ne sont pas rangés dans des débarras, livrés à l’usure du temps pour diverses causes… Des équipements en panne, à l’arrêt parce que le cheminement administratif pour acquérir une simple pièce de rechange emprunte un dédale long qui ignore la spécificité, souvent urgente, de l’acte médical …puisqu’il y va de la vie des patients. « Comment peut-on se satisfaire de la formule du Credoc pour commander une pièce de rechange d’un scanner comme on commanderait un produit de consommation ? » s’est exclamé le ministre qui a annonce publiquement hier la décision suivante : « Il n’y aura plus de lettres de crédit pour importer des pièces de rechange qui doivent être achetées en urgence ».
La réunion d’hier du ministre a eu le mérite de mettre le doigt sur cette « plaie ». Convoqué par le Président de la République l’été dernier dans le cadre de la traditionnelle audition de chaque secteur, M. Ould Abbès a rappelé hier à l’assistance qu’il a même montré au Chef de l’Etat les photo de cet équipement qui a coûté au Trésor public 15 milliards… 15 milliards partis en fumée, a-t-il dit, un crime économique, et cette « affaire » ne sera pas close sans que les responsabilités aient été établies.

Mais dans cet hôpital dédié à la médecine de pointe et à la recherche, le ministre de la Santé a aussi trouvé des motifs de fierté légitime pour l’équipe, nombreuse, dont les spécialités – au nombre de 42 alors qu’elles n’étaient que de 6 ou 7 en 2006 – témoignent du potentiel humain en place et de son haut degré de compétence.
Il a d’ailleurs rendu a plusieurs reprises un hommage appuyé au personnel médical, illustrant ses propos par de nombreux exemples qui montrent que la vocation de cet hôpital, être une référence continentale, est une réalité de plus en plus palpable.
Nous reviendrons plus en détail dans une prochaine édition sur le contenu de cette réunion et sur la place et l’importance de cet hôpital dans la stratégie nationale de la santé publique qui met au centre de sa vision la santé, la diminution des transferts à l’étranger et la recherche. « Même avec un baril de pétrole à 300 dollars et un matelas financier au- delà de toute espérance, si la recherche marque le pas, on sera toujours dépendant de l’extérieur pour nos équipements, nos médicaments ou notre nourriture », a dit le ministre.
Rappelons enfin que l’expérience de cet hôpital dans la prise en charge des maladies vasculaires fera l’objet d’un congrès international de l’association de Chirurgie vasculaire. Ce congrès, prévu samedi, verra la participation de plus de 200 spécialistes algériens, français, italiens, marocains et tunisiens. Il sera longuement question, nous a-t-on dit, des nouvelles techniques en chirurgie vasculaire, du diabète et de l’hypertension artérielle.
M. Koursi