Lorsque nous arrivons au Centro Sportivo Milanello, le camp d’entraînement de l’AC Milan, situé à 2 kilomètres de marche du village de Carnago, puisque aucun moyen de transport n’y emmène en rase campagne, au cœur d’une forêt gelée par la température de – 6 degrés et le blizzard glacé qui nous fouette le visage, on avait plus l’impression d’être au camp d’entraînement du CSKA Sofia de M’bolhi que dans un pays de l’Europe du sud au climat méditerranéen.
Mais ces sacrifices ne sont pas vains car le jeu en vaut vraiment la chandelle et nous assistons à quelque chose d’historique à l’échelle de notre football.
C’est désormais officiel, Djamel Mesbah est le deuxième algérien à signer au Milan AC après Samir Beloufa, mais c’est le premier à y signer en étant déjà international. Ce transfert de Mesbah au grand Milan, c’est la récompense d’un joueur qui n’a jamais fait de vagues et qui a toujours été d’un engagement et d’un professionnalisme exemplaire partout où il est passé, progressant d’année en année jusqu’à atteindre le niveau suprême qui lui ouvre les portes d’un très grand club de la planète football, le Milan AC des Ibrahimovic, Seedorf, Robinho, Pato et il va falloir s’y habituer désormais, celui de Djamel Mesbah.
Cette signature est aussi un honneur pour le football algérien, habitué ces dernières années à voir ses joueurs dans des clubs plus modestes, et boostera c’est sûr la jeune génération à cravacher plus puisqu’elle prouve à tous les défaitistes et les pessimistes qu’en football tout est possible.
Les dernières 24h
Nous sommes habitués à voir les images télévisées du footballeur qui vient de signer dans son nouveau club, tenant à bout de bras son nouveau maillot floqué à son nom sous un fond sonore de crépitement des flashs des photographes et du sourire des dirigeants. Nous vous proposons de suivre l’envers du décor en vous faisant vivre les 24 heures qui ont précédé cette signature.
Les tractations sont allées bon train
Jusqu’à la dernière minute, les trois parties, à savoir le club de Lecce, l’agent de Djamel Mesbah et bien sûr le Milan AC, n’ont cessé de négocier, chacun voulant tirer la couverture vers lui et défendre au mieux ses intérêts pour ne pas être «le dindon de la farce». Tout s’est négocié, chaque clause, chaque virgule et chaque pouce de terrain, ce qui a reporté la fameuse cérémonie de signature à plusieurs reprises. Echange, prêt, transfert, quatre ans, cinq ans, vente d’un autre joueur pour obtenir des liquidités, délestage du Nigérian Taïwo, qui ne veut pas partir, le vrai-faux transfert de Pato au Paris Saint-Germain, tous ces évènements ont eu une incidence sur le transfert de l’Algérien qui a vu son arrivée dans la capitale du nord de l’Italie, conditionnée par une équation à cinq ou six inconnus, jusqu’à ce que les choses ne finissent par se régler et que les choses s’accélèrent hier après midi l’épilogue de la saga Djamel Mesbah signera-t-il au Milan AC ?
Finalement, tout le monde est sorti content
L’accouchement s’est fait dans la douleur, et les trois parties ont passé beaucoup de temps en salle de travail mais il semble que cela valait le coup puisque l’accord finalement trouvé semble satisfaire tout le monde. Lecce a finalement cédé son milieu gauche pour 350 000 euros et non pas 1 million d’euros comme elle l’exigeait au début, une somme qui en ces temps de mauvaise conjoncture économique en Europe, est du pain béni pour un petit club comme Lecce qui a besoin d’argent frais, pour continuer à faire tourner la machine.
Milan soigne son côté gauche et son portefeuille
Pour Djamel Mesbah et le Milan AC, on peut parler d’accord «gagnant-gagnant» puisque les deux parties ont fait une affaire. Djamel Mesbah, comme tout footballeur qui change de club, a dû voir son salaire mensuel augmenter. Il fait partie de l’effectif d’une des plus grandes équipes d’Europe et change donc de dimension en prenant une dimension planétaire. Il bénéficiera aussi de conditions d’entraînement que peu de clubs au monde possèdent, qui vont le changer de Lorient et de Lecce, car Milanello c’est, avec les camps d’entraînement du Real et du Barça, ce qui se fait le mieux dans le monde. Du côté milanais aussi on a fait l’affaire du siècle. On achète un joueur «discount», considérant son prix, car 800 000 euros pour le Milan AC, ce n’est rien du tout, mais qui est sous côté car Allegri l’a recruté pour régler définitivement le problème des Rossoneri côté gauche, où le Nigérian Taïwo ne fait plus partie des plans du club qui fait tout pour le vendre en ce mercato d’hiver, contre l’avis du joueur qui veut rester au club pour s’y imposer, et pour préparer aussi la retraite de Zambrotta, qui commence à traîner la patte et qui n’a plus ses jambes de 20 ans.
M. B.
